Regardé à rebours le fameux débat dialogue entretien à trois voix, pour cause de banquet républicain, je n'ai pas ri pendant le visionnage, et, comme tout le monde, ai trouvé l'exercice ennuyeux, rempli de beaucoup de formules creuses, et pas étonné de voir ces trois personnes louvoyer autour d'un consensus mou, arguant surtout de différences de style (sauf Fabius, qui fait dans le style Mitterradien des eighties).
En revanche, j'ai beaucoup ri ici (je sais, je suis le n-ième à signaler à rebours la prouesse de phersu). Ca m'a rappelé des délires de Billmon lors des présidentielles américaines de 2004 (mais impossible de remettre la main sur un vieux post : Phersu, lui, aurait su mettre la main sur des posts incroyables).
Mise à jour
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Après lectures et revue :
- Fabius s'enfonce clairement comme un candidat de solutions du passé. EDF qui se renationalise toute seule, les grandes entreprises publiques qui vont tout gérer comme il faut, le SMIC, etc... Ce bonhomme a une génération de retard.
- Ségolène ne me convainc pas, mais s'est rattrapée sur pas mal de sujets, je trouve. Le problème, dans son cas, (et c'est vraiment là que je ne rejoins pas Hugues, qui fantasme toujours sur un Ségo-blairisme que je trouve imaginaire), c'est que le "spin" masque tout. Quand je vois Ségolène, j'ai envie de la secouer pour comprendre ce qui se cache derrière cette diction, ce masque, ces grandes phrases creuses de concepts flous.
- DSK a un peu baissé. Il était tellement dans son domaine, brillant dans de petites démonstrations rapides et percutantes, qu'il en a presque oublié de passer à la dimension supérieure, celle du président potentiel. DSK se place en "sachant qui explique". Il marque des points en crédibilité, mais en perd en espoir suscité. C'est énervant.
DSK serait mon candidat, aujourd'hui, c'est clair.
>> "Quand je vois Ségolène, j'ai envie de la secouer pour comprendre ce qui se cache derrière cette diction"
C'est simple : l'envie de ne froisser personne, de ratisser hyper large, pour espérer gagner les élections.
Sauf que les chances d'etre au second tour pour le PS n'existent que dans les sondages. Comme en 2002.
Rédigé par : Tremolo | 18 octobre 2006 à 22:57
Vous vous attendiez à quoi? A des révélations? La rupture avec le capitalisme ou que l'un d'eux révèle qu'il mettrait Raffarin à Matignon.
Justement Raffarin, l'archétype du notable, j'ai beaucoup ri en regardant un extrait du journal tv où on voyait ce bon Tartarin de Raffarin dans ce banquet. J'ai cru à un flash back dans les années 70, au temps de la censure (remarquez on y revient avec les blogs de l'inspecteur du travail et du policier qui ont été fermés), de la peine de mort... et du S.A.C.
La tv n'a pas dit s'il avait chanté un air de johnny...
Rédigé par : stefbac | 18 octobre 2006 à 23:00
Je ne vois pas pour Billmon mais norbizness utilise souvent la même méthode sur les discours de Bush par exemple là : http://norbizness.com/archives/001496.html
Rédigé par : Phersu | 18 octobre 2006 à 23:42
Phersu : oui, ce n'est pas du Billmon textuel, mais il y a un esprit qui m'y fait penser, par association...
Rédigé par : versac | 18 octobre 2006 à 23:54
secouer SR? quelques connotations deviantes derriere cette phrase? aurais tu aussi succombé au charme placide et vaporeux de la dame?
Rédigé par : frednetick | 19 octobre 2006 à 09:35
C'était le trio des inter-mitterrands du spectacle.
Rédigé par : nouvouzil | 19 octobre 2006 à 12:21
Je pense que tu n'est pas le seul à avoir cette opinion..
http://loeildemoscou.typepad.com/
Rédigé par : Marc_B | 19 octobre 2006 à 12:53
Je ne suis pas Fabiusien, loin de là, ce n'est donc pas en sa défense que j'interviens ici.
Mais une question me taraude, cher Versac, pourras-tu m'éclairer?
Lorsqu'il s'agit de monter un projet politique digne de ce nom, est-on complètement has been, appartient-on à la génération d'avant, si l'on pense qu'il faut préserver à tout prix les services publics, en l'occurrence ici re-nationaliser EDF?
Allons plus loin même : le libéralisme économique est-il une fatalité? Le travail d'un politique de gauche n'est-il pas de voir plus loin et d'imaginer de 'nouvelles' sociétés? Donc d'imaginer des alternatives?
En résumé, le PS, indifféremment de DSK, Fabius et Royal, n'a-t-il pas renoncé à certains principes qui ont contribué à son histoire ?
Rédigé par : emaber | 19 octobre 2006 à 15:23
"Quand je vois Ségolène, j'ai envie de la secouer pour comprendre ce qui se cache derrière cette diction, ce masque, ces grandes phrases creuses de concepts flous."
Je ne suis pas pro Royal. Plutôt DSK. mais ces discours permanents sur le supposé vide de toutes les interventions de S.Royal commencent un peu à m'agaçer...
les pôles de compétitivité dans les régions, la répartition géographique des étudiants en médecine, l'intervention de l'Etat ou du préfet pour se substituer aux maires ne respectant pas les 20% de logements sociaux, jusque même la présence d'un 2e adulte dans les classes difficiles,...
on aime ou on aime pas. et encore une fois, je ne dis pas que j'aime...mais qu'on arrête d'agiter sans cesse le soi-disant "flou" de propositions qui ne le sont pas...
Rédigé par : Nicolas | 20 octobre 2006 à 19:44
Nicolas : ce n'est pas le vide, que je critique, là,mais le masque. La tenue droite, le sourire crispé, l'attitude figée et les mots préparés. J'ai envie de comprendre qui, effectivement, se cache derrière ce masque.
Quant au fond, sur de nombreux sujets, c'est flou ou creux. Sur d'autres, c'est plus concret, et je la suis ou pas.
Rédigé par : versac | 21 octobre 2006 à 09:40
Idem que Emaber :
L'argument, disons, du sens de l'histoire qui voudrait ipso facto voir en toute proposition alternative à l'ultra-libéralisme imposé des "solutions du passé" ne me paraît guère convaincant et, politiquement, plutôt cousu de fils blancs.
Je me souviens d'une phrase de Madelin (on le voit moins ces temps-ci…) qui comparait le libéralisme au vent : "Le marin peut jouer avec lui, mais il doit s'en accomoder, il ne peut pas le supprimer". Ben oui, mais jusqu'à preuve du contraire, le libéralisme n'est pas un phénomène naturel comme le vent ! C'est une idéologie qui ne tombe pas du ciel, elle est voulue et entretenue par des individus (et non des forces surnaturelles et mystérieuses) qui y ont intérêt.
En conséquence, ill ne me semble pas anormal ni illégitime que ceux qui ont des intérêts contraires le fassent savoir et se mobilisent.
Rédigé par : Antoine Block | 23 octobre 2006 à 06:50
Antoine Block : votre lecture m'accable. Je ne veux pas que la France s'ouvre au libéralisme comme un vent naturel, mais aspire à des politiques qui regardent le monde tel qu'il est (et notamment sa réalité sociale, ses inégalités) plus que proposent des mesures symboliques qui ne servent pas leurs objectifs. L'exemple du SMIC est parfait à cet égard.
Emaber : le PS peut renoncer à certains principes opérationnels, oui, s'ils prouvent ne plus être efficaces, aujourd'hui, pour atteindre ses objectifs. La nationalisation des moyens de production, par exemple, ne me semble plus faire partie du programme du PS, or c'était un élément fort de son identité. Croire que ce sont les moyens et non les objectifs qui font l'identité du PS me semble être un leurre.
Rédigé par : versac | 23 octobre 2006 à 10:08
Je ne voulais pas vous accabler, excusez-moi.
Concernant le smic, je ne me suis pas prononcé et suis très sceptique vis-à-vis de la position fabiusienne.
Mais qu'est-ce que regarder "le monde tel qu'il est" ? Quel que soit son orientation poltique et son analyse personnelle, chacun vous affirmera qu'il regarde la réalité sociale et les inégalités de façon plus juste que le type d'en face. Les divergences viennent donc moins de la lucidité nécessaire que des réformes à envsager.
Quant à la privatisation des entreprises publiques, elles posent plusieurs problèmes :
1- Le gouvernement s'est régulièrement engagé très fermement à ne pas privatiser GDF et même à augmenter la participation de l'Etat (déclaration de Nicolas Sarkozy le 15 avril 2004 :
"Je l’affirme parce que c’est un engagement du Gouvernement : EDF et Gaz de France ne seront pas privatisés. (...) Mieux, le Gouvernement acceptera l’amendement du rapporteur prévoyant de porter de 50 % à 70 % le taux minimum de détention du capital d’EDF et de Gaz de France").
Mais après tout, que vaut une promesse faite au peuple par les élus qui sont censés le représenter ?
2- Les avantages promis par la privatisation ne me paraissent pas évidents à l'épreuve des faits. Baisse de la qualité de service, hausse des coûts pour le consommateurs, réduction de la couverture géographique de certains services et remise en cause de l'égalité des citoyens… On a oublié que c'est assez logique : les actionnaires cherchent le profit et agissent en conséquence avec la logique d'une entreprise à but lucratif (réduction de la masse salariale, économie budgétaire sur tous les postes, etc.) et ne se sentent investis d'aucune mission de service publique mais seulement d'un impératif de rendement.
3- La privatisation des entreprises publiques pose un problème de légitimité : GDF (comme les autoroutes, comme EDF, comme La Poste, comme France Telecom, etc.) m'appartiennent personnellement (propriété que je partage tout de même avec les autres Français). Or, je ne crois pas avoir été consulté pour savoir si j'étais d'accord pour vendre mon bien, ni à qui, ni à quelles conditions. Pour des décisions aussi graves (irréversibles, engageant définitivement l'avenir de la France), un référendum me semblerait le minimum. Mais il est vrai qu'après la mauvaise surprise du référendum sur la Constitution Européenne, on a appris à se passer de l'avis du peuple…
Bref, tout ce discours dur la nécessaire modernisation (traduire = privatisation) est soit un symptôme purement idéologique (on doit privatiser parce que c'est comme ça aujourd'hui), soit un calcul de la part de ceux qui y ont intérêt (ce qui me semble, au moins, plus logique).
Rédigé par : Antoine Block | 23 octobre 2006 à 15:42
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Prenez l'exemple d'Hugo Chavez, d'Evo Morales, Lula, ces chefs d'Etats qui sont en train de bâtir une unité sud-américaine. La nationalisation des ressources naturelles (considérées comme propriété souveraine des citoyens) se fait et permet d'échapper à la main-mise des grands groupes industriels (principalement Etats-Uniens).
Ce qui est en train de se passer dans cette région me semble un peu plus intéressant, plus audacieux, plus stimulant, plus inventif, bref plus "moderne" que les vieilles recettes socio-libérales que la classe politique française rumine depuis un quart de siècle (et je mets là le PS en tête).
Rédigé par : Antoine Block | 23 octobre 2006 à 15:52