C'est le sujet de la rentrée. Littéraire, en tout cas. Enfin, littéraire, de certains essais et de quelques productions qui s'échinent à interpeller et lancer le débat sur les conséquences de notre évolution démographique, de nos choix de solidarité, et de tenter de les inscrire dans le débat public.
Deux ouvrages sont à retenir :
- le papy krach, de Bernard Spitz, chez Grasset, est un petit livre simple, bien écrit, qui ouvre sur les conséquences de non choix effectués pendant de nombreuses années, où une génération toute entière, avec l'assentiment de la jeunesse, a repoussé des ajustements nécessaires ;
- Nos enfants nous haïront, de Denis Jeambar et Jacqueline Rémy, explore le même thème, mais dans un mode différent, proposant neuf "chantiers d'avenir", pour que, justement, ces enfants ne nous haïssent pas...
Ces deux livres sont complémentaires. L'un dresse le bilan critique et pose les enjeux, l'autre explore quelques sujets majeurs, plus dans le détail. Tous deux sont des propositions de débat sur ce meta-enjeu qu'est l'évolution de notre démographie.
Pour compléter ces lectures, le CAE et la DIACT viennent de publier (la semaine dernière) un très intéressant dossier (en cours de lecture) qui explore trois scenarii d'avenir, liés au vieillissement de la population : vieillissement, activités et territoires à l"horizon 2030.
Son introduction est claire :
Entre 2005 et 2050, la population des pays de l’Union européenne connaîtra de profondes transformations dans sa structure par âge. Même si la France n’est pas le pays le plus exposé, du fait d’une natalité plutôt dynamique, les projections des statisticiens laissent supposer que la population en activité va baisser. Certains considèrent même que la population toute entière pourrait entrer dans une phase de croissance ralentie.
Cette situation démographique est fortement influencée par deux facteurs combinés. Le premier, favorable en soi, est l’allongement considérable de la durée de vie, dû aux progrès sanitaires et à l’élévation du niveau de vie pendant les Trente Glorieuses et après. Le second facteur, de plus en plus central dans la réflexion des acteurs publics, est le vieillissement progressif de la classe d’âge née depuis les années 1940 au seuil des années 1960-1970. Ce groupe, ou plutôt ces groupes fort nombreux de baby boomers vont faire croître régulièrement les tranches d’âge des plus de 60 ans jusque vers 2030, alors que, relativement, les jeunes qui sont nés dans les classes 1975 jusqu’aux classes 1990 seront moins nombreux. Il s’ensuit un double constat. Quantitativement, le poids relatif des personnes âgées va augmenter dans la population totale dans les prochaines années, ce qui engendrera des déséquilibres dans les systèmes de redistribution et dans les services de l’aide aux personnes. Sur le plan économique, les activités commerciales, industrielles et de services seront profondément transformées, du fait d’une transmission massive des entreprises vers de nouvelles mains.
Ce rapport s'annonce passionnant. Il exprime trois scenarii, donc, un noir, un gris, un rose, qui mèlent chacun démographie, économie, et un peu d'impact politique (il manquerait d'y ajouter la contrainte environnmentale, mais cela foutrait sans doute beaucoup de sujets en l'air). Aujourd'hui, nous sommes à l'aube d'un scenario gris, fait de tensions accrues, avec un système qui arrive à s'en sortir quand même, mais vraiment pas très loin de basculer dans le noir, tant les pentes (dette, absence de réglement de questions comme les retraites, le chômage de masse, la croissance, l'assurance maladie...) indiquent la nécessité d'un sursaut.
L'impact de ce vieillissement est énorme. Nous sommes au moment où la transition s'opère. Nous sommes à six mois d'une élection présidentielle qui, pour la première fois, va nous permettre d'élire quelqu'un issu de cette génération du baby-boom. (On eût pu souhaiter élire quelqu'un né après 1960, comme dans de nombreux pays d'Europe, mais nous avons comme un retard en la matière, signe que le sujet n'est pas juste celui des retraites).
Curieusement, ce débat semble ailleurs. Non inscrit, non exprimé, comme s'il ne prenait pas. Pour ne pas monter une génération contre l'autre, nous dira-t-on, comme si c'était là le sujet.
Pour en parler, parce que je me sens largement incompétent, j'ai invité Bernard Spitz à dialoguer ici. Je propose de commencer par une interview, avec les questions que vous pourrez formuler (j'en ai quelques unes dans ma besace). Vous pouvez également vous référer à l'excellente émission du grain à moudre du 12 octobre, dont un transcript est disponible ici, et la version audio sur le blog du papy krach.
Posez donc librement vos questions, réflexions, popositions de débats, pour échange dans les jours prochains avec l'auteur (et ma pomme).
Effectivement le problème est réel.
Pour avoir un peu étudié la population des seniors dans un cadre de travail précis, on sait que :
- aujourd'hui 30% de la population française à 60 ans et plus et que cette proportion est grandissante au vu de l'accroissement de la durée de vie(malgrès un léger rebond des natalités).
Quelles en sont les conséquences ? :
- un système de retraite par répartition en danger (baisse du nombre de cotisants pour un retraité) > les efforts déployés par la réforme Fillon sont insiffisants (cf les nombreux ouvrages sur le sujet)
- un système d'assurance maladie qui risque de plonger davantage encore (les seniors par le biais de leu consomamtion de soin, participent activiement au déficit sans autant cotiser en conséquence)
Au-delà de ces principaux sujets, n'oublions pas cette génération de 68 quine souhaient pas aujourd'hui remettre en question ses acquis sociaux qui de toute façon seront amener à disparaitre dès lors que le niveau de la dette sera devenu insupportable.
Cher Versac, tu t'étonnes que cela ne réagisse pas plus que cela mais moi cela ne m'étonne pas : les seniors ne vont pas s'amuser à mettre le feu au lac (à leur lac du moins) et les jeunes sont désabusés et pensent à leur avenir de manière assez fataliste.
Je suis de la même génération que toi puisque j'ai 29 ans et ce que je constate c'est que les trentenaires sont les plus révoltés aujourd'hui avec une distinction entre ceux qui résignés s'engagent des projets de vie plus éloignée de cette société (projets humanitaires à l'étranger, éthiques...) après avoir tater quelkques années d'entreprise. Mais pour la pluspart c'est la notion d'individualisme croissant qui s'opère face à ce rejet du modèle de société actuel. Résultat, pour faire bouger les foules c'est très difficile
Et encore je pense que la génération qui suit est encore pire.
Tout cela pour dire également que cette notion d'intergénérationalité n'est pas aujourd'hui compatible avec le modèle de politique court-termiste et médiatique actuels.
Là encore, ce qui se profile pour 2007 s'annonce pire encore.
Rédigé par : Marc_B | 24 octobre 2006 à 15:17
Les deux livres que vous proposez semblent être dans l'air du temps... tant ils reprennent des arguments qui semblent majeurs.
Il ne s'agit pas de nier le poids de la démographie ou de la dépense publique globale, voire de certains blocages, mais il y a d'autres facteurs... Surtout ces arguments que vous citez sont simples qu'ils ont valeur d'axiome chez ceux qui véhiculent l'information...
Comment une société qui produit chaque année plus de richesses,, avec des salariés plus productifs, n'arrive-t'elle pas à financer les systèmes collectifs de retraite ou d'assurance maladie ?
Par conséquent je conseille la lecture de Bernard Maris, en particulier "la bourse ou la vie".
Rédigé par : stefbac | 24 octobre 2006 à 16:29
"Comment une société qui produit chaque année plus de richesses,, avec des salariés plus productifs, n'arrive-t'elle pas à financer les systèmes collectifs de retraite ou d'assurance maladie ?"
Parce que ce qu'elle produit ne sert à rien dès lors qu'il s'agit d'assurer la santé ou le bien-être des retraités ou des assurés sociaux ?
Rédigé par : Dim | 24 octobre 2006 à 17:43
Vieillissement + dette, ne l'oublions pas...
Tout est avoué sur www.dette-gouv.fr
http://touvabien.typepad.com/touvabien/2006/10/ca_y_est_letat_.html
Rédigé par : carolus | 24 octobre 2006 à 20:55
Lorsque l'on veut faire plus pour la solidarité nationale,on décide d'abord de mettre les travailleurs à égalité ou presque dans la durée du travail.Quelle égalité entre Fabius ou Juppé en retraite à 55 ans et d'autres qui le seront à 65 ans.
Rédigé par : PAOLI | 26 octobre 2006 à 07:48
Le budget d'un Etat ne se gère pas comme le budget "d'un bon père de famille"... Il ne s'agit pas de dilapider l'argent du contribuable mais de préparer l'avenir en investissant...
Quand l'Albanie est sortie du communisme de Hojda, elle n'avait aucune dette, ça n'en faisait pas un pays riche et développé...
Les recettes libérales et la politique monétaristes ne m'apparaissent pas non plus comme la solution miracle. Il n'y a qu'à étudier les Etats-Unis qui non seulement sont le pays le plus endetté mais encore dépendent de la bonne volonté des autres pays comme la Chine pour ne pas s'effondrer. La France est sans doute endettée mais pas à ce point...
Rédigé par : stefbac | 26 octobre 2006 à 09:18