18h40, je file, en retard. Je laisse ma todo-list où tout n'est pas coché, m'en veux. J'engouffre rapidement une brioche aux pépites de chocolat prise chez Josselin, trop bourrative, téléphone. Un client. Je gère en allant acheter un paquet de cigarettes, puis j'arrive enfin au Pavillon Baltard. Quelques attablés, rapide salut à Vinvin et Thierry Crouzet, deux ou trois détails avec l'aimable patron du café, petit échange rapide avec Pierre-Etienne, qui tente un traitement des blogs politiques "différent" et première interview avec France Info, à coté du billard. Je tente de faire bonne figure. La journaliste, enceinte (félicitations), a un Nagra BB. Ca ne s'invente pas.
Les participants arrivent, dont Dominique Voynet, très ponctuelle, que je n'arrive pas à aller saluer. Et la course commence. Je suis "l'organisateur", parait-il, alors que je ne pense qu'être l'initiateur d'un rendez-vous dont je souhaite surtout qu'il ne m'appartienne pas. C'est le défilé. Rencontres rapides, trop, dans le désordre, impossible de se souvenir des prénoms. Deux newropeans, la responsable de la communication de Catherine Médicis, une discussion sur le modèle économique des blogueurs, un échange avec celui qui s'occupe d'electionsprésidentielles.fr, on parle comptes de campagne. Puis c'est BFM TV qui arrive à me faire parler puis à m'interviewer sur les blogs des candidats socialistes à l'investiture, je lance un tableau rapide de leurs usages, ensuite une journaliste de 20 minutes, avec qui on échange nos coordonnées pour parler plus tard. Elkabbach arriven Cathy me présente, salut, puis passage à un autre. Je n'arrive qu'à saluer rapidement ceux pour qui j'étais venu, les Jules, les Eolas, les Emmanuel, et autres communards, compagnons de cette drôle de vie virtuelle. On sait bien qu'on aura d'autres occasions de se voir.
Je vois arriver François Bayrou de loin. Il attire les caméras, mais semble échanger assez librement avec ses interlocuteurs dans une foule compacte qui se rapproche du bar. Le bal continue. Bonjour, bonjour. Trois propos. Serrement de mains. Deuxième bière un peu passée. Henri est là, un peu effarré, lui qui ne tient pas de blog, mais en lit tous les jours. Je rencontre Marine, qui travaille sur Ripostes, on arrive à se poser et partager assez longuement sur le sujet éternel de ces blogs politiques qu'elle découvre. Pas une interview, là, juste une discussion intéressante et un peu longue.
J'arrive enfin à prendre un peu l'air. Et c'est là qu'arrive le tipping point. Le point de bascule, celui qui transforme une soirée frénétique en moment unique. On discute un peu avec Guillemette, de passage à Paris, et elle me présente Patrick J., qui est accompagné d'une dame. La discussion, sympa, un peu rigolarde, s'enclenche. On est dehors, et face à moi, je m'en rends compte, la "dame" est Jacqueline Hénard.
Jacqueline Hénard. Si on m'avait dit quand j'ai ouvert mon blog il y a trois ans et demi qu'il m'amènerait à rencontrer Jacqueline Hénard, comme ça, au débotté d'une soirée de blogueurs, j'aurais signé tout de suite. Car cette dame est le genre de personne qui vous réconcilie instantanément avec le journalisme. Elle a éveillé mes jeudi soirs de sa voix élégante et posée, et surtout de l'intelligence, la mesure et la culture de ses propos, pendant toutes les années où Cause Commune était programmée, en duo, à l'heure où je rentrais du bureau en voiture. Je prolongeais le trajet pour bénéficier de ce moment, et pestais les jours où un dossier ou un patron me retenait jusqu'à après l'émission. J'en avais déjà parlé ici plusieurs fois, par touches, de cette présence radiophonique, de cette élégance qui ne s'impose pas, non teintée d'un humour délicat.
Un fan. Je n'étais plus la baronne qui reçoit ses invités, serre ses paluches au vol, mais simplement un petit gars qui rencontre quelqu'un qu'il admire, dont il estime le sens du métier et la culture. J'ai eu l'occasion de lui dire. En plus, elle est vraiment très sympathique.
Et puis, le flot a repris. TF1, interview, échanges de cartes de visites, discussion impromptue vite coupée par une autre. Peu à peu, beaucoup (les media et les gros politiques) sont partis. On s'est retrouvés entre blogueurs, à discuter tranquillement entre nous. Ceux pour qui j'étais venu, les habitués. Tailler la bavette avec Guillemette et Emmanuel, ça a de la gueule, c'est un plaisir.
République des blogs, version off, a donc commencé vers 23h, sans d'autres que ceux qui avaient juste envie de prolonger leurs échanges en ligne par un bon morceau de discussion sur un coin de table.
Minuit. Crevé, je suis parti sur mon vélo, rentrer chez moi dans Paris qui était calme. C'était une bonne soirée. C'était un peu court. Mais ça valait le coup. Rencontrer Jacqueline, pensez-vous !
[Ps : n'ai pas vu Oli, dommage. Et oublié de mentionner quelques heureuses discussions avec l'excellent professeur Rolin.]
Je n'y étais pas, mais quel joli billet. Juste pour les compte-rendus que tu en fais, j'espère qu'il y aura encore beaucoup d'autres éditions à venir.
Rédigé par : nj | 28 septembre 2006 à 13:35
"Si on m'avait dit quand j'ai ouvert mon blog..." et oui, la blogosphère crée ses starts, comme les autres milieux (sportif, politique, culturel, médiatique...).
Pour le coup, les starts de la blogosphère sont beaucoup plus interressantes que celle des média car c'est par ce qu'elles produisent comme texte ou vidéo/son qu'elles aquièrent leur statut. Difficile de rester une star dans ce système en ne brassant que du vent.
Z'êtes un membre de l'élite du net. Bonne continuation.
Rédigé par : CedricA | 28 septembre 2006 à 14:03
beau compte-rendu rythmé...on a l'indigestion du pain au chocolat présente au bide tellement c'est dans le feu de l'action.
Ceci dit, à lire régulièrement ici ou là les évènements de ce type, tout ça reste très parisien, et crée de nouveau des cercles clos desquels les pauvres pinpins provinciaux et non érudits sont exclus.
Juste le droit de lire.
Encore une fois, la parole n'est pas écoutée de la même manière partout...
Rédigé par : joh | 28 septembre 2006 à 14:04
Versac : "Je n'étais plus la baronne qui reçoit ses invités"
Versac est un blogueur transexuel ?
"Tailler la bavette avec Guillemette et Emmanuel, ça a de la gueule, c'est un plaisir."
Bah on est content pour toi, elle est belle ta vie...
Rédigé par : Gonzo | 28 septembre 2006 à 14:45
CedricA : ne rêvez pas. La blogosphère ne crée pas beaucoup de "stars". Dans beaucoup de cas (le mien, pas celui d'Eolas ou d'embruns, par exemple), c'est souvent le regard externe des media qui crée une visibilité et une hiérarchie, ou qui accompagne un début de visibilité, d'émergence.
joh : République des blogs peut se tenir n'importe où : il suffit de l'organiser chez vous, s'il y a des blogueurs politiques das votre coin.
Rédigé par : versac | 28 septembre 2006 à 14:48
J'ai l'impression que Jacqueline Hénard ne manque pas d'humour ! Si je ne me trompe pas, c'est elle qui s'est présentée à nous en nous disant qu'elle tenait un blog, "le coq gaulois", en allemand, sur la france profonde !
Et si ce n'est pas elle, il y avait une allemande qui lui ressemblait vachement, hier soir !
:-))
Rédigé par : koz | 28 septembre 2006 à 14:59
Damned Guillemette était là?
Pfff... si j'avais su!
A.
Rédigé par : Adrienhb | 28 septembre 2006 à 15:35
koz : oui, c'est elle.
http://zoom.kaywa.ch/
Son blog "France profonde" du tagesanzeitung.
Rédigé par : versac | 28 septembre 2006 à 15:55
Salut Versac,
c'était bien sympa hier et je dois avouer que rencontrer des personnes aussi différente que Quitterie ou Valério, c'est toujours un plaisir.
Au fait, tu es bien celui qui avait une bosse au front?
Rédigé par : abadinte | 28 septembre 2006 à 16:16
P'tain t'es le Eddy Barclay de la politique !!!
Rédigé par : Vinvin | 28 septembre 2006 à 16:22
Vinvin : merci de la comparaison !
Prochaine fois, soirée à thème, genre tout le monde en blanc, ou en rose ?
Rédigé par : versac | 28 septembre 2006 à 16:30
Je savais bien qu'il y avait un truc important hier soir... j'étais à la 1ère mais pas la seconde, je ne raterais pas la prochaine...
Tiens, viens voir mon blog je reprends une info géo-politique intéeressante à propos d'EADS et de la prise de capitaux à hauteur de 5% par l'état Russe.
Rédigé par : Charles Nouÿrit | 28 septembre 2006 à 16:45
Vous me faites rougir 1. par le contenu 2. par la QUANTITE! Vous n'avez pas, en dehors du travail, d'enfants qui s'écorchent le genou ou qui ramènent un 4 en mathématiques?
Mon blog sur la France profonde: oui, enfin, c'est une expérience avec plusieurs difficultés. La première étant de parler dans une autre langue d'un autre pays et en plus, si possible, au moins un peu, au second degré. Peut-être que je devrais le faire en français? Jusqu'à présent, j'ai eu le plus de réactions pour un billet sur Johnny supporteur dans les présidentielles quelques mois seulement après son coup de coeur pour la nationalité belge (ce qui n'avait rien à voir, vous vous en souvenez, avez le régime fiscal belge). Autrement, mes lecteurs (qui sont aiguillonnés en grande partie par le site web du tages-anzeiger.ch/ausland) semblent s'interesser aussi - de façon plutôt critique, d'ailleurs - au phénomène Ségolène. Deuxième difficulté: inhibition professionelle. Pas vraiment envie de parler de moi, habitude de textes "finis" et non pas d'avis rapides sans contraintes de forme. Question, après la soirée d'hier: la République des blogs constitue-t-elle un espace public ou un espèce de jardin où se retrouvent ceux qui se seraient rencontrés par ailleurs - politiques, militants, professionels de la communication, journalistes? Où étaient les "gens"? C'est à se demander s'ils existent...
Rédigé par : jacqueline henard | 28 septembre 2006 à 17:16
Excellente initiative cette Republique des blogs. Je lui souhaite longue vie!
Rédigé par : PrOB | 28 septembre 2006 à 20:48
Mais si tu as vu Oli, voyons, dans les 20 derniers blogueurs après 23h20, avec MleMaudit, Phersu (ils sont repartis ensembles), juste derrière moi, à moins de deux mètres de Guillemette, Jules, Emmanuel, OlivierJ, Eolas, et donc... toi ;). Discuté avec, en revanche, c'est pas sûr. Bon, ça complète (mais pas totalement) le name-dropping des "blogueurs off" :).
Rédigé par : palpatine | 28 septembre 2006 à 22:06
Palpatine : c'est bien là le problème. Je t'ai "vu" futuivement, toi, mais Oli, point été introduit, et, en pleine discussion avec Guillemette, ne sachant point qui il était ni qu'il était là, je n'ai pas été voir...
Rédigé par : versac | 28 septembre 2006 à 22:35
Jacqueline : la quantité vient masquer l'inélégance chronique du contenu.
Et oui, deux filles, mais j'avoue ne pas les avoir beaucoup vues ces dernières 48 heures (et ça continue).
Le blog peut être un espace de textes travaillés et finis, non "spontanés". J'en lis beaucoup de ce type. Mais il faut surtout qu'ils invitent à la discussion, et laissent, un peu, transparaitre une voix, une personnalité. Pas besoin de trop se livrer pour cela.
(évidemment, je rêverais d'un blog en français, mon allemand est désormais trop ancien...)
Quant à République des blogs : c'est après tout l'unique deuxième édition. Si j'ai bien compris, c'est devenu exactement ce que vous dites : un rendez-vous où se retrouvent et se connectent ceux qui se seraient connus par ailleurs. Dans un milieu assez journalistico-médiatique, les blogs en plus.
Rédigé par : versac | 29 septembre 2006 à 00:41
@Jacqueline: Pour répondre à votre question « Où étaient les "gens"? C'est à se demander s'ils existent... », il y avait au moins une personne représentant cette catégorie, l'auteur de ces lignes. Je ne suis pas blogueur, mais je lis avec intérêt plusieurs blogs mentionnés ici; c'est d'ailleurs la lecture de ces auteurs qui me dissuade d'ouvrir mon blog, ne me sentant pas capable d'offrir un contenu aussi régulier et intéressant.
Rédigé par : OlivierJ | 01 octobre 2006 à 15:23
3 fois de suite je suis allé pour saluer Versac... Trois fois de suite il m'a lancé un oeil morne de celui qui se demande qui est ce con... le soir en rentrant chez moi... faut il préciser que j'habite à 1h de Paris... hé bien en rentrant chez moi ma femme m'a demandé:
Alors t'as vu Versac ?
J'ai balbutié... oui, mais il était très occupé.. Elle m'a lancé pauv' con, T'es parti à Paris et l'as même pas été foutu de saluer Versac c'est quoi ce binz !
Je lui ai dis oui mais j'ai vu Bayrou et causé à Voynet elle ne voulais rien savoir !
Et du coup je me suis endormis en me disant la prochaine fois je parlerai à Versac ;-)))
Joke off en plus !
Rédigé par : Farid Taha | 01 octobre 2006 à 18:05