Allez Daniel, dis-le nous que c'est un running gag. Ou plutôt une feuilleton à épisodes, un truc génial que tu as inventé pour créer une histoire. Non ? Non, sas doute. Juste un peu de précipitation, de fièvre ?
Rappelons : en février dernier, tu invites Montebourg sur ton plateau, parce que, nous racontes-tu, celui-ci t'a appelé pour dire son dégout, son ras-le-bol, suite à un plateau de trop. Un autre, évidemment. Sur ton plateau, donc, à ASI, il annonce qu'il boycottera désormais les émissions stupides de bas niveau, n'en peut plus de cette télépoubelle, appelle les télévisionsà refaire de la qualité démocratique, et tout le tintouin. L'affaire fait un peu de bruit. D'autant plus que l'homme avait été un plus qu'habitué des plateaux, de Ruquier à Fogiel en passant par Ardisson (et Mireille Dumas ?). Son ridicule ne le tue pas, il se drape dans sa fierté socialiste retrouvée.
Il y a quelques jours, le même Montebourg devient le porte-parole de la nouvelle star du PS. On rêve : comment un porte-parole va-t-il faire pour ne pas aller répandre la bonne parole ailleurs que chez Aphatie ? Va-t-il continuer son boycott ?
Et puis là, hop, le monsieur passe dans Gala. Le rêve pour un Daniel. J'imagine parfaitement la scène, dans les locaux de ta boite de production : une de tes collaboractrices (souvent charmantes) se rue vers toi en rentrant de chez le coiffeur. Daniel, t'as vu Montebourg dans Gala ? Ca tombe bien, on est jeudi, tu pêches sur ta tribune du lendemain, le bouclage est dans quelques heures. Voilà un sujet tout trouvé. Montebourg rompt avec la politique spectacle, mais il pose dans Voilà. Le rêve, je disais.
Alors tu ponds ton article. Pas mal, bon style, la lecture ce matin dans le métro était vraiment sympa. Tu critiques Montebourg tout en lui laissant le bénéfice du doute, tu imagines ce qui s'est dit, cite avec pertinence et un joli sens de la dérision, balance le pour et le contre, raconte une histoire. Lecture plaisante.
Et, j'en suis sûr, tu n'appelles pas Montebourg pour lui demander comment il a pu atterrir là. Tu l'as, pourtant, l'accès au numéro de Montebourg, toi. Ni le journaliste de Gala, d'ailleurs, tu ne l'as sans doute pas appelé. Non, tu ponds ton billet, enfin, ton article.
Aujourd'hui, Montebourg te répond. Il n'est pas content et le fait savoir. Ca sent le droit de réponse obligé. Il n'a pas posé volontairement pour Gala. Ca s'est fait contre son gré. Tu aurais pu vérifier, Daniel. D'ailleurs, tu publies, sur ton blog, le droit de réponse. Quelle rapidité !
Bref Daniel, tu es devenu de plus en plus blogueur (trop de fréquentation de nous autres internautes, Daniel ? Serais-tu devenu un internet-addict ?), mais je me demande si tu en as tiré le meilleur, sur ce coup. Oh, entre l'éditorialiste et le blogueur, la frontière n'est pas grande. La principale différence, elle est dans le fait que tu écrives pour un journal, avec une rédaction, ou que tu sois sur une chaîne de télé qui t'alloue une case, un espace. Et ça te crée des obligations, une attente, qui tient à ta participation à ce métier de journaliste.
Mais, dans la méthode, pour cette tribune, tu t'es un peu éloigné du journalisme, non ? C'est vraiment du blog que tu as fait : pas de vérification, de fact-checking, pas d'appel de la personne concernée pour avoir ses dires, ou du journaliste de Gala pour qu'il te dise comment ça s'est passé.. Non, la news, le billet d'humeur. Le blog tel qu'on le véhicule en cliché.
Et puis, sans parler de la forme, sur le fond, où est ton big bang, Daniel ? Montebourg est quand même marrant avec cette histoire, les commentaires sur ton blog en témoignent. L'homme a du être dans le top ten des politiques invités sur des plateaux de variétoche, et il se rend compte de cette inanité juste quand démarre son combat pour le pouvoir au PS ? L'homme se fait portaiturer dans Gala, sans réelle infamie, sinon deux ou trois choses bas de gamme, et il nous sort l'offuscation, l'indigne ? Enfin, quand même.
Dégaine, Daniel. Balance. Chauffe. Joue au blogueur, t'as qu'à t'en foutre, non ? C'est quand même pas pour être invité encore à Malagar avec Duhamel, que tu te retiens, non ? Ou pour garder ta place de chroniqueur, pas avoir d'emmerdes avec le porte-parole de la future présidente de la République, non ? Alors quoi ? Qu'est-ce qui te retient ?
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PS : c'était facile, je sais. Mais je n'ai pu résister. Pour ceux qui n'auront pas compris la vague ironie de ce billet, je vous laisse vous référer aux précédents épisodes. Lecture second degré appréciée, pour éviter des commentaires sans fin sur le débat blogs-journalistes.
PS2 : Daniel, je ne sais plus si on se tutoie ou si on se vouvoie. Mais bon, j'ose le tutoiement (sinon, ça ne passerait pas).
Je glousse.
Rédigé par : Vinvin | 15 septembre 2006 à 18:18
ah! les délices de l'ironie.
Rédigé par : Christophe | 15 septembre 2006 à 18:41
Diantre, en quasi-simultané... Enfin, tu m'as grillé de 36 minutes.
Rédigé par : koz | 15 septembre 2006 à 18:48
Pas mal du tout !
Sinon, je sais bien que ça n'a rien à voir, mais je voudrais vous faire lire un article que j'ai trouvé très fort sur M. Sarkozy :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=13359
ou
http://debatsocialiste.blogspirit.com/archive/2006/09/14/nicolas-sarkozy-l%E2%80%99intouchable.html
Vraiment.
Merci.
PS : je trouve votre site nettement mieux que celui de M. Lemeure qui est l'autre "grand" (dans le sens de connu) bloggeur du net français !
Rédigé par : SIMON | 15 septembre 2006 à 18:53
Putain, SIMON, ta pub sur tous les blogs, c'est lourd
Rédigé par : to | 15 septembre 2006 à 19:24
Désolé, mais c'est pas de la pub !! Simplement, c'est important de lire un truc comme ça !!
zuut!
Rédigé par : Simon | 15 septembre 2006 à 19:31
tel est pris...
Rédigé par : Hubert | 15 septembre 2006 à 20:42
Pas tout compris au second degré de ce billet. certaines personnes très intelligentes ont vu de l'ironie dans ce billet où il est précisé qu'il est ironique. Que devrait balancer Daniel exactement ? La mauvaise foi de Montebourg qui aurait volontairement posé pour Gala et donc menti dans son démenti ?
Dans ce cas il faudrait que Versac prouve que Montebourg ne dit pas vrai (ça serait plus journalistique). Après il faudrait expliquer pourquoi DS, le sachant, soutient Montebourg (parce-ce qu'il a accepter d'aller dans son émission ? un peu léger).
Alors seulement on pourrait dire que ce billet est ironique.
Sinon je vois pas.
Rédigé par : Martin | 15 septembre 2006 à 21:58
>Martin: Mézenfin! Ce billet fait clairement référence, en l'inversant, à la précédente philippique de Schneiderman contre les blogueurs (cf. le lien donné: les blogueurs s'y trouvaient accusés, grosso modo, d'être finalement timorés comme des journalistes, dont ils miment les codes une fois sur le terrain face aux politiques, incapables d'amener ce "bigbang informationnel" qui aurait été promis).
C'est bien tapé, c'est un brin méchant, c'est très juste et c'est très drôle.
Donc oui, horreur, à mon coeur défendant je pouffe de concert à la lecture du parfois pénible Versac. Honte sur moi jusqu'à la 7e génération, et bravo à lui ;-)
Rédigé par : M. | 15 septembre 2006 à 23:57
champagne, un compliment de M. !!!
Rédigé par : versac | 16 septembre 2006 à 07:40
Elles sont charmantes les collaboratrices de Daniel Schneidermann ?
Rédigé par : aymeric | 16 septembre 2006 à 09:46
oh là là il est chaud le Nicolas !...
Rédigé par : FrédéricLN | 16 septembre 2006 à 11:55
Ecoutez les blogosphériques, je vous aime bien mais parfois vous nous emmenez dans des polémiques picrocolines achement difficiles à suivre.
Merci quand même à M. pour l'explication.
Cela étant, je constate que la pluspart de ceux qui pouffent à la lecture de la pique anti-schneidermann font partie du paquet de blogueurs par lui dégommés.
J'ai un doute sur leur objectivité et je m'interroge encore plus sur la valeur de l'ironie de Versac.
Rédigé par : Martin | 16 septembre 2006 à 22:54
Boarf, honnetement c'est pas du niveau de Versac ce truc...
DS a fait un papier qui se tient sur "à marseille les bloggeurs reproduisent-ils malgré eux les mêmes erreurs que les journalistes = ils se sont auto-censuré en suivant le pacte du off". Billet que j'ai trouvé légitime et dont le sujet est interessant même si il ne faut pas sauter aux conclusions. Bon, les bloggeurs l'ont mal pris. Versac, pourtant indirectement concerné, saisit la première occasion pour rendre à DS la monnaie de sa pièce. Boarf, honnetement, l'occasion était pas terrible et la démonstration ne démontre rien que le plaisir de s'offrir un "c'est c'lui qui l'a dit qui y est".
Et puis honnêtement, je me souviens de Versac participant à des débats sur la connivence entre les journalistes et les élus qui exclue (la connivence) les citoyens du débat en les placant en-dehors de la sphère. Sur ce site le type qui n'appelle pas Versac "Nicolas" passe pour un plouc... Ca fait le cinquième billet que je lis ou on se demande si on se tutoie ou pas, et je constate la multiplication des phrases types "charmantes les collaboratrices de Daniel Schneidermann" qui n'ont d'autres fins que de mettre en avant un degré de complicité dont on a rien à foutre.
décidemment, pas du niveau de Versac !
Rédigé par : Pschit Mouillé | 18 septembre 2006 à 10:48
Pschitt : Ouhlala, décidément, il me faut être bien sérieux. Entre D. Schneidermann et moi, vous savez, c'est une longue histoire. Peut-être avez-vous manqué les épisodes précédents. En aucun cas ce n'est juste une occasion de lui rendre la monnaie de sa pièce, plutôt une manière d'ironiser sur son rapport avec la "blogosphère"...
POur les épisodes précédents :
- il y a plus d'un an et demi, je notais la naissance de son blog ;
http://vanb.typepad.com/versac/2005/02/shneidermann_bl.html
- je suis effectivement passé à ASI, il y a plus d'un an aussi, émission que j'appércie beaucoup (mais ne puis pas toujours voir)
- etc... tapez schneidermann dans la barre de recherche google...
Rédigé par : versac | 18 septembre 2006 à 14:50
Oui, je sais, c'est même par votre blog que j'avais découvert celui de DS. Mais plus sérieusement, vous ne trouvez pas que "les blogs" (pardon pour les généralités) dévient un peu vers ce que nous n'aimons pas dans "les médias traditionnels" (pardon pour les généralités ?
Rédigé par : Pschit Mouillé | 18 septembre 2006 à 15:07