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20 septembre 2006

Commentaires

Matthieu

Ce proces de Chirac est bien dur. Les efforts de la France vers une solution négociée n'ont pas portés leurs fruits, mais il faut dire que la France et l'UA étaient bien seuls dans cette galère. Les efforts des USA, soutenus par la GB et du représentant de l'UE (un Hollandais je crois) ont oeuvré pour NE PAS résoudre le conflit, en se positionnant ouvertement du coté des rebelles. Si l'on ajoute que la France faisait déjà seule l'effort en Cote d'Ivoire à l'époque, et que le Soudan n'est pas dans la zone d'influence et d'interet francaise (la France essayait surtout d'éviter un débordement vers le Tchad), que pouvait-elle faire de plus ?

deux questions :
1) pourquoi dire que la France minimisait les problèmes au Darfour ? Ce n'est pas vrai, les centaines de milliers de déplacés, les villages rasées, les meurtres et les viols, étaient connus, et les énormes camps de réfugiés au Tchad étaient justement une source de préoccupation.

2) Quel est la source permettant de dire que la France a "préféré une interposition maigrichonne" à une interposition internationale ? Cette interposition aurait-elle pu se faire sans l'opposition francaise ? La position française n'était-elle pas cohérente avec le consensus international visant à impliquer le plus possible les pays Africains dans la résolution des crises du continent ?

Gus

Doutiez-vous du fait que l'actualité internationale soit gérée par Jacques Chirac sous un angle essentiellement politique ? Les critiques sous cet angle des alliés traditionnels des USA ne m'ont jamais semblé totalement injustifiées.

Après une tentative de retour au premier plan ratée à l'occasion de la crise entre israëlienne, et peut-être grâce à cet échec, les mille morts qui ont déjà eu lieu au Darfour pour chaque mort au Liban ne seront peut-être pas morts en vain. Magie de l'actualité internationale s'organisant au gré des besoins de politique intérieure.

Et l'Europe, au fait, Monsieur Chirac ? A quoi sert-elle, l'Europe ?

à quoi tient donc la vie.... des autres.

versac

Matthieu : on peut être exigeant à l'égard de sa diplomatie, même quand d'autres ont été faillibles. Au cas d'espèce, la France n'a cessé de s'enorgueillir d'une position exemplaire dans la gestion de cette crise, mettant en valeur les fonds débloqués et donnant souvent un message apaisant, au cours des voyages sur place (Muselier, Douste) et des négociations à l'ONU, refusant toujours de voir avec un oeil froid la réalité de ces massacres, et de peser pour agir en conséquence.

J'ose croire que, si la France avait décidé de peser plus tôt avec fermeté pour la solution à laquelle nous allons peut-être enfin arriver, celle-ci aurait pu être mise en place plus tôt...

Gus : j'en doute peu. Mais ca n'empêche pas de continuer à s'en indigner.

Antoine

Petite question d'un candide en la matière. Est-ce que le point 161 de la déclaration finale des non-alignés, qui stipule :
"Les chefs d’État ou de gouvernement ont renouvelé leur attachement à la souveraineté, à l'unité, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale du Soudan."
est une sorte d'appel à une non intervention de l'ONU ?
(le Soudan fait partie du MNA)

Matthieu

la MINUS est certes sous chapitre 7, mais je ne pense pas que cette force puisse imposer la paix si le Soudan n'en accepte pas la présence

Carlo Revelli

C'est important en effet de ne pas oublier ce qui se passe au Darfour

On a fait la une sur ce sujet hier sur AgoraVox

Voir aussi notre dossier Darfour avec pas mal d'articles

Matthieu

Bon, je voulais faire un trackback sur cet article, mais je m'apercois que blogspot ne supporte pas cette fonctionalité ! Il faut vraiment que je pense à changer d'hebergeur.

en attendant, voila l'url du billet, désolé si cela "pollue" un peu les commentaires
La France et le Darfour

Mahor CHICHE

Au Darfour l’enfer brûle toujours. Ni les accords de paix, ni le renforcement des contingents de l’Union Africaine , ni le vote d’une énième résolution onusienne n’ont mis fin à ce drame humanitaire. Depuis février 2003, les milices Janjawids, alliées du régime islamiste de Khartoum, s'appuient sur les tribus musulmanes "arabes", pour massacrer les tribus musulmanes "africaines" contestataires de l'ouest du Soudan. Le conflit du Darfour a déjà fait plus de 300 000 morts, 3 millions de réfugiés et de déplacés et privé 500 000 personnes de l’aide internationale.
L’ONU a déjà voté six résolutions et qualifié les actes du régime soudanais de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Cependant, les efforts des Nations Unies pour le déploiement de casques bleus au Darfour semblent vains. Le gouvernement soudanais a déclaré : « nous ne confierons jamais le Darfour à des forces internationales qui n'apprécieront jamais d'être venues dans une région qui deviendra leur tombe » .
La mobilisation internationale pour l’arrêt du premier génocide du XXIème siècle demeure donc une priorité majeure.

Les éléments stratégiques du conflit

Après 20 ans de guerre, un accord de paix entre le nord et le sud du pays a été signé. Mais le gouvernement central de Khartoum continue d’ignorer ses populations de la périphérie et notamment les cultivateurs noirs du Darfour.
Dans un contexte de raréfaction des ressources alimentaires résultant d’une longue sécheresse et d’une forte croissance démographique, le régime soudanais s’est résolument engagé dans une politique d’éviction des populations "africaines" sédentaires au profit des "arabes" nomades réputés plus proches du pouvoir. La découverte récente de ressources minières et pétrolières au Darfour a renforcé cette politique.
Pour se défendre et lutter contre l’inégale répartition des richesses, des mouvements rebelles se sont constitués.

Un pouvoir raciste, dictatorial et illégitime

La proclamation, en 1983, de la Charia, loi islamique reléguant les non musulmans au rang de citoyens de seconde classe, fut la cause principale de la guerre entre le gouvernement de Khartoum et le sud peuplé majoritairement d’animistes et de chrétiens.

En 1989, alors que le gouvernement et le parlement démocratiquement élus s’apprêtaient à conclure la paix avec le sud Soudan et à supprimer la Charia, le parti islamiste , qui n'avait recueilli que 10 % des voix lors des premières élections libres, prend le pouvoir par la force.
De surcroît, dès 1991, le régime de Khartoum théorise sa politique raciste en intégrant dans son Code pénal la notion d’infériorité des "africains noirs".

Depuis, c’est sans partage que le président, Omar el-Béchir exerce son pouvoir. Au Soudan, le multipartisme a des limites. Si plusieurs partis politiques islamiques sont présents (Baas, Oumma etc.) un seul exerce sa domination : le Congrès national. Aux législatives de 2000, il a remporté 355 sièges sur 360!
Le gouvernement soudanais méprise les libertés politiques. Les partis d’opposition sont interdits et seules les candidatures personnelles sont autorisées ; ainsi en 1996, lors d’élections présidentielles fantoches, le président sortant fut le seul des 41 candidats à pouvoir prétendre faire campagne et obtint 86,6% des voix.
Auprès de la majorité des soudanais, le régime de Khartoum dont terreur et brutalité sont le credo, est définitivement illégitime. Les enlèvements, la torture, et les meurtres, renforcent le climat de peur et d’insécurité. Face à cette dictature, il n'est plus concevable d'envisager une autre voie que sa mise à l'écart.

Pour de nouveaux rapports Nord-Sud

Dans ce contexte, la France maintient ses relations diplomatiques avec Khartoum et accueille sans condition le ministre des affaires étrangères du Soudan. La France doit changer de politique et se montrer ferme avec le gouvernement de Khartoum afin d’encourager les tentatives de démocratisation.
L’élaboration de nouveaux rapports Nord-Sud passe par la proclamation et l’application de principes universels que sont la démocratie et les droits fondamentaux. L’Afrique souffre de nombreux maux à commencer par la corruption et la quasi absence de système démocratique. Le Soudan en est le funeste exemple. L’aide alimentaire internationale favorise la corruption et encourage l’urbanisation de certaines régions au détriment du Darfour.
La France doit s’impliquer dans le processus de démocratisation du Soudan et tout faire pour qu’un nouveau chaos ne succède pas au régime d’Omar el-Béchir.

L'impuissance de l'ONU est surmontable

L’Etat soudanais, qui assimile l’ONU et l’OTAN à des croisés, refuse toujours la présence d’une force internationale. La France dispose de deux voies d’action pour s’investir concrètement dans la résolution du conflit.
Ainsi, malgré les risques de veto russes et chinois, la France doit dépasser la résolution 1706 du 31 août 2006 dont l’application demeure subordonnée à l’accord de Khartoum en prenant l’initiative d’une nouvelle résolution de l’ONU autorisant l’usage de "mesures coercitives" et organisant le déploiement de casques bleus au Darfour.

Pour sortir de l’impasse une autre voie est envisageable. En effet, un Etat de l’Union Européenne peut assumer de sa propre initiative une mission de Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) dès lors que cette action vise : « le maintien de la paix et le renforcement de la sécurité internationale,[...]le développement et le renforcement de la démocratie et de l'État de droit, ainsi que le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales » .
Si l’Union Européenne peut planifier et conduire des opérations autonomes, avec ses propres moyens , elle peut aussi solliciter les moyens logistiques de l’OTAN. Elle a déjà eu recours aux moyens de l’OTAN en Macédoine (opération Concordia en 2003) et actuellement dans le cadre de la relève de la SFOR en Bosnie-Herzégovine.
La France, en tant qu’« Etat pivot » peut, conformément à la décision du sommet de 2001 « Berlin plus », assumer l’exercice de son droit d'initiative en matière de gestion de crise internationale et la responsabilité de la coordination d’une intervention militaire.
Ainsi, l’intervention au Darfour pourrait se faire sous l’égide d’une mission européenne en matière de gestion de crise ; cette mission couplerait ainsi la légitimité du multilatéralisme, la cohérence de la PESD et les moyens militaires et logistiques de l’OTAN.

Promouvoir la Démocratie

La réaction de l’ONU se faisant attendre, il est de notre devoir de réagir avant que les ethnies du Darfour ne disparaissent. L’association Sauver Le Darfour, SLD www.sauverledarfour.org demande à la France d’agir pour surmonter l’impuissance onusienne à arrêter ce carnage et promouvoir le devoir d’ingérence qui incombe à toute démocratie en cas de crise majeure et d’atteinte à la paix et à la sécurité internationales.
Après la crise libanaise, la France doit obtenir la mise en place d’une force d’interposition au Soudan, pour y rétablir durablement la paix, la stabilité et la démocratie.
Ensemble, les français doivent se mobiliser contre le premier génocide du XXIème siècle.

Mahor Chiche, Président de Sauver Le Darfour, SLD
www.sauverledarfour.org


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