Et alors, un an ? Que dire ? Comme tout le monde que l'Europe n'a pas tellement bougé, faire comme Mélenchon le reproche au camp d'en face de ne rien avoir fait ? Dire qu'il va falloir attendre la présidentielle pour qu'un débat sur l'Europe ait lieu, alors que tout le monde sait que ce ne sera pas le cas ? Que l'UE n'avance pas vraiment, contrairement à ce que dit le Figaro, en se concentrant, coté commission, sur ses terrains de légitimité institutionnelle (le marché intérieur), tandis que seul le parlement semble être vraiment actif, contre vents et marrées, rencontrant souvent une belle opposition des nonistes sur ses tentatives de réforme. Dire qu'on se demande comment, effectivement, ça va fonctionner avec les deux nouveaux entrants sans cadre institutionnel refondé ? Dire encore combien ce gros frein apparaît handicapant au moment où les nouvelles indépendances et les émergences de républiques à l'est créent de nouvelles responsbailités pour l'UE ?
Non, évidemment, le oui-ouiste de base se doit de dire juste qu'on travaille merci. Pas moi, aujourd'hui, un an après, je reste abasourdi et je ne vois toujours pas comment on va faire pour faire, concrètement, avancer un projet européen qui fonctionne, à court terme...
La victoire du non l'an dernier représente tout ce que j'execre en politique: de la politique politicienne, des élus oportunistes, des electeurs qui votent qui pour protester contre l'amende pour stationnement illegal recue le mois dernier, le ral-bol de Raffarin, l'envie de dire non a Chirac (l'electeur malheureux n'a pas pu lors des dernieres presidentielles)... Bref, on est si loin des vues de Jean Monet et Robert Schumann.
Rédigé par : vonric | 29 mai 2006 à 18:41
Le second tour de l'élection présidentielle de 2002 était-il autre chose qu'une "envie de dire non ?", "des électeurs qui votent pour protester" (contre le résultat de leur vote), etc. ?
Et les régionales de 2004, c'était quoi ? Une profonde adhésion au projet de gouvernance locale du PS ?
Et vous voyez quoi, pour 2007 ?
Rédigé par : Gus | 29 mai 2006 à 18:48
Je crois que le "non" a un sens profond que nous, partisans du oui, avons voulu oublier : l'Europe ne fait plus rêver. Elle n'est plus aujourd'hui que le prolongement de nos égoïsmes nationaux, le bouc-émissaire de nos échecs, le petit adjuvant de la mondialisation libérale...
Bien sûr nous pensions que le TCE serait l'outil indispensable pour retrouver l'ambition d'une Europe qui pèse sur la destinée du monde et y fasse entendre sa musique humaniste, tolérante et écologiste. Mais le peuple a tranché et le problème reste entier : au delà des cadres institutionnels, c'est une politique européenne qu'il faut construire.
Rédigé par : Fred de "Et Maintenant ?" | 29 mai 2006 à 19:00
Peut-être pourrait-on commencer par élaborer l'amorce d'un consensus sur ce que l'Union Européenne pourrait se dispenser au moins provisoirement d'être. Barroso et Merkel n'ont-ils pas souligné tous deux que certaines démarches portées par l'UE pouvaient éventuellement être considérées comme superflues ?
Par exemple, peut-on être ouiste et considérer que que rien n'est particulièrement remis en cause à supposer qu'on veuille remettre les débats ouverts par le célébrissime Bolkestein à un peu plus tard, par exemple, quand le ciment européen sera un peu plus consistant qu'il ne l'est ?
Rédigé par : Gus | 29 mai 2006 à 19:14
Personnellement, je suis un partisan du non au TCE et pourtant pour l'Europe. On ne va pas rerentrer dans le débat de l'année dernière. Mais en gros je trouve que le traité n'était pas une Constitution, il y avait trop d'élémente politique et économique qui y étaient consignés et auxquelles je n'adhérais pas.
Il est amusant / inquiétant de voir que le Non au TCE est automatiquement décrit comme un Non à l'Europe. Aux Pays-bas ils ont organisé des enquêtes pour connaître les raison du non (les résultats ne sont pas encore publiés à ma connaissance). En France on fait des amalgames.
A mon avis, une bonne partie des Français qui ont voté Non aurait espéré d'autre proposition.
Pourquoi par exemple si l'Europe doit se dote d'une constitution les personnes qui l'écrivent ne sont ils pas représentant du citoyen (une assemblée consituante, quoi!).
Si la question avait été doit on établir une constitution pour l'Europe je table sur pense que l'on aurait voté Oui.
Ensuite l'argument que le Non a stoppé l'Europe, est il est vrai véridique. Mais devait on pour autant voter un texte qui est mauvais parce notre classe politique est incapable de se prendre en main pour relancer le débat.
Ave tout cela je suis tout autant déprimé que vous.
Rédigé par : Christophe | 29 mai 2006 à 20:24
Je me retrouve dans les propos de Christophe : l'impossibilité de dire "oui" à quelque chose qui contenait "trop" d'affirmations.
Et pour répondre à vonric, sans refaire le débat, beaucoup de gens n'ont pas voté "non" pour des raisons qui n'ont qu'un lointain rapport avec le sujet.
Maintenant pour répondre au "je ne vois toujours pas comment on va faire pour faire, concrètement, avancer un projet européen qui fonctionne, à court terme...", je crois, pour ma part, qu'il n'y a pas grand chose à faire.
Soit la voie "dictatoriale" (celle qui n'a pas souvent demandé directement son avis au peuple) reprend le dessus et un certain projet redémarre sans l'adhésion de la base pour mieux couler dans quelques années, soit une voie plus démocratique perdure mais sans la possibilité de construire directement quelque chose à 25 ou plus.
Le fond du problème, c'est qu'il est viscéralement difficile de faire confiance les yeux à des groupes de personnes pour qui on ne ressent pas vraiment d'atomes crochus.
Quand certains pays s'alignent sur Bush lors de la guerre en Irak, il est difficile de se dire que l'on pourrait ne former qu'un avec ces pays là.
Quand d'autres pays (ou les mêmes) ne jurent que par un modèle économique anglo-saxon qui n'a jamais fait partie de la "culture" française et dans le même temps n'éprouvent aucune attirance pour le modèle social français, comment peut-on vouloir s'associer avec ces pays là ?
Certains verront dans ces propos de la xénophobie à l'état brut. Je le sais. Mais je sais aussi que la seule Europe qui pourra se construire, au delà d'une simple zone de libre échange, sera celle qui se fera via des engagements mutuels entre pays qui se reconnaissent vraiment dans des valeurs communes.
Le corollaire, c'est que la France pourrait, dans une telle logique, rester isolée...
Rédigé par : Oaz | 29 mai 2006 à 21:20
" l'amorce d'un consensus sur ce que l'Union Européenne pourrait se dispenser au moins provisoirement d'être"
Bon sens en effet. Une entreprise qui vend moins bien ses produits, regarde ce dont elle peut se dispenser, au moins autant que ce qu'elle peut lancer de nouveau pour élargir la gamme.
Romano Prodi, en tant que président de la Commission avait lancé des ballons d'essai contre la PAC et les politiques régionales - qui représentent les deux gros budgets "européens" et sont, à mon avis, toutes deux obsolètes dans l'état actuel du monde.
Rédigé par : FrédéricLN | 29 mai 2006 à 22:02
Hier, en entendant d'un côté l'agression contre un rabbin à Varsovie, dans cette Pologne européenne dont chacun sait qu'elle est antisémite, homophobe, raciste et anti-russe, et de l'autre nos chers enfants récompensés à Cannes (Indigènes, prix de la meilleure interprétation), je me sentais si français et si peu européen.
Et tellement plus proche d'un Sami Naceri que d'un techno deuxième gauche partisan du oui...
Rédigé par : ponolive | 29 mai 2006 à 22:37
Honte sur vous et votre défaitisme blasé. J’écoutais ce soir sur LCI Mikhaïl Saakachvili, Président de la Georgie parler de l’Europe avec espoir et optimisme.
Les français se comportent comme des enfants gâtés égoïstes et prétentieux. Heureusement qu’il y a d’autres pays pour reprendre le flambeau et porter l’espoir d’un avenir commun.
Je n’ai que du mépris pour tous ces pseudo politicards opportunistes qui pensent que la France va dicter aux autres la marche à suivre et d’autres qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez étriqué.
Rédigé par : margit | 29 mai 2006 à 23:11
Chers Amis,
Lu ce jour, dans le quotidien La Croix, un dosier passionant intitulé :"Comment relancer l'Europe," avec, notamment, des contributions très intéressantes de Jacques Delors (ancien président de la Commission européenne de 1985 à 1994), José manuel barroso (actuel président de la Commission européenne), Romano Prodi (ancien président).Lisez Yves Bertoncini, "le temps des fils fondateurs", et souvenez-vous des propos de Louise Weiss, une grande dame de la construction européenne, lors du discours d'ouverture de la première session du parlement européen élu directement, en 1979:"L'Histoire avance.Les conjonctures se renouvellent. Ce qui était impossible hier sera possible demain."
Je crois que ces propos sont plus que jamais d'actualité.
Rédigé par : Renaud Bouchard | 29 mai 2006 à 23:29
Chers Amis,
Lu ce jour, dans le quotidien La Croix, un dossier passionant intitulé : "Comment relancer l'Europe," avec, notamment, des contributions très intéressantes de Jacques Delors (ancien président de la Commission européenne de 1985 à 1994), José Manuel Barroso (actuel président de la Commission européenne), Romano Prodi (ancien président).
Lisez aussi avec profit l'ouvrage d'Yves Bertoncini, "Le temps des fils fondateurs" - lequel fait l'objet d'une passionnante analyse sur l'excellent blog de Pierre Bilger.
Souvenez-vous des propos de Louise Weiss, une grande dame de la construction européenne, qui avait déclaré lors du discours d'ouverture de la première session du parlement européen élu directement, en 1979: "L'Histoire avance.Les conjonctures se renouvellent. Ce qui était impossible hier sera possible demain."
Je crois que c(s)es propos sont plus que jamais d'actualité.
Rédigé par : Renaud Bouchard | 29 mai 2006 à 23:34
Force est de reconnaître (j'ai pourtant voté et défendu le "oui") que le TECE n'était pas un très bon texte. Pas forcément pour son contenu, pris article par article, chapitre par chapitre, que par sa structure générale, amalgamant dans un ensemble un peu indigeste, organisation institutionnelle, charte des droits, reprise de l'acquis communautaire, nouvelles compétences, modification des règles de décision, et affirmation d'être une "constitution" tout en étant formellement un traité. Les mécontentements se coagulaient beaucoup plus facilement que les soutiens.
Alors, une relance ? Il faudra bien. Mais par sujet. Un par un à mon sens. Une discussion sur les institutions d'une part, une sur la coopération judiciaire et policiaire de l'autre, etc. On saura également comme ça quels sont les points qui sont voulus/acceptés par les citoyens et les directions refusées.
Bref, il faut abandonner l'idée d'un texte de référence unique.
Les conditions : un renouvellement des dirigeants européens. D'un certain point de vue, Zapatero c'est mieux qu'Aznar, Prodi que Berlusconi et Merkel que Schröder. Reste à virer Chirac... et quelques autres.
En attendant, se concentrer sur les outils déjà existants pour ne pas laisser les forces désintégratrices progresser. Comme le rappelle justement margit, l'Europe unie n'est pas en pause pour tout le monde. Ne sacrifions pas ce qui marche - encore - sur l'autel de l'immobilisme.
Rédigé par : Damien | 29 mai 2006 à 23:38
Bien que plus résolument européenne que la plupart des "ouistes", j'ai voté contre le TCUE (pour des motifs objectifs que je permets à personne de dénigrer comme si quiconque détenait la science infuse au sujet de l'UE). Pleurnicher aujourd'hui est stérile. Il fallait fournir aux peuples un projet d'Europe qui tienne la route avant de prendre la claque et c'est toujours d'actualité. Compiler des traités en gravant dans le marbre des contraintes supplémentaires ne répondait pas au problème posé par l'élargissement. Il faut définir quelle Union européenne nous voulons à 27 pour les 10 prochaines années et adapter nos outils communs à la poursuite de cet objectif commun.
Rédigé par : Marie-Christine BLIN | 30 mai 2006 à 01:27
98% de nonistes ne regrettent pas leur choix
selon un sondage recent.
une union forcee avec des pays dont on ne partage pas grand chose n'a pas d'avenir.
perso, j'etais 110% pro europeen mais la decision de faire rentrer la turquie comme pays europeen (sic) a ete un vrai declic sur l'irrelevance du projet, une simple fuite en avant.
Rédigé par : fredouil | 30 mai 2006 à 04:47
Marie-Christine,
Vous vous affirmez "plus résolument européenne que la plupart des "ouistes"" (sans rire ?) alors que dans le même temps vous ne permettez à personne de « dénigrer » votre vote ; ça me rappelle un bon vieux dicton à bases de paille, de poutre et d’œil de son voisin.
Vous avez raison, rien ne sert de pleurnicher ; de là à opter pour l’aboiement…
Rédigé par : aymeric | 30 mai 2006 à 10:18
et si c'était le projet européen qui est erroné, et pas les électeurs nonistes. et si ça n'avait aucun sens de vouloir marier les britanniques, qui ne veulent que d'un marché sans entraves, les Tchèques qui sont sur une longueur d'onde proche, les français qui rêvent d'une Europe comme une France en grand, les catholiques qui y voient une nouvelle Rome, les USA qui y voient une extension commode de l'OTAN etc...
et si la balle était dans le camp des ouistes, en réalité ?
Rédigé par : edgar | 30 mai 2006 à 12:39
Je partage l'opinion et les questions d'Edgar.
Rédigé par : ponolive | 30 mai 2006 à 13:26