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07 mars 2006

Commentaires

Nico

j'ai trouvé ces deux analyses pour le moins pertinentes également. Je n'avais pas fait le lien avec le livre de Vincent Chaplain ; merci de la piqure de rappel !

Tlön

1)Si j'ai bien compris Cahuc, ce qu'il critique ce n'est pas le CPE en tant que tel mais la coexistence du CPE et du CDI classique...On est loin de la critique de gauche actuelle encore que je ne vois pas trés bien dans une optique "flexisécuriatire" où les droits sont acquis au fur et à mesure du déroulement du contrat on puissse éviter les effets pervers des "seuils". Aurais tu des infos à ce sujet ?
2) On est à peu près tous d'accord pour dire que Villepin s'y est pris comme un manche, mais pouvait-il vraiment faire autrement ? On voit bien que l'idée est de créer effectivement une multitude de contrats dérogatoires (avec les effets pervers dénoncés par Cahuc) pour au bout du compte réunifier le tout en substitution du CDI. Fallait-il s'attaquer directement au CDI ? Cela était-il possible ?

Yannick

Concernant l'étude de Cahuc et Carcillo, il me semble que ce qui est critiqué "vertement" dans le billet vers lequel vous pointez, c'est moins la méthode que l'utilisation médiatique de ce qui ne devrait être qu'un exercice à vocation descriptive. Et de ce point de vue, l'article dans Libé en rajoute encore une couche. Est-ce bien raisonnable ?

Gus

Dans la "nécéssaire" flexibilisation, j'ai encore du mal à comprendre ce qui empêche le titulaire d'un CDI de demander plus de flexibilité ?

Mais en contrepartie de quoi ? Une augmentation de salaire ?

Car après tout, toute autre mesure reviendrait à accepter de son plein gré de se remettre plus encore à la portée d'élus qui, manifestement, ne souhaitent guère tenir compte de l'avis de l'opinion dans l'exercice de leurs prérogatives : un coup à se retrouver ultralibéral malgré soi !

versac

Tlön : les effets de seuil sont générés par des différences de statuts liés à des effets externes à la relation entre employeur et employé. La progressivité des droits des employés permet de les gommer, pas de les enlever complètement, bien évidemment. Mais le décalage entre des CDD ou des CPE précaires et des CDI ultra-protégés n'est évidemment pas satisfaisante.

Sur Villepin, c'est difficile à dire. Il est évident qu'à deux ans des présidentielles, il ne pouvait pas remettre à plat la totalité du droit du travail, et se mettre à dos tous les salariés en CDI. De là à balancer un contrat qui stigmatise ainsi les jeunes sans leur apporter de réelle solution, je ne vois pas.

Yannick : ok, disons que c'est l'exploitation de cette méthode pas très solidement établie ? Je rejoins volontiers SM d'Econoclaste dans votre discussion : face aux délires du gouvernement sur l'analyse du CPE, il me semble utile qu'on puisse opposer un début de parole d'expert et d'analyse statistique. Et Cahuc conserve ma sympathie, dans son combat pour une meilleure compréhension des mécanisme du marché de l'emploi.

Gus : pas vraiment compris.

Fulcanelli

Versac, tu vires à gauche, attention, tu es sur la mauvaise pente, tu va finir républicain libertaire si ça continue et... je ne peux que t'encourager

V

Versac : merci ! Mais commencons par rendre à césar ce qui appartient a Emmanuel : l'un des points de départ est un billet de Ceteris Paribus qui rappelait l'un des mythes sur le chomage des jeunes (ie qu'il est plus fort que la moyenne en France seulement).

Sur la flexibilisation du droit, je pense que c'est un sujet accessoire, et destructeur de dynamique sociale.

Accessoire parce que les gens ne se focalisent sur le droit que faute d'autre option : avec un filet de sécurité fort, quand vous ne supportez plus votre employeur vous allez voir ailleurs. C'est ce que font ceux qui ont un taux de chomage egal à 5 % : les cadre diplomés (ie nous tous). Vous etes vous déjà aggripé à votre CDI ? Non, vous avez changé de job !

Destructeur de dynamique parce que si je pense que la rigidité du code du travail ne joue plus une fois les gens rassurés sur leurs parcours professionnel, je pense qu'aucune réforme ne sera possible si on commence par "retirer l'échelle avant d'accrocher le pinceau" - pour reprendre le celebre blague du fou qui repeint son plafond. Enfon notons que le droit français n'est, globalement, pas appliqué (75 % des litiges prudhommaux se concluent au bénéfice du salarié).

Je ne crois pas au contrat unique, parce que je pense que c'est un leurre. Le fait de rendre les droits du CDI progressif les deux premieres années ? Pourquoi pas ! Mais le principe du CDD qui limite les emplois "sans visibilité" aux cas où ils sont nécessaires me semble une bonne chose. Le bonus malus aussi (dans sa version "pactes pour l'emploi", qui était dans le programme de Lionel Jospin).

Enfin, je pense que l'allocation des risques au sein de la société doit répondre à un critère simple : les risques controlables doivent etre portés par ceux qui peuvent le plus facilement les controler. Les autres doivent etre mutualisés. Tout celà plaide pour une sécurisation des parcours professionels (cf mon rapport sur www.supprimerlechomage.org, rubrique articles connexes) qui mutualise, des CDD limités aux cas ou l'entreprise ne peut faire autrement, et le reste géré par l'entreprise, qui est mieux placée que le salarié pour gérer le risque économique.

Je ne pense pas utile de vouloir "donner le gout du risque" à ceux qui n'en veulent pas, ou de rejeter un risque économique sur des salariés qui ne pourront rien faire d'autre que le subir.

Gus

versac: J'avoue ne pas comprendre en quoi l'état actuel du droit du travail poserait problème à un employeur désireux de se séparer d'un salarié en CDI (je comprends tout à fait l'intérêt des abaissements de charges, ok, mais la "flexibilité" supposée manquante au CDI, c'est quoi, au juste ?).

Et si d'aventure il y a effectivement dans le CDI quelque chose à enlever, quelle contrepartie (de préférence sonnante et trébuchante ?)

Yannick

Versac : j'ai tendance à penser que l'on fait de l'"analyse statistique" ex post, sur la base d'observations réelles ; mais ça doit être parce que je suis un économiste désabusé.

versac

Gus : tout simplement, le licenciement, aujourd'hui, est considéré comme une exception, qui requiert un motif économique sérieux, ou une faute. Le principe du licenciement est bien celui de l'exception, en droit. En outre, le licenciement est coûteux, mais ce coût ne profite pas au salarié licencié, directement. Ils est conçu comme une incitation négative.

Pour créer un poste, une entreprise, en général, détruit 2 postes,et en crée trois : elle change en permanence, doit le faire en tout cas. Les licenciements sont nécessaire à la fluidité du marché du travail, et à l'emploi.

Dès lors, sans faire peser sur les salariés la totalité de la "flexbililité" inhérente à l'activité, il serait plus logique de favoriser ces mutations en donnant aux employés des garanties progressives, en rendant les entreprises plus responsables de l'avenir de leurs salariés, proportionnellement à leur durée de vie dans l'entreprise.

Cette mutation est acceptable si l'on sait que l'on a des chances de trouver du boulot quand on est licencié. Au Danemark, un quart de la population active change de boulot chaque année, et le taux de chômage est bas.

Et, pour trouver un boulot, il faut des anticipations (formation) et un accompagnement fort. On devrait commencer par cet aspect, s'attaquer à la croissance, et ensuite se lancer dans la flexibilisation, qui serait rendue ainsi plus acceptable.

Le gouvernement prend les choses à l'envers.

FrédéricLN

Yannick : de mémoire, une loi votée sous le gouvernement Juppé (et à son initiative, dans le cadre de la "bataille pour l'emploi" de l'époque) imposait au gouvernement d'accompagner tout projet de loi, qqs le sujet, d'une évaluation ex ante (estimation) de ses effets potentiels sur l'emploi. Cette loi est (à ma connaissance) tombée en désuétude. Tout de même, pour le CPE, son application n'aurait pas été superflue.

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