Quelques choses qui me dépassent.
- Vu, sur ceteris paribus, cette future proposition de loi, qui ferait de tout président de la république un sénateur à vie (et lui offrirait l'immunité liée). Que des gens y pensent, je peux le concevoir, mais pas qu'ils le fassent. Affaire à suivre, aucune proposition de loi visible sur le site du sénat.
- Lu, dans Libé, dans le courrier en faveur de Florence Aubenas, une lettre, entre celles d'anonymes, de Tariq Ramadan, qui dit des choses assez pernicieuses... Comme le fait que "L'intervention en Irak était une erreur, la position de la France était éthiquement juste et le combat permanent des journalistes qui veulent en témoigner est digne." Etait-ce le rôle de Florence Aubenas que de témoigner d'une telle position ? Le reste de son texte est anodin en apparence. Pourquoi publier cette intervention ? Pourquoi aussi publier cette hagiographie mythologique de Clara Gaymard l'autre jour ?
- Quand je circule dans Paris le matin pour me rendre au bureau, une étrange loi veut que, pour chaque véhicule de la poste garé en double file, il y a une place "livraisons" libre dans les 10 mètres alentour. Quand j'ai fait remarquer ceci (certes, de manière abrupte) ce matin à un postier regagnant son véhicule, il m'a dit en substance : "ouais, mais moi je bosse pour le service public, c'est pas pareil". Nous n'avons pas la même conception de ce que recoupe cette notion, ce me semble.
- Quand une station de métro est en travaux, il y a souvent de ces drôles de tubes en caoutchouc noir qui sortent du mur. A quoi servent-ils ? D'où sortent-ils ?
- On mentionne tous les jours l'inquiétante disparition de Florence Aubenas et son fixer. Je m'y associe. Je voudrais en profiter pour rappeler aussi l'inquiétante disparition de Guy-André Kieffer, qui a disparu dans des conditions assez sordides en Côte d'Ivoire, sans que la presse ne s'en émeuve quotidiennement. Ma question est donc faussement naïve : pourquoi on ne l'appelle pas tous les jours aussi, celui-là ?
penser le monde avec des listes.. c'est contagieux docteur ?
Rédigé par : sans moi | 19 janvier 2005 à 11:45
En fait, ces tubes ne sortent pas du mur mais y entrent.
Il s'agit d'un phénomène mystérieux, que des générations de chercheurs ont tenté de comprendre. Chaque jour, ces tubes faits d'une matière qui ressemble à du caoutchouc mais qui n'est, en réalité, apparentée à aucun matériau identifié sur terre, surgissent d'on ne sait où et pénètrent dans les parois du métro.
Il néanmoins espéré que certaines des expériences qui seront bientôt conduites sur Titan nous renseignent enfin sur ces dark tubes, pour reprendre l'expression qui les désigne dans les milieux scientifiques (www.nature.com/darktubes/parismetro.htm).
En tout état de cause, l'hypothèse selon laquelle les tubes sortiraient du mur a définitivement été abandonnée en 1985, à l'occasion d'une série de tests réalisée par une équipe internationale et dont mon propre laboratoire était le chef de file.
Dans un cas fort bien documenté (www.columbia.edu/pataphysics/darktubes/zemerveil.htm), il a même été possible de prélever l'un de ces tubes sans l'endommager (ils se nécrosent généralement en moins de deux jours une fois arrachés à leur mur) afin de le réimplanter dans un nouveau milieu, en l'occurrence sur les carreaux des toilettes de mon propre laboratoire. Ce tube poursuit sa progression sans encombre à un rythme proche de celui des tubes du métro. Il devrait bientôt atteindre les toilettes de femmes et nous pensons, car il faut bien décompresser un peu, nous en servir pour observer ces dernières dans le cadre d'une autre série d'expériences.
Rédigé par : Pr Edmond Zémerveil, Laboratoire d'étude des phémonènes urbains surprenants | 19 janvier 2005 à 11:49
réponse à Versac : parce que le rôle exact de la France dans l'affaire ivoirienne relève de la raison d'état.
réponse à Sans moi : s'il faut guérir le mal par le mal, votre médecin référent vous conseille une petite cure d'echolalie : http ://www.echolalie.org/wiki
Rédigé par : Damien | 19 janvier 2005 à 11:53
> Que des gens y pensent, je peux le concevoir,
> mais pas qu'ils le fassent.
> Affaire à suivre, aucune proposition de loi visible
> sur le site du sénat.
Mon cher voisin on s'habitue à l'horreur :
- guerre en Irak pour de motif bureaucratiques
- scandales des brevets sur le sida
- élection de charles pasqua au sénat (avec les félicitation de M. et Mme Chirac)
- élection du plus grand démocrate européen en italie..
Dans ce monde de communication, on ne fait plus attention à une horreur.
journal de 20h00
10 000 morts en Irak - la fête de l'andouille à vire in inaugurée par notre cher président - élection triomphale de charles pasqua - la sortie du dernier swhartzy - la star-ac ça cartonne - et surtout ne maquer pas le tirage du loto (ça c'est sur France deux)
Orwell doit bien se marrer ...
Rédigé par : ~laurent | 19 janvier 2005 à 12:04
j'ai bien aimé "Clara Gaymard expliqué aux enfants", il me fallait bien ça pour comprendre.
j'avoue que j'ignorais tout de la disparition de Guy-André Kieffer, dont je ne suis pas une lectrice, pour quelqu'un comme moi, probablement pas assez attentive au monde ni aux implications politiques, c'est peut-être ce qui fait la différence.
j'aime beaucoup l'analyse de Laurent d'un JT de 20 heures, j'avoue que pour ma part je ne les regarde qu'exceptionnellement tellement ça m'énerve cette "monoformisation" des esprits (le terme n'est pas de moi, je l'emprunte à Peter Watkins (et le détourne un peu).
à bientôt.
Rédigé par : gilda | 19 janvier 2005 à 13:55
Contrairement à ce que prétend le professeur Zémerveil, le truc qui pendouille dans le métro est un membre du personnel de sécurité qui a été emmuré vivant en 1986, lors des manifestations étudiantes. Il s'appelle Pikachu Gaymard et a souhaité garder l'anonymat quand à son nom de famille.
Rédigé par : 20/20 | 19 janvier 2005 à 21:48
Cher M. 20/20,
Sur la question des tubes du métro, j'ai en effet entendu parler de la théorie à laquelle vous faites référence. Elle a d'ailleurs été étudiée par George Steiner dans son remarquable opuscule « La nostalgie de l'absolu ».
Il y estime en substance que le déclin des systèmes religieux institutionnalisés, en créant une sorte de « vaacum moral » en Occident, permet l'émergence de « mythologies de substitution » généralement axées sur une réinterprétation abusive des discours marxistes, freudiens et, évidemment, lévi-straussiens.
George Steiner suppose ainsi que la popularité récente des histoires de « petits hommes verts » peut être perçue comme une réponse inconsciente à la « crise de sens » de nos sociétés modernes.
Il est donc logique, alors que la présence de ces tubes noirs dans le métro est un phénomène physique complexe mais dont l'étude rationnelle est possible, de voir des gens aussi sensés que vous propager cette légende urbaine sur le désormais mythique Pikachu Gaymard.
La culture populaire internationale s’est d’ailleurs emparée du phénomène, au point de voir le cinéma japonais d’animation baptiser « Pikachu » le personnage principal d’une série pour enfants. Il y a d’ailleurs fort à parier que les auteurs de ce dessin animé n’avaient jamais entendu parler du fameux vigile du métro parisien, le choix de ce nom pouvant être attribué à une simple réminiscence inconsciente.
Mais plus près de nous, et George Steiner finira probablement par se pencher sur ce phénomène, un homme politique français totalement inconnu du grand public, Hervé Michu, a vu sa notoriété s’accroître de manière stupéfiante par la seule grâce d’un changement de patronyme. Désormais connu sous le nom d’Hervé Gaymard, référence évidente au mythe dont nous parlons, il pourrait même s’imposer comme personnalité de tout premier plan au terme du dernier mandat de Jacques Chirac, en 2064…
En tout état de cause, je reste évidemment sur mes positions en ce qui concerne la nature des « dark tubes » et je m’inscris en faux contre ces tentatives absurdes de réconciliation contre-nature entre physique et sociologie.
Bien le bonjour.
Rédigé par : Pr Edmond Zémerveil, Laboratoire d'étude des phémonènes urbains surprenants | 20 janvier 2005 à 09:47
Trop de disparitions tragiques tuent les disparitions tragiques…
Rédigé par : sk†ns | 20 janvier 2005 à 10:58
Zémerveil, vous êtes un grand malade... et je regrette que vos commentaires ne fassent pas l'objet de notes... dans un blog bis, par exemple... On pourrait se poiler.
Rédigé par : 20/20 | 20 janvier 2005 à 11:45
Professeur Zémerveil, attention à ne pas disparaître dans la zone. Le capitaine Ad'hoc et son ami du Petit Journal, le reporter Hugues, auront du mal à vous y récupérer.
Rédigé par : Philippe[s] | 20 janvier 2005 à 18:42
Ne vous inquiétez pas pour moi. Je connais la zone comme ma poche et j'emporte toujours une édition à couverture plastifiée de "Critique de la raison pure" lorsque je dois la traverser.
Rédigé par : Pr Zémerveil | 20 janvier 2005 à 21:18
Du tube et de son usage.
Il existe plusieurs versions de l'utilisation de cet objet mystique dans les couloirs du métropolitain:
Ce serait un micro pour les chanteurs et accordéonnistes qui ont demandé l'autorisation de vocaliser dans les couloirs, ce serait du "savon noir" pour se laver les mains entre deux rames (à l'image des savons jaunes au citron) ou un système de surveillance par ultrason....A priori ce n'est pas ça....
Le métro est underground, il est donc soumis à des forces dilatatoires, et des contrariétés dues à un environnement humide, il arrive donc que des panneaux de faïence se désolidarisent des murs banchés en béton.
Aussi afin de prévenir les colonies de champignons qui provoqueraient des efflorescences il y a deux systèmes:
-Déposer la faïence, appliquer un fongicide, reposer la faïence.
-Injecter du "coulis" de ciment (ou barbotine), augmenté d'un fongicide, afin de combler la partie vide entre le mur en béton et les carreaux. Cette technique permet aussi de re-solidariser les deux matériaux entre eux et d'éviter ainsi la présence d'une poche d'air propice au salpêtre. Techniquement cette injection se fait par "gravitation" en mettant en place une gaine en caoutchouc à la surface du panneau à traiter, le forage se fait minutieusement afin d'atteindre la poche d'air située juste derrière le revêtement pelliculaire, une fois la gaine mise en place le coulis de ciment est versé dans la susdécrite gaine, il prend alors la place du vide. Un bouchon est appliqué au système lorsqu'il n'est plus usité, afin aussi de réitérer l'opération pour palier à l'effet de retrait du ciment lorsque l'eau de gachage contenue dans celui ci s'évapore. Cette utilisation du coulis par gravitation est aussi utilisée dans les monuments historiques pour sceller les pierres isolées, on les pose sur cales de bois ou de plastique, puis après avoir obstrué les joints en façade on coule de la chaux liquide dans la maçonnerie via un verseur en caoutchouc. (une bouteille en plastique et un bout de tuyau d'arrosage fait aussi bien l'affaire)
Voila.
ps: Miss gaymard ne fait elle pas partie du conseil d'administration de sos tout petit?
Rédigé par : Louis | 23 janvier 2005 à 21:26
le sommaire est écrit trop petit à gauche, ce qui le rend illisible
Rédigé par : blabla | 12 décembre 2005 à 22:33