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10 septembre 2004

Commentaires

Fulcanelli

Ton commentaire est mesuré. Moi j'appelle ça le suicide du PS

Tlön

Tiens on a eut la même idée de billet...Ca pue tellement la petite manoeuvre politicienne que c'est à se demander si il ne se fout pas de nous!

Eolas

Hé hé... ce matin en me levant, j'écoute la radio et entends, incrédule, les déclarations de Fabius. Il a fallu que France Info diffuse un extrait de son interview, avec sa voix et ses mots, pour que je le croie.

Quelle a été ma première réaction ?

"Tiens ! Versac a sa note du jour..."

Je crois que je deviens névrosé.

Sur "l'affaire" (Fabius n'est que le numéro 2, tendance minoritaire, du parti d'opposition, n'éxagérons pas l'importance du bonhomme), je pense que Fabius a surtout montré un manque de courage politique peu commun doublé d'une vanité hélas plus commune.

Manque de courage car c'est bien un non qu'il a prononcé, mais d'une façon où il pourra dire à ceux qui voudront, bien le croire "j'aurais bien voté oui, mais je vote non par la faute de Jacques Chirac".

Vanité, car il interpelle le président de la République, par dessus la tête du chef de son parti et du ministre des affairs européennes et du premier ministre, pour montrer que le seu linterlocuteur qu'il considère comme son homologue est le Chef de l'Etat.

Et après, on ironise au PS sur les ambitions mal dissimulées de Sarkozy ?

Enfin, sur le thème de l'Europe sociale, c'est un thème que j'ai abordé avec une amie tout juste élue sénatrice PSOE en Espagne. Le PSOE ne veut pas entendre parler de l'Europe sociale du PS français, car ce programme consiste pour eux à taxer le tabac, l'essence et l'alcool comme en France (trois facteurs clefs dns le tourisme ibère) et à refuser des délocalisations dont ils sont encore bénéficiaires. Si la France obtenait des résultats satisfaisants, passe encore, mais en plus, elle ne parvient pas à respecter les critères de convergence, ce que fait l'Espagne depuis le début. Elle conclut que l'Espagne n'a pas à payer pour les erreurs de politique économique de la France qui est pourtant plus riche qu'elle.

je suis sûr que le Labour pense pareil, ainsi que les sociaux démocrates allemands.

Donc l'Europe sociale ne se fera pas. Dieu merci. Et ce ne sera pas du fait de Jacques Chirac.

Mais je soupçonne Fabius de le savoir parfaitement.

2u

J'entendais (sur France Inter) ce matin un commentaire qui citait L.Fabius lui-même.

Je restitue de mémoire "La différence entre un homme politique de gauche et d'extrème droite, est que le second dissimule ses arrière pensées dans ses actes".

Les arrière pensées personnelles de Fabius étaient tellement présentes dans son commentaire sur le traité de Bruxelles, que le voilà qui s'est rangé du côté des souverainistes au sein desquels on trouve... ?

Ceci dit, qui a lu -ici- ce projet de constitution ?
Pas moi (I confess).

Krysztoff

Globalement d'accord pour considérer la prestation de Fabius comme particulièrement ratée hier soir. Mais...

Versac, je vous cite: "Comment mettre au même plan le cadre institutionnel et la politique menée ?"

A partir du moment où l'article I.3 du traité constitutionnel (et non de la Constitution) pose comme objectif de l'Union "un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée" (et ce pour toute activité puisqu'aucune n'est explicitement mentionnée, avec toutes les conséquences prévisibles sur les notions de monopole public, de service public voire même d'entreprise publique), que l'on soit pour ou contre, n'est-on pas dans la politique générale menée par l'Union et plus dans le cadre institutionnel?

A partir du moment où la Banque Centrale Européenne, dont l'indépendance est réaffirmée (Art I.29) et dont le seul objectif est la stabilité des prix (donc une modération salariale imposée aux membres de fait, donc l'impossibilité de toute relance par la demande publique de type keynésienne, politique menée depuis deux ans par l'administration Bush), ne déborde-t-on pas du cadre strictement institutionnel?

Je m'arrête là pour les exemples qui montrent que ce traité va bien au-delà d'un simple cadre institutionnel.

Par ailleurs, si l'on veut pouvoir débattre sereinement sur ce sujet crucial, il faudrait cesser d'amalgamer toute réticence quant à l'approbation de ce traité à un extrémisme de droite! De fait, malheureusement, on peut se retrouver, lorsque l'on est en désaccord avec ce traité, en mauvaise compagnie. Mais est-ce parce que Le Pen dit qu'il pleut que, sous un déluge, on ne puisse plus en dire autant alors même que tout le monde se mouille? Doit-on soutenir qu'il fait beau simplement pour ne pas être, sur ce sujet là, du même avis qu'un fasciste? Alors, le débat est mort, et Le Pen a gagné.

Eolas

Krystoff : D'accord avec votre remarque, à ceci près que ce Traité (vous avez mille fois raison de souligner que ce n'est pas une constitution, ce terme est une supercherie), sur les points que vous soulevez, n'innove absolument pas.

Depuis la Communauté européenne du charbon et de l'acier, ancetre de l'UE, l'Europe communautaire est un espace de libre échange et libre circulation. C'est sa nature, c'est pour ça qu'elle a été créée. Et de là vient son succès : la croissance des Etats membres, surtout au profit des pays ayant adopté une politique libérale, soit dit en passant.

La gauche française, avec ses formules sur "l'europe sociale", rêve de jeter 50 ans de construction européenne aux orties et d'en faire un espace de dirigisme étatique sur le modèle français. Fabius, que je ne soupçonne pas d'appartenir à la branche la plus interventionniste du PS, se rallie à ce parti qu'il sait avoir perdu d'avance pour trouver un alibi au non qu'il va prononcer.

C'est couard.

J'abonde dans votre sens sur la remarque finale sur la liberté de voter non, qui me taraude, moi, un européen convaincu, à la lecture de ce mauvais texte.

Mais las ! Un referendum est binaire : c'est oui ou c'est non. Et le non sera interprété comme un non à l'Europe et non à la "constitution".

Il ne sera pas interprété comme un "non à ce texte, faites nous une vraie constitution créant un Etat, au nom du ciel !", mais permettra au Front national, au PC, à l'extreme gauche, au MPF et au MDC de se gargariser d'avoir terrasser l'hydre de Bruxelles.

Ca m'emmerde que mon bulletin puisse servir à ça, alors que c'est le message contraire que j'aurais voulu glisser dans l'urne.

Pour filer votre métaphore, je ne veux pas dire qu'il pleut, mais que demain, il fera beau...

rosalie

Mais le débat était engagé depuis fort longtemps,nous
n'avons vus que des attentistes de tout poil,à Droite
comme à gauche d'ailleurs;un des premiers à s'engager
fut Dominique Strauss-Kahn. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'y avait aucune stratégie à l'époque
de la part de cet Européen convaincu,pendant que d'autres pensaient aux régionales.Souvenirs,souvenirs.

Krysztoff

Eolas: Que ce traité n'innove pas sur bien des points et en particulier sur l'orientation politique générale donnée à l'Union, je vous l'accorde très volontiers.

Mais est-ce une raison pour accepter une fois de plus cette ligne politique si on la conteste. Combien de fois le peuple a t-il eu l'occasion de faire entendre sa voix? En 1992 pour le référendum sur Maastricht, où faut-il le rappeler, le oui est passé in extrémis. Ce qui d'ailleurs a conduit nos gouvernants à surtout ne pas renouveler l'expérience pour Nice et l'élargissement. L'un des seul pays à avoir voté lors du traité Nice (traité qui au passage a été accepté par les socialistes de l'époque en France, Lionel Jospin en tête, et que ces derniers ne cessent de critiquer aujourd'hui comme le mal absolu pour nous convaincre de voter oui à ce nouveau traité) est l'Irlande qui avait voté une première fois contre et que l'on a fait revoté pour "vote non conforme" pourrait-on dire ironiquement!

En 1957, Mendès-France, que l'on peut qualifier d'homme d'Etat, a prononcé un discours magistral pour expliquer son refus du traité de Rome, discours visionnaire sur l'évolution de l'Europe qui naissait sous ses yeux:

« Le projet du marché commun, tel qu'il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du XIXème siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes.

« L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne, par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale »

Cela ressemble très, mais alors très très étrangement à la Commission Européenne...

Alors, oui, je pense que ce référendum, s'il y lieu, car après tout, ce n'est qu'une promesse de Chirac, peut représenter un séisme salvateur dans cette machine infernale qu'est devenue, au fil des traités et des renoncements, en particulier des socialistes, la construction européenne. Et peut permettre au peuple de se réapproprier ce qui devrait être la grande Aventure de ce début de 21ème siècle pour les peuples européens mais aussi pour l'équilibre mondial : construire une Europe politique forte à côté (et non face) des Etats-Unis. Ce traité ne le permettra pas, j'en suis convaincu.

Et au passage, un référendum permettrait également de clarifier la scène politique française en faisant je l'espère imploser un PS qui ne tient que par la perspective de retrouver, au gré de la prochaine alternance, le pouvoir, alors même que, et le débat actuel le met en lumière, sur un point fondamental, l'Europe, il n'y a aucun point commun entre DSK par exemple d'un côté et au moins deux tendances certes minoritaires (Nouveau Monde et NPS) mais représentant plus de 30% du PS au moins de l'autre. Un rapprochement de l'aide sociale-libérale-européenne du PS avec l'UDF (des appels du pied ont d'ailleurs déjà eu lieu en ce sens au Parlement européen et entre Rocard et Bayrou) et une recomposition de l'autre partie du PS avec le PC, le MRC et les Radicaux dans une gauche républicaine, clarifierait à gauche le paysage. C'est ce qui s'augure autour de cette question européenne, et ce qui permet que les masques tombent enfin...


Tlon

Krysztoff, on ne peut qu'être d'accord avec votre dernier point..mais il ne me semble pas que la position de Laurent Fabius aille dans ce sens, celui d'une certaine clarification...
Le moletisme où la maladie sénile du socialisme français.

Eolas

Krysztoff : Le discours de Mendès France mentionne en fait ce qui me donne envie de voter pour cette constitution : l'idée libérale qui a inspiré la construction européenne. Et il faut être sérieusement nombriliste en France pour imaginer un seul instant que les autres pays de l'Europe, fut-elle à 25, ait envie de se voir imposer notre modèle social.
Je cite Eric Le Boucher, dans sa chronique du Monde de ce week end : "La France "sociale", c'est un taux de chômage de 10 % qui frappe particulièrement les jeunes, une incapacité devenue explosive à intégrer les populations immigrées, un Etat obèse menacé d'impuissance qui vit d'une fiscalité record. Il n'y a guère que les Français, orgueilleux et bien peu lucides, pour y voir un modèle et croire qu'il peut en tenter d'autres..."
Il lit dans mes pensées.

La construction européenne ne peut se faire que sur la liberté de circulation des personnes et des biens, idée libérale, donc honnie en France. L'épouvantail des délocalisations est bien utile comme excuse à l'impuissance de l'Etat et pour effrayer l'électeur avec le spectre du libéralisme. C'est occulter que les délocalisations ne sont à l'origine que de 5% des disparitions d'emplois, ce qui veut dire que 95% de ces disparitions sont des destructions pures et simples (faillites, plan sociaux) et que la France est incapable de créer des emplois, ce qui est bien plus important que de s'arc-bouter sur ceux existant.

La construction européenne est la seule chose qui puisse contraindre les gouvernements successifs à sortir de leur politique de "plus d'Etat".

Voilà donc qui me pousse d'autant plus à voter "oui", au-delà de ce texte de compromis bien décevant.

skoteinos

C'est plus de la démagogie que du populisme…

rosalie

Que Le Parti Socialiste souhaite revenir au pouvoir me
semble sain,si l'ambition n'était pas au rendez-vous,moi
la première je m'en étonnerai.
Plusieurs statégies s'affrontent sur le meme terrain celui de la constitution Européenne:beaucoup ont trouvé
autour de moi, très malvenu que François Hollande focalise jes journées de la Rochelle sur ce problème.
Quand à l'intervention de Laurent Fabius elle est très
mal percue: à l'unanimité la ficelle est un peu grosse.
Je vous épargne toutes les paroles de ressentiment entendues,mais je vous signale qu'elles sortent de la
bouche de quelques humbles socialistes à qui on ne la
fait pas.
Pour finir il y a celui qui mène son petit bonhomme de
chemin,en ce moment il parle éducation sur son blog et c'est très bien.

Krysztoff

Rosalie: Je vois que nous avons affaire à une DSKophile enthousiaste, qui a déjà fait son choix pour 2007, n'est-ce pas :-) Certes c'est un esprit brillant, certes c'est un grand communicateur, certes il a une femme charmante, mais pour diable s'acharne t-il à toujours se présenter comme socialiste? Comme je le disais dans une de mes précédentes interventions, Bayrou a des positions parfois plus "sociales" que DSK.

Je suis par ailleurs en train de lire son intervention sur l'école et je remarque dès le début une affirmation hautement contestable: "Pour sortir de la compétition internationale par le haut, il faut miser sur la formation, il nous faut plus de diplômés, dans tous les domaines, il nous faut surtout développer des compétences et des qualifications que les autres n’ont pas. " Et bien certains (Michel Godet par exemple, dont je ne partage pourtant pas toutes les analyses loin s'en faut) pensent justement que nous poussons trop les jeunes vers des études supérieures. Preuve en est d'ailleurs le taux important de chomeurs diplômés, alors même que nous manquons cruellement d'emplois de services de proximité, de services à la personne, d'artisans et de métiers manuels! Mais cette réthorique de la société de la connaissance est tellement "mondialiste" que nous sommes aveugles sur les véritables besoins du pays. Les emplois de proximité ne sont pas soumis à la concurrence des pays en développement ou à faible coût de main d'oeuvre. Elle est là la solution pour réduire le chomage massivement en France.

Eolas: Vous êtes libéral. Fort bien. Je le suis moins (économiquement parlant évidemment, mais je ne remets pas pour autant en cause la libre circulation des biens et des personnes dans la CEE, qui la remet en cause? même les communistes et la LCR ne l'osent plus! Il est ainsi un peu fort de considérer cette idée comme honnie en France). Vous vous en doutiez. Pourtant, je ne suis pas certain que les questions que l'on se pose en France sur l'orientation libérale de la construction européenne soit particulièrement nombrilistes. C'est une stratégie intéressante que de nous culpabiliser en nous faisant croire que nous sommes les seuls en Europe à être réticents devant cette constitution. Mais elle masque la réalité des débats qui agitent nombre de pays européens, y compris les nouveaux. Comment expliquez-vous l'abstention massive aux dernières élections européennes, en particulier dans les ex-pays de l'Est, Pologne en tête? Que faite-vous de pays comme la Suède (en voilà un autre un modèle "social"), la Norvège (qui n'est pas dans l'Europe et qui pourtant n'en devient pas pour autant un pays sous-développé)? Pourquoi l'Irlande ou même la Grande-Bretagne, pays pourtant réputés libéraux, ont-ils tant de mal à continuer le chemin avec nous? Autant de raisons particulières différentes peut-être, mais qui montrent l'essoufflement de la construction européenne. Et ce nouveau traité est tout sauf une nouvelle respiration (vous dites vous-même qu'il reprend nombres des précédents traités). Un étouffoir plutôt.

La France n'est pas un modèle, peut-être. La France doute. Parce que la France a été depuis deux siècles une nation fortement politique, au sens noble du terme. Et que la construction européenne aujourd'hui est devenue une négation de la politique, comme le pressentait fort justement PMF, une expertocratie totalitaire. Car est-on encore en démocratie, peut-on encore avoir des débats politiques lorsque l'on vous explique à longueur de médias dominants et d'hommes "politiques" qui en ont fait leur métier (là encore contradiction énorme, comment peut-on faire une carrière politique sans renoncement?) qu'il n'y a pas d'autre choix ou que toute alternative est au mieux utopique, au pire fantaisiste, populiste, archaïque, mensongère, et je ne sais quoi encore? Le tout motivé non pas par une idéologie (horreur, les idéologies sont mortes avec le Mur de Berlin, tout le monde le sait), mais par des analyses économiques implacables, "scientifiques", mathématiques, dont objectives (sic!)!

Pour finir provisoirement, même si je serais heureux de continuer le débat (car, finalement, il n'y a que cela de véritablement intéressant), petite question au passage: la France "sociale" que dépeint Eric Le Boucher, celle des 10% de chômeurs, c'est la France de Raffarin le libéral, ou celle de Jospin le socialiste?

rosalie

Je confirme etre brillant,socialiste et en plus avoir une femme charmante ça aide.
Comment veux tu etre compétitif si tu n'investis pas dans la recherche,l'éducation; les gouvernements de
Droite qui se sont succèdés n'ont pas montré l'exemple que je sache,mais je reconnais qu'il doit etre assez
difficile d'etre ministre de l'éducation nationale.
Certains pensent comme Michel Godet que nous poussons trop les jeunes vers des études supérieures:
C'est un avis que je partage d'ailleurs si tu consultes
les archives de DSK tu verras que je m'étais à l'époque
opposée à tout le monde.J'ai toujours été en désaccord
avec cette idée de Laurent Fabius: 80% de réussite au
bac,bien sur on peut avoir l'ambition de pousser les enfants à ce diplome, et pourquoi pas jusqu'à l'université.Mais arrretons de nous raconter des histoires, ce diplome n'est plus ce qu'il était, les
exigences n'existent plus le courage politique manque.
Laisser croire à des tas de jeunes qu'ils peuvent faire
des études alors qu'ils n'ent ont pas les moyens c'est
du succide.
Quant à DSK il est plus socialiste que Bayrou,mais je trouve ta comparaison marrante.

Eolas

>Rosalie : "Je confirme etre brillant,socialiste et en plus avoir une femme charmante ça aide."

On t'a reconnu, François Hollande.

rosalie

Lol!

versac

Je vois qu'on discute chez moi en mon absence (j'étais en voyage professionnel). Merci de votre riche débat. Particulièrement Krysztoff, nouveau venu dans ces colonnes.

Krysztoff, je suis en accord avec toi sur certains points (la vision de la politique qui ne doit pas être un métier, par exemple), mais, sur l'Europe, pas du tout.

Le traité me semble globalement bon. Certes il ne va pas aussi loin que certains le souhaiteraient (dont je fais partie), sur différents axes. Mais il apporte de grandes avancées, qui vont dans le sens d'une coopération lus efficace, plus démocratique, sur les plans économiques et sociaux. Le choix entre les conditions du traité et celles de Nice est vite fait. C'est ce choix qui est aujourd'hui nécessaire, c'est la question qui est posée.

Les incantations sur "l'Europe sociale", slogan répété à longueur de temps, personne n'en veut à part nous en Europe. Tu parles de la Suède : elle ne souhaite pas répliquer le modèle français au niveau européen, surtout pas. Les pays performants, qui ont payé lourd des réformes nécessaires, ne veulent pas se voir imposer les manques des mastodontes lents à se réformer, dont la France est bien le pays le plus à la traine.

Un traité entre 25 pays, c'est long et compliqué. Celui qui a été conçu correspond au meilleur compromis possible actuellement. Dire non, c'est tout simplement remettre en cause la logique de la coopération européenne, c'est remettre en cause la logique de l'avancement progressif, par petits pas, qui a fait que nous sommes passés d'une coopération sur le charbon et l'acier à une intégration économique forte, en moins de quarante ans. Dire oui, c'est dire : on continue, on va dans le bon sens. Et le sens est bon, puique ce traité n'est pas la carcature "néo-libérale" qu'on veut nous faire croire.

Krysztoff

Versac: Merci pour l'accueil. Je lisais avec intérêt depuis plusieurs semaines votre blog sans y avoir jusqu'à maintenant contribué. Ce sujet me passionnant tellement, je me suis lancé!

J'ai dit passion. En effet, même si certains de mes propos peuvent me faire passer pour un euro-sceptique, je pense être tout le contraire (un peu comme Fabius quoi :-). Comme je l'ai déjà écrit un peu plus haut, je crois profondément que la construction européenne est la grande Aventure pour ce continent en ce début de siècle. Et pourtant, force est de constater que l'idée européenne (c'est à dire non pas seulement l'idée d'un marché unique, mais l'idée d'une Europe-puissance pour reprendre une expression à la mode chez nous mais visiblement de moins en moins ailleurs en Europe, d'une Europe politique, d'une Europe égale et non vassale des Etats-Unis, de la Chine bientôt) recule au fil des traités et des consultations des peuples européens, y compris chez les nouveaux entrants (et ce n'est justement pas pour déplaire aux Etats-Unis, en termes géopolitiques stricts).

Nos gouvernants y sont certainement pour quelque chose, à force de prendre l'Europe comme bouc émissaire permanent à leurs renoncements successifs.

Mais la dérive bureaucratique et, quoi que vous en disiez, libérale (pas besoin d'aller jusqu'à néo-libérale) de la construction européenne, le côté TINA (pour "there is no alternative") du discours politique et médiatique dominant, l'arrogance technocratique, expertocratique et totalitaire de la Commission (je l'ai pratiquée professionnellement parlant) sont aussi responsables du recul de l'idée européenne chez les peuples européens.

Certes tout cela n'est pas nouveau. Mais ce traité ne me semble pas apporter de réelles réponses nouvelles et des garanties de réorientation de la construction européenne qui mobiliseraient à nouveau les peuples. Or l'Europe ne se fera pas contre ses peuples. Il n'est pas fréquent qu'ils aient l'occasion de l'exprimer. Le prochain référendum en est une. Au jour d'aujourd'hui je pense que je voterai non. Pas à l'Europe, à cette Europe.

versac

Je reviens sur le titre de ce billet : il ne s'agit pas pour moi de simple démagogie, dont Fabius n'aurait pas le monopole de l'utilisation. Je me pose la question du populisme de Fabius.

Rapppelons une dfinition qui me parait assez juste du populisme : celle de Gay Hernet dans « Les populismes dans le monde » (Fayard, 2001)
« Cette méthode se fonde ... sur la captation unilatérale et en leur état brut des préjugés individuels d'une masse plus ou moins considérable des gens, ou parfois de la majorité d'entre-eux. Et ce sont ces préjugés individuels que les populistes transforment ensuite en mythe collectif dont le caractère factieux ou fallacieux résultent de ce qu'ils sont en dissonance avec le travail de légitimation à long terme conforme au mode de socialisation politique dominant."

L'exploitation des préjugés individuels contre les délocalisations, transformés en un mythe collectif, est de nature populiste.

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