Vu hier l'émission avec Giesbert et sa petite bande, dont le thème était le mariage gay. Je confirme : Giesbert est un mauvais animateur, qui se donne des airs, et qui ne maitrise pas son débat. Il invite à chaque fois Pierre Bénichou, qui dit des énormités plus grosses que lui.
Pierre Bergé est un personnage détestable, qui, dans son costume Saint-Laurent, avec son appart' de luxe dans le VIIème, sa voiture avec chauffeur, dit détester tout ce qui est "bourgeois".
Le débat était à un niveau inférieur au café du commerce. Seuls à tenter de l'orienter vers de vraies questions : Elisabeth Roudinesco, François Reynaert, et Xavier Lacroix, qui m'a fait une forte impression. Il était le seul à réfléchir sur cette vraie question (faut-il institutionnaliser l'union homosexuelle dans une institution à but familial ?). Bergé, tout plein de ses haines anti-curés et de ses mépris (une pique à Jospin, sans vouloir même citer son nom, tant il le méprise) était odieux avec lui.
Bref, on avance peu à peu sur ce débat. Moi-même, je commence à me forger des idées. Mais je crois essentiel qu'on avance pas à pas et progressivement. On touche quand même à une institution forte de notre société : la représentation de la famille dans les institutions sociales...
et c'est quoi, finalement, ton idée sur la question ?
Rédigé par : sans moi, indécise | 10 juin 2004 à 11:03
juste une remarque : ce n'est pas la première fois que le mariage, dans son fondement religieux, est remis en cause : le divorce, aujourd'hui si banal, était en son genre une révolution dont certains pensaient qu'elle allait tuer cette institution...
Rédigé par : jean-sébastien | 10 juin 2004 à 13:39
Jean-seb : pas si sûr que celà ne tue pas à long terme l'institution...
Ce que je veux dire, et je l'exprime mal à me relire, c'est qu'il faut sûrement aller un peu plus loin que la simple ouverture du mariage aux gays, dans la foulée d'un débat rapide.
On ne ferait certainement que satisfaire des militants, donner un "signe fort" à une communauté, là où, je crois, c'est la prise en compte de la famille dans nos sociétés, son institutionnalisation qui ont besoin d'une sérieuse évolution.
Si on dissocie mariage de famille et de filiation, on vide de sens l'institution du mariage, en en faisant la simple reconnaissance sociale d'un amour (ce qui exclut tout cadeau fiscal...). Autoriser le mariage et l'adoption aux couples homos mariés, c'est déplacer une inégalité entre couples mariés et non mariés.
J'ai l'impression qu'on déroule une pelote avec cette histoire, qui est très intéressante, car elle parle des modèles et des guides de notre société.
Rédigé par : versac is gros dégueulasse | 10 juin 2004 à 14:01
Nicolas : est-ce que tu as lu cet article?
http://www.liberation.fr/page.php?Article=212645
Parce que ça me semble une tentative intéressante de voir le problème sous un angle différent.
Rédigé par : Emmanuel | 10 juin 2004 à 15:55
J'ai vu l'émission aussi. Le plus bizarre était sans doute Milner qui refusait de trancher en un sens ou l'autre et enrobait son Principe de précaution de mille précautions oratoires.
Rédigé par : Phersu | 10 juin 2004 à 17:03
Pas vu l'émission mais allons y...
Sujet complexe sur lequel j'ai d'ailleurs évolué.
Il y a longtemps que le mariage n'a plus de fondement religieux. Pour preuve seul le mariage civil est reconnu dans ce pays. Quel est le fondement du mariage civil. C'est je pense l'organisation de la filiation. Or il se trouve que historiquement la filiation s'est déconnectée du mariage selon le shéma suivant : fin du mariage arrangé, prééminence accordée au mariage d'amour divorce, famillle mono parentale,reconnaissance des droits des enfants adultérins, procréation médicale assistée, adoption accordé au célibataire...). C'est un état de fait et dont les diverses modalités sont plutôt des progrés. En conséquence et compte tenu des éléments ci dessus je ne vois pas comment on peut s'opposer au mariage gay. Tous les arguments contre le mariage remettent en cause l'un des éléments de la chaine. Idem d'aileurs pour l'adoption.
On peut alors proposer soit
1)une privatisation compléte du mariage mais le hic c'est la polygamie..pourquoi un individu ne pourrait passer plusieurs contrats..
2)un super Pacs mais quelle différence avec le mariage..quel est le statut des couples hétéro super pacsé. Il y aurait des familles reconnues et d'autre moins reconnues..
la demande de mariage de la part des homosexuel(les) est paradoxalement l'éloge d'une institution longtemp décriée : la famille. Ecrit un peu vite, j'espere avoir été clair.
Rédigé par : tlon | 10 juin 2004 à 19:04
je souscris à ce que vous dites Tlön et Versac et suis complètement d'accord pour élargir le débat afin de redéfinir des notions peut-être empesées avec le temps, et pas seulement faire plaisir à un "lobby" ou quelque chose de la sorte...
je ne suis pas sûr d'ailleurs d'interpréter la demande d'accession au mariage par les homosexuels comme une demande conformiste, une façon de rentrer dans le rang, mais plutôt comme le désir de faire partie intégralement de la société, ce qui me semble plutôt encourageant pour ne pas dire citoyen...
et puis je ne vois pas pourquoi une communauté devrait être l'étandard de la contestation ou de l'anticonformisme (c'était la position de Duteurtre dans une tribune de Libération); c'est une question d'individus, pas de groupe...
Rédigé par : jean-sébastien | 10 juin 2004 à 20:05
J'abonde.
Au fil des échanges de blog, des articles, des discussions, un débat prend forme. Et j'évolue.
Je suis assez d'accord sur la privatisation. Le mariage devrait devenir un contrat de droit privé entre deux individus. Mais on peut tout à fait lui laisser la contrainte de la monogamie (et continuer à interdire l'inceste). Celà n'est pas à mon avis contradictoire (je n'ai pas compris ces objections sur le blog de DSK).
Reste que je ne suis pas sûr que l'on mesure la puissance de la désinstitutionnalisation de ce qui était un fondement de nos sociétés (de toute société ?) : la famille, au sens mixte et filial du terme.
Je récuse cette idée qui serait celle d'un "embourgeoisement", de la fin d'une transgression de la part des gays, comme s'il l'avaient voulue auparavant, cette marginalité. Il s'agit de liberté pour chacun de s'unir dans un contrat de couple équitable.
Quant à l'autre débat, celui sur l'adoption, je reste très perplexe encore. Mais on a encore un peu de temps pour mûrir.
Rédigé par : versac | 10 juin 2004 à 23:25