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comment je fais pour me remobiliser ? (pour Emilie)

Chère Emilie et chère toi ma chérie-chéri, 

le jour où tu m'as posé la question "comment je fais pour me remobiliser quand j'ai envie d'envoyer tout promener", lundi, était justement l'un des jours où j'ai commencé la journée super découragée. 

Il faut savoir que je suis très dépendante de l'amour, de mon amoureux, et que ledit amoureux est resté une semaine à la campagne pendant que moi je suis revenue à Malakoff, avec du travail, et ma fille malade, l'autre absente aussi cette semaine, et toute la maison à porter seule. J'ai eu dimanche soir et lundi matin, un gros moment de découragement. 

Alors ce que j'ai fait : j'ai regardé mon agenda, examiné tout ce qui pouvait être annulé ou reporté, retardé, et j'ai annulé ou reporté. 

Puis j'ai passé la journée à chouchouter ma maladoute, à ranger la maison, à écrire mon livre, et à préparer avec plus de soin que d'habitude la formation du lendemain.

Le soir venu, j'avais un rendez-vous avec des amis à Paris et j'ai filé au Quartier Latin. Il faisait un temps glorieux, nous nous retrouvions à 5-6 copains de promo d'HEC qui avions créé ensemble un journal, le Cri du Caillou, et c'était drôle et joyeux de se retrouver "toute la bande" 25 ans plus tard, au Café de Flore, même si avec la plupart d'entre eux on se revoit de temps en temps, nous ne sommes jamais réunis ainsi en tant qu'anciens du Cri du Caillou et j'étais comme une petite folle. 

Voilà ma stratégie ce coup-ci : alléger, me demander "qui est ma prochaine ou mon prochain" et faire ce qui me semble le plus important et ou me donne de la joie. 

Post le Bootcamp qui n'a pas eu lieu, j'ai regardé la télé !! deux saisons d'une série trop chouette en deux jours ! (The split, sur Arte). 

Puis j'ai repris ma liste de choses à faire que j'avais pris soin d'écrire la veille, et j'ai déroulé les actions, l'une après l'autre. Ce n'était pas facile forcément de m'y remettre, j'ai dû donner un coup de rein ET à la fois savoir que j'avais ces choses à faire, notamment envoyer mon synopsis d'agenda et reprendre l'écriture du livre, avoir cette corde à tirer qui était là devant moi, je n'avais qu'à m'y accrocher avec mes deux mains et zouip. Avancer. Les premiers pas étaient un peu durailles et au bout de quelques minutes, j'étais dans l'action, en voiture Christounette. 

Bon et sur une base quotidienne, il y a (en plus de mon amour d'amour qui habite avec moi d'habitude) le chien et les plantes. L'ordonnancement des plantes dans la maison et sur le balconou, m'occupe quand j'ai besoin d'une activité simple et gratifiante, et m'emplit d'une joie pluriquotidienne. Et Hush, this love ball qui est presque toujours partant pour un calin ou un jeu ou goûter un bout d'épluchure de carotte, Hush que je vais promener une à trois fois par jour... Ben il m'aime et il me sort, et l'amour et le mouvement sont deux composantes essentielles de mon bonheur ou de mon retour au bonheur. 

(Ah oui j'ai aussi une quarantaine de flacons d'huiles essentielles, dont le petit grain et la marjolaine et l'hélichryse qui agissent fort à propos sur mes humeurs !)

Voilà chère Emilie l'état de ma science aujourd'hui ! 

Et toi comment fais-tu pour te remettre en selle ? 

 

la fidélité à un artiste

Avec mon petit frère, qui est aussi mon seul frère, avec mon frère donc, on a décidé de s'offrir comme cadeaux, des spectacles qui nous tentent tous les deux et qu'on va voir ensemble, tous les deux. Enfin, on l'a fait deux fois et les deux fois nous en sommes ressortis très très contents, l'un et l'autre, donc on se dit "Encore". 

Le premier spectacle c'est lui qui l'a choisi (et offert), le deuxième spectacle c'était moi et on a été voir Stallone, joué par Clothilde Hesme et un autre dont j'ai oublié le nom. C'est l'histoire de Lise, qui est secrétaire d'un médecin et mollement en couple avec Michel. Et un jour au ciné elle voit Rocky 3 et elle a une révélation : elle va reprendre ses études de médecine, et quitter Michel. A partir de là évidemment sa vie change, et elle tient une tellement grande gratitude à Sylvester Stallone, qu'elle se promet d'aller voir tous ses films. 

J'ai adoré cette pièce, mon frère et moi on l'a adorée. L'histoire est géniale, émouvante, et Clothilde Hesme est époustouflante, et son comparse beaucoup plus sobre, faisait le contrepoint parfait avec elle. Ce moment et cette histoire m'ont permis de faire le parallèle avec ma propre "relation" avec Julia Cameron - la manière dont j'ai le sentiment qu'elle a changé ma vie. Evidemment ce n'est pas elle, j'ai lu son livre ET j'ai agi - la plupart des personnes ayant vu Rocky 3 n'ont pas quitté leur copain ni recommencé leurs études, et sans doute que les 5 millions de personnes qui ont lu The Artist's way n'écrivent pas toutes leurs pages du matin ni ne partent chaque semaine dans leur petite aventure en solo. La lecture du livre de Julia a marqué un tournant dans ma vie et je lui en garde une telle reconnaissance que non seulement j'en parle à tout le monde, j'en ai aussi acheté et offert des dizaines de copies, je consacre une partie de ma vie professionnelle à partager ses outils, et aussi, je me suis engagée à acheter tous ses livres qui paraissent pour "la remercier". 

Et aussi parce que la plupart sont super bien. Et m'aident à approfondir ses notions (Walking this world, The sound of paper, The vein of gold). Ou d'autres notions (The abundant Heart, The right to write).  

J'attendais avec impatience son avant dernier bouquin, The listening path, sur l'écoute, et j'ai été un peu déçue, je n'ai pas retrouvée "ma Julia", ou alors je l'ai retrouvée mais super déprimée, pleine de doutes. Dans certains de ses livres les doutes et la dépression font partie du paysage et sont même encourageants, c'est dans The sound of paper je crois qu'elle m'a montré à quel point même très très déprimée, même sans très peu de courage pour vivre, il est tout de même possible a. de rassembler suffisamment de courage pour écrire et b. d'y puiser de la force et de la fierté et de l'aide pour vivre et c. d'aider d'autres gens et de les inspirer, qu'ils soient déprimés ou pas. Lorsque moi-même je me sens très très bas, repenser à ce livre et au courage et à l'honnêteté de Julia, me permet d'y aller quand même, d'offrir ce que j'ai à donner sur le moment qui n'est pas de l'enthousiasme délirant mais au contraire une faille profonde, et de cette faille profonde peut jaillir une vérité, un geste qui en aidera d'autres comme le livre de Julia m'a aidée moi. 

Bref, après avoir lu The listening path, je n'ai pas trouvé la même précision dans l'analyse et la recenssion de ce sentiment de dépression, et du coup pas la même aide, juste un voile de tristesse et d'ennui. Et un an plus tard, que vois-je, un nouveau livre qui sort, celui-là je ne m'y attendais pas et j'ai hésité à l'acheter, ayant été déçue par le précédent. 

Mais c'était sans compter sur Clothilde Hesme et sur Lise, le personnage qui se cogne tous les Sylvester Stallone au cinéma, tant pis si ce sont des navets elle lui doit bien ça. Et j'ai pensé, c'est vrai, à ma Julia, que son livre soit bon ou mauvais, je lui dois bien ça moi aussi. Alors va pour son petit nouveau, Seeking wisdom. 

Aussitôt reçu... aussitôt il ne va pas du tout dans ma pile à livre mais je commence à le lire. Bon, je trouve toujours qu'elle a perdu son côté précis précis précis qu'elle avait auparavant. Comme si elle voulait protéger je ne sais qui. Mais tout de même, les détails qu'elle donne. Sa manière de raconter les rencontres. Et surtout le sujet - comment elle demande à Dieu de la guider. Et comment elle écoute la guidance de Dieu. Le livre pourrait et se résume dans ces deux lignes ! Et que c'est bon, que c'est bon de retrouver la voix d'écriture de ma Julia. Que c'est bon de lire ses doutes, et la manière dont elle avance avec eux. Que c'est bon de la sentir en effet, guidée et protégée par Dieu (on peut l'appeler comme on veut hein). Que ces paroles me parlent, et me guident, aujourd'hui où je me sens à plein d'égards tellement perdue.

Et bien, je le suis beaucoup moins, perdue, à présent que je retrouve sa voix dans ma tête et dans mon coeur. Et à présent que je suis sa guidance à elle, et demande conseil et protection à Dieu ou à qui que ce soit qui m'entoure - il me répond, je fais ce qu'il me dit (à part pour la piscine, là je n'arrive plus à y aller, je vais demander de l'aide à une amie humaine !), et je m'en trouve plus heureuse et raffermie dans ma joie. 

Ma chérie-chéri- je dois filer, une amie m'attend à l'autre bout de Paris. Et je t'ai dit tout ce que je voulais te dire ce matin : merci la fidélité à Julia, et merci de ta fidélité, toi qui viens et reviens lire ici, toi qui achètes mes livres, les bons comme les moins bons, ceux qui te parlent et ceux qui te parlent moins - comment ont peut savoir à l'avance où un texte va nous trouver, nous toucher ? 

me reconnaître, renaître

Le 2 janvier, dimanche, j'ai supprimé de mon téléphone l'appli "jeu du solitaire" (et je ne l'ai pas retéléchargée depuis). Un tout petit geste, que j'ai eu "le courage" d'accomplir après avoir lu le post de Sophie Fontanel sur Instagram, où elle supprime sur son téléphone l'appli "jeu dots". Ça m'a aidée, sans doute, de comprendre que je n'étais pas la seule à consacrer beaucoup trop de temps (30 à 60 minutes par jour depuis deux mois) à cette activité qui ne m'apporte aucun plaisir, juste qui m'étourdissait. 

Obviously, quand je fais le bilan des choses qui m'ont rendue fière en 2021, "jouer au solitaire" n'est pas dans la liste. 

Il y a tellement de choses dont j'ai honte. Des relations difficiles. Des indélicatesses. Des bourdes. Des vieux dossiers toujours pas dépassés. Des lâchetés pour mener des conversations difficiles. Un manque d'énergie à plusieurs moments dans l'année. Et alors, je n'ai pas été capable de mieux faire. Je prends la mesure de ces zones de fragilité lorsque j'écris mes bilans... Je me demande comment je pourrai faire en 2022 pour ne pas commettre les mêmes "erreurs".

Et c'est vrai que ça me fait du bien ensuite de passer du temps sur ce dont je suis fière - ce que j'ai fait qui m'a paru valable ! Ainsi l'ombre et la honte ne prennent pas toute la place. 

A propos d'ombre, la lumière aujourd'hui est radieuse à Malakoff, il fait froid dehors mais le soleil m'invite à une balade à sa rencontre. 

Bonne journée, ma chérie-chéri ! 

les coups de fil de recadrage

Aaaah j'ai deux coups de fils de recadrage à passer
un coup de fil à une assistante administrative, pour un prix sur un contrat qui ne correspond pas au prix sur lequel nous nous sommes accordés
un pour un prof de l'une de mes filles 

et j'aime pas ça j'aime pas ça j'aime pas ça 

La tête me tourne

Autant quand je suis la coach, la formatrice, je peux le faire, j'y arrive
Autant dans un autre cadre j'ai du mal, j'ai peur lorsque je dois recadrer

Peur d'être moins aimée
Peur que "l'on ne veuille plus de moi"
Peur de passer pour une énorme emmerdeuse
Peur aussi de me faire entuber... 

Aille aille ce n'est pas agréable de ressentir tout cela
Et c'est utile de le ressentir de temps en temps, d'être rappelée dans la peau de celle qui n'aime pas poser ou rappeler le cadre - parce que mes clients, je les aide eux aussi à poser leur cadre, et être confrontée à toutes ces peurs hé bien cela m'aide à me mettre à me remettre à leur place. 

Allé, roule, sonne, verbalise, demande, petit scarabée !

Bonne journée, ma chérie-chéri !

 

Chemins Buissonniers Baby Blues

J'étais heureuse de terminer Mes Chemins Buissonniers, le programme-compagnon pour accroître l'intimité avec son quartier, et le percevoir avec des yeux et des oreilles tous neufs. (Pari tenu, toutes les participantes et moi-même on a halluciné de nos découvertes dans ces quartiers que l'on connait comme notre porche). Heureuse, pas dans le sens "bon débarras", mais dans le sens "bon, on a bien bossé, bien marché, bien échangé, on est prêtes à passer à la suite". 

L'exploration avec des filtres qui changent, c'est mon dada, que ce soit à Bangkok ou à Paris, ou à Malakoff, et la vivre grâce à ce livre, puis la partager avec une bande de femmes, quelle joie, quelles joies démultipliées. Evidemment, tout ça dépend beaucoup des femmes en questions, et j'ai de la chance, j'ai de la chance avec mes clientes et mes clients.

Ce mois de mai a été l'un de mes plus beaux mois depuis septembre (quand je vivais avec Voilà mes Anges !). Ces partages, ces rencontres même à distance, recueillir les expériences et observer les subtiles ou moins subtiles transformations des unes et des autres. Voir des liens se nouer. Partager mes trésors en étant moi-même, à des personnes qui en ont soif - quelle chance que j'appelle de mes voeux depuis tant d'années ! Et parfois, j'y arrive... 

Mais bon, début juin, j'étais prête à passer à autre chose. Mes propositions étaient super bien adaptées pour la période de demi-confinement, où marcher était un truc qu'on avait le droit de faire, et y'avait pas des millions de distractions - enfin, il y en avait, mais pas toutes celles auxquelles nous avons accès d'habitude. Et là ben; une fois qu'on est déconfinés, la vie se remplit presque mécaniquement de sollicitations. Bref je sentais que c'était plus dur, qu'il était temps. 

Et puis hier.

C'était le dernier Zoom ! J'étais contente, That's a wrap. Et puis. Tant de chaleur. Sororité. Gratitude.

Et aujourd'hui, je n'ai plus de petit bébé Chemins Buissonniers à m'occuper ! (Enfin, il me reste 2-3 petits mails à envoyer pour boucler-boucler, ce n'est plus l'excitation d'accueillir, de planter le décors, de créer les propositions, d'imaginer les rendez-Zoom, on a même fait un ciné club !). 

Ouais, je fais un Chemins Buissonniers Baby Blues.

Julia Cameron décrit super bien cette tristesse de fin de projet, où les écrivains pensent qu'ils n'auront plus jamais de livre en eux, et les acteurs pensent qu'ils ne seront plus jamais sollicités pour tourner dans un film... Ben moi, je me dis que je ne saurai plus jamais concevoir et proposer et animer un truc aussi top que Mes Chemins Buissonniers. 

Tout est bien. 

Bon aprèm, ma chérie-chéri ! 

 

partir, revenir

 

Toujours, un peu, la gueule de bois à mon retour de voyage. Toujours à chercher la petite bête, le sac poubelle pas sorti - alors que la maison est nickel.

Jamais facile de m'arracher - à mes fleurs, à mon chien, à mes enfants (pas forcément dans cet ordre) ; jamais facile de revenir (les fleurs ont besoin d'eau, le chien, trop content de me revoir, les filles, elles étaient bien sans nous...)

Nous sommes partis Nico et moi, à l'autre bout de la France (Agen), chercher un très beau pick up... que nous avons dû laisser en chemin, à Limoges, dans un garage, à cause d'un problème d'embrayage.

(L'astrologue en moi ricane, Ça t'apprendra à acheter une bagnole quand Mercure est rétrograde. 
L'écolo en moi se gausse, Ça t'apprendra à acheter un pick up !)

Après l'excitation de la découverte, le goût d'aventure, je ressens déception, inquiétude. 

Et puis, retrouver la routine. 

Là encore l'écriture m'est précieuse pour processer, comprendre ce qui m'arrive, avant peut-être, de l'accepter. 

Je sais, aujourd'hui, pourquoi j'écris ! 

Bon lundi, ma chérie-chéri ! 

le renversement

Je n'arrive pas toujours à percevoir comment se produit le renversement.

Je me sens parfaitement heureuse, à mon top ou presque - et puis, paf, ça dégringole. Ça = ma confiance dans la vie, dans ma capacité à aller dans la vie. 
Tout d'un coup, l'impression que tout va rater, que tout va s'effondrer comme un château de sable qui défiait la mer. 

Et je sais que dans quelques heures, dans quelques jours, un nouveau renversement se produira. Et ça va remonter. Et de nouveau je me sentirai "capable". Sans forcément comprendre ce qui a changé, ce qui me permet cette spectaculaire remontada. 

Vive, vive le travail d'enquête que permet l'écriture. Que permettent les conversations avec ma psy. "Qu'est-ce qui s'est produit pour que ça change ?" elle pourrait me demander, et comme un enfant de quatre ans devant son assiette pas finie, je reste là jusqu'à ce que j'aie trouvé une réponse satisfaisante - sauf, que je ne suis pas punie ! 

Et en attendant de comprendre ce qui s'est passé en moi - vive vive l'action. Qui me sort justement, de moi. Me redonne, un peu, confiance. 

Bonne journée, ma chérie-chéri. 

le sentiment d'inadéquation

 

Ooooh cela faisait longtemps toi ! 

Ou alors, peut-être, longtemps que tu n'étais pas venu me harceler sous cette forme aussi vive et aussi incapacitante.

Généralement, tu te fais plus sournois et ce n'est peut-être pas un cadeau, je te remarque à peine et tu me harcèles en douce. 

Mais bon hier, tu y es allé franchement. J'ouvre un mail sans me méfier, l'interlocutrice, habituelle, avec qui j'entretiens de bons rapports, cordiaux, coopérants...

Elle me demande de produire un numéro dont je n'ai pas idée.

Renseignements pris, l'administration qui délivre ce numéro, est un serpent qui se mord la queue (pour obtenir un numéro je dois produire un numéro, un autre fatalement, et je n'ai aucun interlocuteur à ma disposition pour savoir comment obtenir cet autre numéro ni à qui le demander). 

Bon. Un jour bien sûr où j'ai prévu de faire un tas d'autres trucs, mais là tout s'effondre. Je ne me sens plus capable de rien. Je me sens, inadéquate. 

Ça va passer.
C'est déjà en train de passer.
J'ai été chercher de l'aide.
Je vais trouver comment obtenir ce numéro.
Tenter d'y consacrer le temps juste (c'est à dire, ne pas le traiter par dessus la tête, et ne pas me laisser engloutir ni perdre de vue tout ce que j'ai prévu de faire, bien plus important que l'obtention de ce numéro). 

Tout ça pour te dire, que ce n'est pas une fable, la phobie administrative. 

(Mon sentiment d'inadéquation ne se limite pas à mes rapports avec la banque et les administrations, hein. Mais alors il y atteint des dimensions tsunamiques). 

(Et viennent à mon secours, cette amie qui m'aide à gérer cet aspect de ma vie et à progresser, et la phrase reçue lundi, et qui insiste, 

I am led carefully). 

le don (jubilatoire et douloureux) de la présence

Je suis toute déconfite parce que - j'anime parfois la messe, et, cela me demande pas mal de boulot, en tout un jour et demi de préparation et d'animation, et de coordination, et cela me donne du stress et aussi beaucoup, beaucoup de plaisir ; et les deux dernières fois, de bonne amies sont venues me dire à la fin que, hum, c'était vraiment moche.

J'arrive... au bout de mon système d'imperfectionist... déjà ? 

Il y a quelque chose à changer, et je n'ai pas mis encore le doigt sur "quelle chose" et c'est là que c'est douloureux. 

J'aime bien aussi écrire la prière universelle, là ça me prend une heure à tout casser et je reçois des compliments ! Donc, c'est beaucoup plus "rentable" qu'animer une messe. 

Et. 

Se trouver en face d'une assemblée. 

Réfléchir aux chants, les choisir de tant d'époques différentes de ma vie. 

Les préparer la veille en m'accompagnant de la guitare et du coup, me remettre à la guitare. 

Faire vivre une culture ancienne (par la proposition de chants de mon enfance, par des chants en latin) et faire évoluer la culture (avec des chants plus charismatiques, avec des propositions audacieuses comme susciter la prière universelle de l'assemblée (ça se fait ailleurs, mais beaucoup à Malakoff).

C'est coûteux ET c'est vivant ! 

Bon, je me suis engagée à le faire plus souvent, une fois par mois. 

J'ai intérêt à progresser, sinon ça va continuer à faire mal !  

Photo #1 prise par ma maman, juste après ladite messe. 

Et un dessin imparfait et qui me plait. 

décrochages, accrochages

 

Nous décrochons - c'est-à-dire nous frôlons la folie - tous les jours, plusieurs fois par jour. 

Cette phrase, ce n'est pas moi qui en suis l'auteure, lorsqu'on est thérapeute, coach, formateur, il est recommandé de se faire superviser par un professionnel plus expérimenté - c'est ce que je fais, et cette phrase a été prononcée par mon superviseur, lors de l'une de nos sessions de groupe. Elle creuse depuis son chemin à l'intérieur de mes synapses ; car très souvent, enfin, il lui arrive de lancer de ces phrases qui m'accrochent, dont je ne sais pas quoi faire ni que penser sur le moment et puis je m'en souviens et je me dis Ah oui, c'était ça peut-être qu'il voulait dire, mon expérience rejoint sa phrase. 

Et donc au sujet de la santé mentale, je trouvais ça un peu fort cette phrase, plusieurs fois par jour, frôler la folie. Et pourtant malgré moi, enfin, sans le chercher, j'ai observé plus finement les mouvements de mes décrochages, et j'avoue que ces derniers jours je n'étais plus très sûre d'être saine. Une envie de rester couchée, un aquoibonaprèstout, faisant suite à des petits travers physiques, à une réflexion sur le suicide qui s'amplifie (pas que je songe spécialement au suicide me concernant, mais bon, je suis cernée dans mon passé et dans mon présent par des personnes proches et loin de moi qui ont fait ce choix, et ma pensée que je croyais fixée, évolue avec le temps, en gros avant je pensais Le jour où je serai mère je n'aurai plus le droit de me suicider et aujourd'hui je pense Bon, après tout on a le droit de vouloir choisir quand et comment on meurt. 

J'aime bien ne pas être fixée sur un sujet. 

Ensuite je me questionne sur Comment faire pour que (chez moi et peut-être chez d'autres) les raisons de vivre soient les plus nombreuses ? 

Une des réponses passe par la corps - avoir un corps tonique et en bonne santé. 

Une autre réponse passe par les êtres aimés - être entourée de personnes avec qui j'ai de bonnes relations. 

Une troisième réponse passe par mes projets - comment je peux me projeter dans un futur proche, moyen proche et lointain, avec bonheur et envie d'y être ? 

... Bon ben ces jours-ci, ma cheville était foulée; mes copains sont partis se confiner ailleurs ; et l'un de nos projets qui nous tenait à coeur avec Nico, est tombé à l'eau (une maison que nous désirions visiter a été vendue avant même que l'on puisse la voir). Petits, petits bobos de l'âme, tellement minus, tellement pas graves, alors pourquoi je me suis sentie ainsi ébranlée ?

Plus envie de me lever, plus envie de manger, plus envie de rien. 

Bon, ça a duré 8 heures ma dépression.

Nico a proposé une virée au marché des livres (celui dans Paris, sous une halle style Eiffel longeant le parc Georges Brassens, à 12 minutes de la maison à vélo), et j'étais repartie sur ma bête, et on a trouvé plein de livres of course. Ensuite je suis retournée voir ma maison d'enfance, dans les Yvelines, enfin, voir ma maman dans ma maison d'enfance, au moins 18 mois que je n'y étais pas retournée et Dieu que ça m'a fait plaisir. Y'a même des tas de trucs qui ont changé ! dans la maison et autour.

Et tout ça, ces micro-projets, qui agissent sur le corps, et sur les relations, et sur l'âme, et bien ça m'a redonné confiance dans la vie, et dans moi, ma capacité à reconstruire une vie à partir de petits bouts de trucs.

Tout va mieux.

Décrochage, raccrochage, capacité à les penser, capacité à m'auto-panser, et à saisir les mains qui me sont tendues.