Cette semaine je me suis engagée, de dimanche à dimanche, de ne rien publier sur Instagram ou sur Facebook. Je peux regarder, je peux liker, mais je ne poste rien, je ne transfère rien, je ne commente rien - je n'ajoute pas au bruit du monde. (Bon vous avez remarqué, je suis quand même ici, sur ce blog).
Depuis combien d'années je n'avais pas fait ça, hé bien, je ne l'avais jamais fait. (Cette expérience est une proposition de mon livre-ami du moment, The art of noticing, qui bien qu'écrit de manière sérieuse et ectoplasmique, je trouve le style à chier, a le pouvoir de formuler des propositions qui enchantent et déroutent mes journées. Si n'importe qui m'avait demandé de ne rien poster pendant une semaine, j'aurais hurlé au baillonnage, mais ce livre - je l'écoute. Peut-être aussi que la proposition est tombée à pic, allez savoir).
Donc je regarde le monde de ma bulle numérique, sans y participer. Eh ben d'être sur la touche, cela me rend beaucoup plus critique ! Et je me sens un peu triste, 1 de ne pas avoir envie de poster quoi que ce soit (ce n'est pas dur pour le moment de résister) 2 de ne plus prendre de photos vu qu'il n'y a plus la carotte de la poster sur Instagram 3 de tout ce temps que j'y passe depuis tant d'années.
Toujours je tire des leçons douces-amères de mes moments de jeûnes. Les écailles me tombent des yeux ; sans doute après ce sera mieux mais sur le moment, oy oy, je dérouille. La dérouillée est la sanction du progrès, mais quand même.
Et ce qu'il y a d'ironique, c'est qu'au même moment où je décide de fermer ma gueule, des cases noires pullulent sur mon écran d'instagram. La moitié de ces cases sont issues de Français qui bon, ont peut-être d'autres chats à fouetter que de régler le problème des violences policières aux US. Alors voilà. J'en ai ras le bol que l'histoire et l'actualité américaines viennent à ce point envahir nos paysages imaginaires. Ya pas à dire, ils savent raconter les histoires ; et je me suis relevée cette nuit pour terminer un roman génial qui se passe sur le Grand Canyon. Y'a pas à dire, c'est terrifiant le racisme - et c'est terrifiant partout.
Ce que j'aimerais moi, c'est que nous mettions toute notre énergie, en France, et dans le monde entier, à raconter et à porter nos propres histoires. A documenter nos propres vies. A combattre nos propres combats. Et à les diffuser le plus intelligemment possible.
Et vous mes chéries-chéris, à quoi désirez-vous employer votre énergie aujourd'hui ?
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