L'avantage de passer tant de temps à écrire des romans, a dit un jour l'écrivaine Fred Vargas dans une interview à la radio je crois (à moins que je ne l'ai lu dans Télérama), c'est que je peux passer le temps que je veux avec mes personnages et notamment l'un d'eux, Jean-Baptiste Adamsberg, qui ressemble très fort à un homme que j'ai aimé et "perdu".
En ce moment, je ne pleure pas un amour perdu, et nous sommes en train d'acheter une maison en Bourgogne, pas très loin d'Avallon.
C'est une immense chance ET comme souvent je ne sais pas me réjouir sans regarder aussi ce à quoi je dois renoncer - en l'occurrence, mon coeur pleure la possibilité d'une maison en Bretagne. Des maisons en Bretagne, un peu à moi, j'en ai déjà eu deux, et nous en louons une l'été, je vois bien que la vie est longue et puis j'aime ce coin de Bourgogne, et nous y avons des amis... Et je pense avec nostalgie à ma période "Dinard", à ma période "Belle-île", et à la vie que nous aurions eue là-bas.
Choisis tes compagnons de route, et ensuite choisis ta route. Ça c'est un proverbe kabyle. Mon compagnon de route ne s'imagine pas en Bretagne et je suis heureuse de poursuivre la route avec lui, et de nourrir avec ce compagnon-là un beau projet.
Et puis... j'ai l'écriture, à ma disposition, et en écriture je peux retourner à Belle-île aussi souvent que je le désire. (Je vais aussi y retourner en vrai cet été, dans la petite maison que nous louons depuis 7 ans avec Maman. Une vague de nostalgie s'empare de moi - je ne m'étais pas figuré clairement ce rêve de maison à Belle-île que nous achèterions, peut-être, un jour, et pourtant, au moment où un autre rêve se concrétise, je vois bien que cette question restait en suspens, une possibilité ; qui à présent s'éloigne, à défaut de disparaitre complètement.)
Et donc, c'est cette nostalgie qui me guide lorsqu'il s'agit de choisir "sur le menu" (mon sommaire) le chapitre que je vais écrire ensuite. J'essaie, oui à chaque fois je tente d'écrire le chapitre qui résonne le plus avec mon actu émotionnelle du moment. Ce matin sur mon flux instagram j'ai vu une photo de "ma plage" à Dinard, puis une de Sauzon à Belle-île, et tout mon être crie "Bretagne" ; alors, c'est avec cette partie de mon être qui crie "Bretagne" que je vais écrire le chapitre du jour.
Mais à vrai dire, le chapitre du jour ça pourrait bien être celui-là, "écrire sur ce qui est pregnant en moi", que ce soit triste ou joyeux : écrire sur ce qui creuse ses petites galeries, écrire sur ce sur quoi j'ai besoin de métaboliser.
* les filles vont partir un jour et ce jour se rapproche - et cette question qui me terrifie, qui revient périodiquement, how do I fill my life ?
* mon corps qui vieillit et grossit et je suis incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter ou ralentir (ah si du yoga quand même) (par pitiiiiié je ne demande pas de conseils on this one)
* ma difficulté à me réouvrir à la vie extérieure après un an de confinement
* ma pétoche car j'anime mercredi soir mon premier ciné-club ET JE NE L'AI JAMAIS FAIT (bah oui c'est mon premier)(d'ailleurs si tu as des conseils, là oui avec plaisir je prends)
* mes addictions problématiques (au vin, au shopping de livres et de vintages clothes, aux personnes que j'aime plus que tout, à l'écriture, à la marche, à la lecture, à la téléééééé - et en fait. et en fait. Je suis rassurée car mon superviseur nous a dit cette chose incroyable. Que nous sommes tous addicts et que ce qui nous sauve, c'est d'être addicts à plein de choses. Cultive tes amours de la vie, ça c'est mon papa qui le dit. Donc, une addiction, danger, 15 addictions, pas 15 fois plus de danger.)
* toute ces paperasses dont je dois m'occuper, qui me font crier de rage et d'impuissance !! et en ce moment c'est l'avalanche !
* ma tristesse face à la certitude... que mon chien va mourir avant moi
Oh la la, ma plainte, ma peur, ma tristesse, ma colère, mon impuissance, mon inadéquation, mon ambivalence Coco, j'en suis une telle experte, je peux répandre et m'étendre pendant des heures, te donner un luuuuuuuxe de détails. Qui feront peut-être chier la plupart du monde, et peut-être qu'une personne se dira, "mon petit, quand je te lis, je suis moins seule".
Et c'est pour elle, c'est pour toi que j'écris.
A demain, ma chérie-chéri - avec, si tout va bien, une histoire de Belle-île, ou bien, une autre qui me sera passée par la tête, ou bien, une autre que tu me commandes... L'intérêt de ne pas se poser la question SI je vais écrire (la réponse est OUI, tous les jours - mais de CE QUE je vais écrire - la réponse est souvent, MYSTERE, tu verras bien quand tu auras commencé à écrire.....)
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