
Je suis assez scandalisée que mes filles ne voient pas en moi une mère idéale (de la même manière, sans doute, que mon père ne comprend pas que mon frère et moi ayons pu ressentir de l'angoisse et de la colère face à notre enfance, vu que lui et ma mère nous avait concocté LEUR enfance idéale).
Nico et moi les grondons peu, ne les punissons jamais, les supportons dans leurs projets, les écoutons beaucoup, nous nous rendons disponibles, nous les encourageons dans leurs aventures, nous les gâtons modérément, nous les faisons participer de manière raisonnable et consistante aux services assurant la bonne marche de la maison, bref, on réfléchit à la manière de les accompagner et de les aimer.
Pour autant, elles me trouvent relou (je ne sais pas ce qu'elles pensent de leur papa, elles le voient moins que moi et ce sont des filles et lui un homme... et quel homme. De plus mon père a une théorie que je partage aussi, c'est que la mère fait filtre avec le reste du monde ; et quand elle est là, les enfants s'adressent d'abord à elle pour lui demander tout ce dont ils ont besoin. Maman, j'ai mal. Maman, j'en veux plus. Maman, j'ai rien à me mettre. Alors que leur père est présent !).
Bref, elles me trouvent relou et je trouve ça relou (avec toute l'énergie que j'y mets, pour être auprès d'elle de manière intelligente) (je sais, je pourrais en mettre moins) (mais, le pourrais-je ?) (oui, sans doute. Elles ont 12 et 15 ans. J'ai plein de copines et de belles soeurs qui se débrouillent autrement. Dont acte).
L'une des choses qu'elles détestent, c'est que je leur donne des conseils et que je leur fasse la morale. Je les comprends, moi aussi je déteste qu'on me donne des conseils et qu'on me fasse la morale !!! A vrai dire je ne connais personne qui aime ça. Mais pour faire passer mes messages, parfois, je ne trouve pas d'autre manière.
On ne les punit pas... Mais quand elles commettent une erreur ou font une connerie, ou quand elles ont eu une taule à l'école, faut bien en parler et voir ce qui n'a pas été, et tenter de mettre en place des actions correctives. C'est souvent Nicolas qui se charge du dialogue avec Chimène (il sait la prendre, avec finesse, humour, discrétion, et il n'est pas inquiet, répétant, tournant les choses en boucle comme je peux l'être avec elle) (OK, tout ça c'est SUPER relou !!). Avec Alma, mon petit soleil, c'est moi qui m'y colle... Et une des choses que je fais, c'est lui demander Alors, quelle leçon tu retiens de cette erreur ? Parfois, on arrive à en discuter, et parfois, elle change son comportement.
Heureusement, j'ai d'autres enfants dans ma vie. Brainchilds, ou responsabilités que je prends très à coeur. Mon travail d'humaine et de professionnelle. Les livres que j'essaie d'écrire. Mes dessins. Ce blog. Mon chien. Mon groupe BNI. Mes plantes. Je suis rentrée de Normandie car Nico et moi étions invités à une soirée à laquelle nous avions très envie d'aller, et ça a été super difficile de m'arracher des mes orchidées, pensées, poussettes que je venais de retrouver, arroser, arracher telle ou telle mauvaise herbe.
Et justement, j'ai trouvé dans un bac de mon balconou une tige qui n'avait rien à faire au milieu des primevères. Déjà bien grande et robuste, je l'arrache, je la casse... Et qu'est-ce qu'il y a au bout ? Un noyau de pêche ou de brugnon qui devait venir de mon compost. Aouch. Un pêcher pousse spontanément sur mon balcon et je l'arrache comme une vulgaire mauvaise herbe ? ça fait mal. D'autant que je viens d'ACHETER un pêcher. (Et c'est là qu'on voit que ça ne sert à rien de gronder qui que ce soit qui a fait une connerie, la connerie en soi est déjà tellement crucifiante, quand on s'en aperçoit !). Bref, je me suis excusée auprès de l'arbre en devenir, j'ai mis la tige dans un verre d'eau que je change religieusement tous les jours, et je prie pour qu'elle fasse de nouvelles racines et que je puisse la replanter dans un pot bien à elle (comme ça ça me fera DEUX pêchers, on n'a jamais trop de pêches chez les Christie) (par Chez les Christie, j'entends ma famille d'origine, les Bord, gros gros dévoreurs de cageots de pêches, et ma famille d'aujourd'hui, les Vanb, où on n'est pas en reste - j'aurai au moins transmis ça).
J'ai raconté, piteuse, mon histoire à Alma... Et qu'est-ce qu'elle me demande ? Alors Maman, tu en tires quelle leçon ?
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