Quand Chimène revient à Paris, nous nous arrangeons pour vivre au moins une goguette (=déambulation) toutes les deux.
Dimanche, avant qu'elle ne rejoigne son amoureux à Montmartre puis reparte le lendemain matin, je l'ai raccompagnée de la Fondation Pinault (où on a été voir les expos en famille) jusqu'au métro Abbesses.
Joie de remonter avec ma grande fille, la rue Montmartre et de longer le quartier Montorgueil, où Nico a habité, où j'ai travaillé (quand nous avions 23-24 ans, juste avant de se marier) et où nous avons trainé nos guêtres les années juste avant et juste après notre mariage. On connaissait très très bien ce quartier.
Mais là ce qui a changé depuis 2, 3 ans, c'est que c'est aussi dans ce quartier qu'a lieu ma supervision professionnelle avec André. Et donc j'y retourne, une ou deux fois par mois, pour vivre une expérience très vivante. J'ai avec mes deux coachs, Sarah et André, un transfert qui s'apparente à celui que j'avais avec mes parents lorsque j'étais vraiment toute petite, des sentiments très forts et chaleureux - et j'attends nos rendez-vous avec impatience, et je les investis énormément, et ce travail est très riche et fécond pour moi - et les personnes que j'accompagne, qui bénéficient de ce surcroit de vitalité et d'élan et d'idées et de déplacements.
J'étais heureuse de dire ça à Chimène, alors que nous passions devant l'un des immeubles abritant nos "séances avec André" : que ce quartier n'était plus uniquement celui de beaux souvenirs du passé, mais aussi investi par une expérience vivante au présent. Et du coup les couches se superposent - à la fois je suis capable de chérir mes souvenirs dans ce quartier, mais je les chéris d'autant plus qu'une nouvelle couche d'expériences - actuelle, celle-ci - vient se superposer sur les souvenirs de nos 23-27 ans.
Et de la même manière, mes goguettes si chaleureuses et la collaboration et les échanges avec Chimène, viennent prendre le relais de notre vie commune - on se réadopte dans nos nouveaux rôles, dans nos nouveaux besoins, dans nos réalités - et ça n'efface pas la vie, les vies que nous avons vécu auparavant elle et moi, mais ça empêche de sombrer dans la nostalgie, dans le pur passéisme, dans l'encroutement dans le passé. C'était bien avant - et c'est super chouette maintenant. Mais maintenant a cette saveur particulière.. parce que c'est maintenant, justement.
Notre présent, qui vaut carrément le coup.
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