Et donc, j'ai repris l'écriture de mon livre - plus exactement, je me suis mise à relire, à élaguer, à compléter, à reprendre le texte que j'écris depuis le 18 juin 2020. Evidemment, de nouvelles idées de chapitres me viennent... ça ne va pas se faire en deux jours cette affaire-là, mais au moins, le livre s'est remis à vivre en moi et le manuscrit évolue lui aussi - dans la bonne direction j'espère.
Et donc je relis mon texte et le redécouvre au bout de tout ce temps.
Comme "c'est le deal passé avec moi-même", je retranche des mots, j'ajoute des précisions, des images. Et termine la séquence de travail à la fois satisfaite, I did it ! j'ai coupé précisé dégraissé ajouté les bons détails ; et insatisfaite, car je n'ai pas trouvé toujours LE bon exemple, LA bonne histoire, LA bonne image.
Hush entre dans mon bureau. Tu viens ? me disent ses yeux noirs et sa queue qui remue. C'est l'heure de ma balade ! Tu as assez écrit.
Il a raison - c'est l'heure de sa balade. Je ne sais pas si j'ai assez écrit mais la nuit est en train de tomber, l'heure du dîner approche et il me manque une plaquette de beurre ou une boîte d'oeufs ou du gruyère râpé, pour bricoler le repas que j'imagine. Je me lève du bureau, j'attrape ma parka noire aux grandes poches, l'écharpe bleu marine, un grand sac en tissu que je fourre dans l'une des poches de la parka. J'ouvre la porte, je passe le harnais de la laisse autour du cou puis du torse d'Hush. La grille grince, on est partis.
Lorsque je pars marcher dans Malakoff, et sauf exception (quand par exemple j'ai envie de téléphoner à une amie ou écouter un épisode de podcast, ou de la musique), je pars sans mon téléphone. Ainsi je suis toute à la ville, toute à mes pensées, toute à l'échange entre ce qui se passe entre la ville et moi.
Je suis saisie par les contrastes : contraste de températures (à la maison il faisait bien chaud, dehors l'air frais sur mon visage me dynamise) ; contraste d'ambiance (je quitte le calme de la maison, ou la musique, ou les bruits de la rue atténués ; quand je sors dans la rue Hush et moi sommes en prise directe avec les voitures, avec les enfants qui rentrent chez eux à petits pas, ramenés par leur papa, leur maman, leur nourrice ; contraste de position de mon corps, d'assise -statique, je passe à debout - en mouvement.
Et lorsque je viens d'écrire, de retravailler mon chapitre, avec ses pleins et ses creux, avec les fécondités et les stérilités de la réécriture, je porte encore en moi la satisfaction de m'y être remise et la frustration de n'avoir pas trouvé une solution satisfaisante à tel ou tel passage. En marchant, je rumine cette frustration comme une énigme, une équation : quel serait le meilleur exemple d'une dispute avec Natacha ? Je nous revois à 12 ans en train de se crier dessus dans la rue, à la sortie de l'école - je revois les rayures blanches du passage piéton qui menait de l'école à l'allée vers mon immeuble, rayures blanches qui ressemblent à celles sur lesquelles je suis en train de marcher, à proximité d'un collège où je ne suis jamais allée mais où les enfants qui en sortent ont l'âge que nous avions, Natacha et moi, alors.
Au fur et à mesure que la balade se déroule, un simple tour de pâté de maisons avec stop à l'épicerie au coin de la rue, je reprends une à une, sans même le chercher, les impasses du texte sur lequel je viens de travailler. Des images émergent, facilitées par le mouvement de mon corps et par les incidents du dehors qui me portent, l'air vif, la drôlerie des enfants, la patience nécessaire pour attendre que Hush renifle toutes les odeurs passionnantes qui émaillent un trottoir.
De retour à la maison, je prépare ma quiche vite fait, je l'enfourne et pendant qu'elle cuit, je retourne à mon bureau. Sur mon ordinateur, Le fichier d'écriture est resté ouvert là où je l'avais laissé avant de partir marcher. Les passages qui me résistaient se sont ouverts pendant la marche. J'ajoute les idées trouvées, les images. Je termine la rédaction de l'exercice. Je me sens en paix avec ce chapitre-là - et dans mon carnet, griffonne quelques notes pour préparer la séquence d'écriture du demain.
Solvitur ambulando !
Rédigé par : Milky/Bree | mercredi 11 janvier 2023 à 16:02
Oh oui oh oui, le retour du livre!!! Et triple oui la marche qui ouvre les portes et amène des réponses.
Rédigé par : louchou | mercredi 11 janvier 2023 à 17:10
Ouiii, le retour des gommettes dans mon agenda dès que je travaille un peu au bouquin, et je peux te dire que ça colle sec ce coup-ci ! car j'ai bien envie de terminer mon gros pépère et de l'envoyer à un éditeur avant.. avant... bon je n'ai pas de date butoir mais je m'y mets avec sérieux et enthousiasme.
Rédigé par : Christie | mercredi 11 janvier 2023 à 17:56
Oui oui oui ! Vivent la marche et l'écriture de ton livre ! Bises
Rédigé par : Emilie | jeudi 12 janvier 2023 à 14:44
Aaaaah, la magie de la gommette récompense. J'avoue ça motive bien
Rédigé par : louchou | jeudi 12 janvier 2023 à 21:12
Huuu oui ! et les jours comme hier ou je pense, aujourd'hui, je ne les colle pas : vexance ! gros baisers les amies 💕🐞🪲🦋
Rédigé par : Christie | vendredi 13 janvier 2023 à 11:58
Grâce à toi, je marche plus, je crois - mais toujours pas assez ! Plus je vieillis, plus je travaille, plus j'écris, plus je ressens le besoin de bouger. Il y a le yoga, le Pilates mais ça ne suffit pas - il y a aussi la marche parce que le corps vit mieux quand il y a du mouvement tous les jours.
Je me lasse des rues de mon quartier quand je ne veux faire qu'un petit tour (je préférais les rues et maisons de Lawrence, KS, il y a 25 ans) mais suis au contraire dingue des possibilités quand je veux en faire un grand (oh les vues sur les monts du Lyonnais !).
Ben Mazué l'a bien chanté : "Stop, ça y est, j'arrête de penser, j'vais courir, j'vais marcher, j'vais sourire, j'vais m'relever."
Rédigé par : Anne-Liesse | vendredi 13 janvier 2023 à 18:29
bé oui la marche permet de regarder ce qui se passe autour de soi, de faire corps avec son environnement ! Le génial qu'il y a avoir un chien, c'est que je le promène une à trois fois par jour autour de la maison, et oui je me lasse mais aussi je vois des choses inédites, je vois l'évolution, je retrouve les mêmes personnes, et ça c'est jouissif aussi ! Même si j'aime bien explorer...
Rédigé par : Christie | lundi 16 janvier 2023 à 16:15