Il y a eu ce moment où - ce long moment, des mois, des années ? où j'avais décidé que je serais Virginia Wolf, ou rien. Je veux dire, je désirais écrire comme elle, avec son esprit, ses images, sa précision, son ironie. Je ne sais pas comment je m'étais mis cette idée dans la tête, je n'avais même pas à l'époque lu de livre d'elle qui m'ait plu. Mais j'étais vachement sûre de mon coup. Pas de théâtre, pas de chant, pas de dessin, pas d'autre pratique artistique qui avaient enchanté mon enfance et mon adolescence, tant que je n'aurais pas fait mes preuves en tant qu'adolescente.
Alors... J'écrivais, j'écrivais, et comme je ne suis pas Virginia Wolf... je n'atteignais jamais mon but. En revanche je m'ennuyais beaucoup à ne rien faire qu'écrire, et mon écriture s'en ressentait, elle était desséchée comme un pruneau racorni. Je perdais sur tous les tableaux.
Et puis un beau jour j'ai rencontré les pages du matin et les artist dates. Pendant un an je ne me suis plus piquée d'écrire, je me suis mise à la guitare, j'ai rencontré mon clown, je me suis bien amusée. Puis, je me suis remise à dessiner.
Munie de cette joie, j'ai recommencé à écrire. Je n'étais toujours pas Virginia Wolf, j'étais moi, et je l'acceptais, me nourrissais, retrouvais ma richesse et mon origine, et parlais depuis cette origine, cette originalité.
Depuis, j'ai aussi lu, d'elle, To the lighthouse - et quand même ce livre m'a redonné des envies d'écrire comme elle parce que, qu'est-ce que c'est beau !
C'est mon roman préféré d'elle... Et je les ai tous lus. Je ne saurais trouver de mots pour dire ce qu'elle représente pour moi...
(Son journal est d'une lecture très intense et passionnante également. Si jamais...)
Rédigé par : Martha | mercredi 31 août 2022 à 17:58
ah ben zut, je me disais que j'aurais d'autres pépites à découvrir ! parce que celui là en effet je l'ai adoré !
Rédigé par : Christie | mercredi 31 août 2022 à 18:05
Merci merci Christie pour ce lieu qui éclaire mes pauses bureau depuis 2006 quand j'ai commencé à te lire depuis mon bureau de Blois, depuis j'ai continué à te lire à Nantes, puis La Baule, et maintenant Avignon, en ce moment je suis en pleine remise en question de moi, je vais fêter mes 50 ans dans quelques jours et cette période est extrêmement riche de re-découvertes sur moi et tout autour de moi. Je te prie de m'excuser de m'épancher ici en public mais j'avais envie de partager cela avec toi et tes lectrices. La cinquantaine approchante sonne la fin définitive de la jeunesse, l'adieu définitif à une vision de moi-même mais l'arrivée de beaucoup d'autres choses tellement riches et pleines, la difficulté réside dans ce mélange jamais encore rencontré de découvertes et de deuils, et c'est tellement précieux de pouvoir te lire ici. Merci Christie!!!
Rédigé par : Mayou | jeudi 01 septembre 2022 à 09:50
chère Mayou. Que j'aime la confiance que tu as de venir nous dire ici. Je t'embrasse affectueusement, en revanche je ne crois pas au définitif moi... même quand les aimés sont morts, on continue à se parler ! alors la cinquantaine, pfiout, rien ne se termine encore ! (Ma grand-mère a même une copine qui a eu son 7ème enfant à 55 ans, elle était bien ménopausée !)
Rédigé par : Christie | jeudi 01 septembre 2022 à 11:21
Naaaaan???
Rédigé par : Mayou | jeudi 01 septembre 2022 à 11:54
ssiii
quand j'étais petite et qu'elles étaient encore vivantes toutes les deux, ma grand-mère l'invitait cette amie à passer des vacances en Corse dans sa maison ; je l'adorais cette Geneviève. Ma grand-mère l'aimait bien aussi mais elle disait, Elle me tue ! car elle était très bavarde. Mais moi j'adorais l'écouter. Et toutes les deux elles me racontaient cette histoire où Geneviève appelait ma grand-mère en pleurant, Thérèse, tu ne vas jamais deviner ce qui m'arriiiiive !
Et elle concluait toujours en disant, Finalement heureusement que je l'ai eu, c'est le plus sympa de tous mes enfants !
Rédigé par : Christie | jeudi 01 septembre 2022 à 14:40
Ton texte me renvoie à l'époque où je jouais du piano (instrument que je n'avais pas vraiment choisi) et où j'aurais voulu être virtuose ou rien. Et bien, ça a été rien, car mettre la barre si haut m'a fait baisser les bras. Et puis je préférais descendre jouer avec les copines plutôt que de faire des gammes.
Sinon, un petit coucou à Mayou qui va fêter un anniversaire très symbolique ; ton commentaire me touche beaucoup, Mayou, tes questionnements aussi. J'espère que l'entrée dans la cinquantaine n'est pas un adieu définitif à trop de choses, tout de même ! Je crois que ce qui compte, c'est de parvenir à se délivrer peu à peu de ce qui nous entrave, toutes nos cuirasses.
Rédigé par : Emilie | jeudi 01 septembre 2022 à 15:11