
Hier, ma grande fille Chimène vendait avec ses amies, sur une table au bord du Canal Saint Martin, dans le 10ème arrondissement, des poteries et des dessins qu'elle a réalisés. Chacune des amies vendait son art, au milieu de plein d'artisans et d'artistes parisiens. Chimène a 20 ans et dessine depuis qu'elle est toute toute petite, elle ne s'est jamais arrêtée et a décidé de faire des arts graphiques son métier. Elle a commencé la poterie en 2008, elle avait 6 ans, et ne s'est pas arrêtée non plus, un dimanche sur deux elle se rend à l'atelier de Christine sa prof, en face de notre ancien appartement rue de la Croix Nivert.
Et hier, elle qui travaille avec consistance son art, ses arts, elle s'est étonnée que des gens se déplacent et dépensent de l'argent pour acquérir ses oeuvres, le fruit de son travail. "Comme j'aime faire ce que je fais, j'ai presque honte de leur demander de l'argent pour acheter mes dessins !"
Ce matin, je me décide à ouvrir mon courrier administratif de l'été. Franchement j'aurais pas dû attendre autant, parce qu'il n'y avait rien de terrible. J'ai même trouvé le décompte de l'argent que j'ai gagné en droits d'auteur grâce à mes livres en 2022, plus de 6000 euros. Et c'est vrai que ces livres j'ai pris plaisir à les écrire, ils m'ont demandé du travail et ce travail a été facile, c'est-à-dire que je l'ai accompli jour après jour dans la joie, en sachant où j'allais, en cherchant à donner mon meilleur, à rendre service, j'avais une date butoir pour rendre le manuscrit, un premier chèque d'à-valoir m'attendait bref c'était confortable et joyeux d'écrire ces livres. Et pourtant j'ai été payée et - même si ça ne suffit pas pour vivre - correctement payée.
Je ne sais pas si c'est féminin, de culpabiliser de demander de l'argent pour un travail que l'on aime. Se dire, Nan mais j'aime faire ça, j'ai pas besoin d'être payée !
Et Chimène, et moi, on crée la plupart du temps gratuitement - elle dessine sur ses cahiers, moi j'écris dans mes cahiers ou sur ce blog. C'est gratuit, peut-être pas, il y a le joie de le faire, l'entrainement, quelque chose à exprimer qu'on n'arrive à exprimer que par ce truchement - le dessin pour elle, l'écriture pour moi.
Et c'est cette joie aussi qui donne une valeur à ce que l'on donne, à ce que l'on vend - en plus de la consistance avec laquelle on le fait, elle depuis ses 3 ans, moi depuis mes 8 ans, et toutes les deux on continue non seulement à s'entrainer mais aussi à apprendre avec nos professeurs.
Je suis heureuse pour ma fille, et heureuse pour moi, et j'ai envie oui, qu'elle participe à d'autres ventes, et que moi je trouve un éditeur pour le livre dont je reprends l'écriture aujourd'hui.
(Si tu veux suivre le travail de Chimène, elle le présente sur son compte Instragram !)
Et ma chérie-chéri, merci pour ton accueil super chaleureux de ma lettre Plenty of paper. J'ai reçu plein de petits mots et ça m'a fait très plaisir ! SI tu veux écouter la version audio, c'est ici, et pour t'inscrire à la lettre, c'est par là.)
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