Il y a des oeuvres sombres, qui apportent un éclairage sur tel aspect de l'âme, et tout d'un coup un phénomène qui m'arrive - pas très souvent, mais suffisamment souvent pour que je m'en préoccupe - s'éclaire et prend sens, ou du moins je me dis, "je ne suis pas seule".
L'autre jour, pour les besoins du ciné club que nous avons animé dans le cadre du programme Je laisse le temps m'utiliser, j'ai revu le film The hours - l'histoire de Virginia Wolf au moment où elle écrit Mrs Dalloway, et de deux autres femmes, l'une qui lit le livre et une qui vit une crise intérieure similaire à celle de Clarissa Dalloway. Ce film met en lumière notamment des moments où les personnages ont un impérieux désir de se sentir plus vivants, et d'autres moments où la mort leur parait la seule solution.
Et ce que j'aime, ce qui m'aide à vrai dire, c'est la manière dont les personnages glissent de la mort à la vie, de la vie à la mort. Dans le film ce n'est pas décrit (je ne l'ai pas ressenti) comme un drame... non, elle avait décidé de mourir et finalement elle décide de vivre. Il se laisse tomber du rebord d'une fenêtre. Elle avance dans la rivière, des cailloux dans ses poches. Elle reprend pied dans son existence, après avoir éprouvé le désespoir.
Je n'ai pas lu le livre dont est tiré ce film (ou peut-être l'ai-je lu ? il y a bien longtemps !!) mais le film est suffisamment subtil pour que je puisse me relier à cet état, à ces deux états de glissement vers la mort, sans bruit, l'envie de mourir qui prend possession de moi, et si je n'y prenais garde, je pourrais tomber par la fenêtre, pof... et le glissement inverse dans la vie, vers la vie, vers l'envie de vivre.
Et ce qu'il y a de fou, c'est quand je raconte les choses qui me donnent envie de mourir, ou de vivre, vu de l'extérieur elles semblent infimes ! Une remarque dans un sens, ou dans l'autre. Une idée, une caresse, une pièce de théâtre. Et pour moi ces gestes, ces paroles sont des déflagrations, avec elles je bascule, d'un côté ou de l'autre de la fenêtre.
Tout ça n'est pas nouveau pour moi - cet état va, vient, s'est accentué à partir de l'adolescence, l'année entre 13 et 14 ans où j'ai pris 13 centimètres. Il prend de nouvelles proportions tous les 2 ou 3 ans, me laisse tranquille un temps puis revient. Ce qui est bon, c'est de rencontrer des artistes qui savent en rendre compte, qui disent, dans leur livre, dans leur film, peut-être dans leurs photos - C'est normal. Ça arrive à d'autres. Tu n'es seule.
(Et donc ce matin, parmi les choses qui me ramènent à la vie, il y a accomplir des rituels de solstice d'été. Oh, des choses toutes simples, comme défaire l'autel près de mon lit qui accumule la poussière depuis septembre ! et réfléchir à un nouvel autel... et aussi, boire lentement une tisane d'herbes fraichement cueillies au jardin, menthe et romarin... j'ai aussi posé et allumé une bougie dans le photophore que Nicolas a posé une nuit dans ma chambre, en 1995, à un moment où notre relation était si compliquée.. Nicolas a toujours su me faire des cadeaux magiques même quand notre relation souffrait... Et voilà, je vis !)
Et toi, ma chérie-chéri... qu'est-ce qui te ramène à la vie ? (et comment célèbres-tu le solstice ?)
Ah ce sujet , son titre ,c’ est exactement le ressac permanent que je ressens . Tu as besoin , disais tu , que ton écriture soit adressée , et pile je la reçois comme si elle m’ était adressée .Ce qui me reconnecte à la vie , c’ est la joie de mes petits enfants quand ils me voient et là je me dis qu’ on perd toujours trop vite une grand mère et que je peux leur offrir encore beaucoup . Et près t’ avoir lue , je me sens moins seule aussi . Pas encore fêté le solstice d’ été , quoique si , j’ai répondu aux questions de mon petit fils à ce sujet -)
Rédigé par : Une Christine | mercredi 22 juin 2022 à 13:02
oui tu peux leur offrir beaucoup, et pas seulement à eux. Gros baisers chère Christine et merci d'attraper mes mots <3
Rédigé par : Christie | jeudi 23 juin 2022 à 11:29