3 mots sur les secrets (merci Amélie, tu m'as donné du grain à moudre !)

 

L'autre jour, j'ai demandé à ma bande de potes, "J'aimerais faire une expérience. Qui parmi vous serait prête ou prêt à échanger son téléphone portable avec moi pendant 5 minutes, à me laisser farfouiller dans le sien et à regarder à sa guise dans le mien ?"

Parmi les 10 amis + Nico, seule une amie s'est écriée "Yesse, super, on le fait maintenant ou tu préfère qu'on se voie tranquilou, un autre jour ?".

Les autres ont trouvé l'idée ou bizarre, ou menaçante "Mais tu pourrais envoyer n'importe quel message depuis mon téléphone en te faisant passer pour moi !" (oui, je pourrais le faire à présent que tu m'en as donné l'idée...)

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Un soir, au resto, il y a 8 ans, Nicolas m'a balancé "Tu ne crées plus rien." 
Il n'avait pas tout à fait raison, et quand même, ses paroles m'ont réveillée. J'ai arrêté de faire ce qui m'entravait dans mon développement créatif, et détruisait notre lien. 
Passé 3 ans de tristesse, de nostalgie, je peux dire "je n'ai plus de secrets". 

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Il y a toujours un ou deux désirs tapis en moi, qui au moment le moins opportun sortent comme des diables de leur boîte. Je n'en parle à personne, enfin, si, de temps en temps à ma psy, parfois à ma cousine, parfois à mon amie Yael. Quant à Violaine, 5 minutes au téléphone et elle devine ce que j'essaie de lui cacher. Je ne donne pas tout le puzzle, à personne. Pas besoin, le désir sort tout seul, me laissant ensuite confuse pendant plusieurs semaines et même des années plus tard, quand j'y repense. 

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Quand même, un truc dont je parle à pas grand monde, ce sont mes artist dates. Je veux dire, une grande partie de ceux qui me connaissent savent que j'en fais, et je ne dis pas où je vais, ni où je suis allée, ni quand. J'aime bien garder le truc à moi, en moi. Et puis au bout de 11 ans 1/2 d'artist dates hebdomadaires, je n'assume toujours pas de les faire. Je veux dire, je sais que ces moments d'exploration gratuits sont nécessaires à mon travail, et aussi pas tellement compris dans notre culture. Donc : c'est mon moment secret, à moi. 

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Roland Barthes, dans son cours devenu un livre Préparation du roman, introduit le concept de Labyrinthe : la stratégie mise en place par chacun de nous pour se planquer aux yeux du monde (et à ses propres yeux ? je ne sais pas). Ma stratégie à moi est obviously, la profusion de mots. 

 

Comments

[Rédigé par : Amélie]

Merci à toi, Christie !!!

[Rédigé par : Marie-Valérie]

Bonne idée tiens, je t'aurai bien laissée fouiller dans mon portable et envoyer un message surprise à un destinataire surprise...

[Rédigé par : Christie]

Ben quand on se rencontrera Marie-Valérie on se fera l'échange des portables si tu veux ! et je n'ai aucune envie d'envoyer un message à une personne inconnue, en revanche ça m'amuse l'idée de regarder tes photos, tes applis... et te montrer les miennes !

[Rédigé par : Milky/Bree]

Marrant le coup de l'échange, je crois que je n'ai rien à cacher dans le mien (hum à vérifier quand même), mais ça me gênerait trop de regarder dans le téléphone de quelqu'un d'autre, même avec son accord !

[Rédigé par : Emilie]

Très intéressant ce billet ! Tu dis que tu n'as plus de secrets même si de toute évidence, tu en as toujours puisque tu le dis toi-même à la fin, tu te caches derrière les mots. To hide in plain sight disent les Anglo-saxons. Une stratégie qui semble te réussir, non ?

[Rédigé par : Christie]

Chère Emilie, ce n'est pas une stratégie volontaire.. et je ne vois pas en quoi elle me réussit - pas plus qu'elle ne me nuit. C'est juste, comme ça, pour l'instant !

[Rédigé par : Emilie]

Je ne voulais pas forcément dire que c'était délibéré ; si j'ai l'impression qu'elle te réussit, c'est parce que tout ce que tu mets en oeuvre est au service de ce qui te tient à coeur. La manière dont tu nourris ta créativité, avec les pages du matin, les rendez-vous pour alimenter le puits (comme le dit Julia Cameron), les billets de ce blog, etc. Un fil rouge relie toutes tes activités.