C'est arrivé lorsque j'avais 8 ans. C'est là que j'ai commencé à me voir changer, à comprendre que mes pensées et ma conception du monde évoluaient. C'est là que j'ai eu envie de me souvenir des évènements marquants de ma vie. C'est là que j'ai eu envie, ou besoin, d'un espace où broder. Elaborer. Approfondir. Je ne trouve pas le mot juste. Explorer les différentes facettes de ce qui était en train de m'arriver. Et aussi, c'est là où j'ai compris que je ne pouvais pas me fier, pas complètement, à ma mémoire. Que je pouvais lui faire raconter n'importe quoi.
Alors que si je l'écrivais...
Ça allait rester. Je pourrais relire les mots et trouver un point de repère, un point d'appui, savoir, qui j'étais au moment où j'ai écrit ceci. La mémoire est mouvante, le texte serait mon point fixe.
Et puis, il y avait aussi tous ces mots de mes parents, ces mots posés sur leur histoire et la mienne quand je le rejoignais. J'étais contente qu'ils me racontent mon histoire, j'étais heureuse de faire partie de la leur mais j'avais aussi envie, besoin de relater ma propre version des faits.
Alors, j'ai pris l'un des cahiers Clairefontaine à grands carreaux et à fines lignes bleues pâles, un des cahiers petit format que nous avions d'avance, Maman avait dans le placard de l'entrée une réserve de fournitures scolaires et de cadeaux pour les amis, pour lorsque la maîtresse demandait un nouveau cahier du jour au lendemain ou lorsque je lui rappelais que demain j'étais invitée à l'anniversaire de Julie. J'ai pris l'un de ces cahiers au papier familier, soyeux, on avait le droit de se servir, Maman nous a toujours acheté et permis d'utiliser toutes les fournitures dont on avait besoin, le matériel de dessin, la pâte à modeler, les crayons. J'ai pris un cahier à la couverture rose et sur la page de garde au centre, j'ai marqué, Ce que j'en pense, et en bas, mon prénom, et la date, avril 1983, et la ville, Fontenay-le-Fleury.
J'avais trouvé la panacée, ce fameux point fixe auquel j'aspirais.
Tu parles.
Ma mère c'était plutôt le contraire de la tienne, elle croyait me faire mal lorsqu'elle déchirait sous mon nez mes dessins. Ce que je n'ai compris qu'une fois devenue adulte, c'est l’aveu d'impuissance qu'elle exprimait alors. N'étant pas autorisée à faire les Beaux Arts, je me suis vite dirigée vers un CAP de secrétariat afin de voler de mes propres ailes dès le jour de ma ma majorité.
Cependant, ce fil rouge est resté intact dans ma vie et lorsque je regarde par dessus mon épaule je vois à quel point je n'ai jamais douté de mes capacités à créer même avec des bouts de tissus, des perles, des crayons et autres peintures.
Maintenant je m'élance vers un tout nouveau projet, qui fera le lien entre art et thérapie holistique et punaise, que c'est bon d'être enfin sur mon proche chemin, débarrassée des scories du doute et de la peur.
Tendresse.
Rédigé par : Marie-Valérie | samedi 16 avril 2022 à 10:49
Oh la la quel parcours ! j'ai hâte de voir ce que va donner ton nouveau projet ! gros baisers Marie-Valérie.
Rédigé par : Christie | mercredi 20 avril 2022 à 11:51