
Irène m'a écrit pour me poser la question suivante. Elle m'autorise à reproduire son mail, le voilà.
Bonjour Christie,
Lectrice depuis des années de ton blog et de tes livres et depuis moins longtemps de ta newsletter, je voudrais te partager un problème que je n'arrive pas à résoudre et sur lequel j'aimerais beaucoup beaucoup t'entendre :
Comment faire quand on a trop d'envies ?
Je suis consciente que ça doit avoir l'air un peu stupide, mais vraiment, très souvent je me sens paralysée par une surabondance de désirs parmi lesquels je ne parviens pas à choisir. Il y a trop de livres que j'ai envie de découvrir, trop de pistes que j'ai envie d'explorer (des dizaines de recettes de cuisine, des parfums naturels pour ma maison, une haie variée dans mon jardin pour accueillir des petits visiteurs, la cuisine des plantes sauvages, la cuisine au feu de bois, apprendre à conter, etc), trop d'engagements qui m'attirent (un club nature pour les enfants, la bibliothèque de mon village, le partage autour de la cuisine avec des nouveaux arrivants en France, etc.). Bref, je ne sais tellement pas par quoi commencer avec tous ces désirs qui tournent dans ma tête et dans mon cœur que finalement, je ne fais rien du tout ou en tout cas pas grand chose de tangible.
J'ai bien tenté de me plonger dans tes bouquins pour trouver un remède mais en fait ils suscitent chez moi encore plus d'envies !
Voilà, c'était une question bouteille à la mer, que je porte depuis longtemps sans avancer d'un iota alors je te la confie.
Chère Irène,
je fais partie des personnes qui oscillent entre le trop et le pas assez. Et notamment, le "pas assez d'envies", et le "trop". (Julia Cameron mentionne ces deux situations dans son livre The Artist's way, traduit en français sous le titre Libérer sa créativité : elles ne sont ni stupides, ni rares, ni anecdotiques).
Comment je gère le "trop" ?
Je le gère de la même manière que le "pas assez" : au travers des pages du matin et des Artist Dates. Je demande à être guidée - et je le suis. Je demande notamment "à quoi suis-je appelée ?" et j'attends la réponse. Puis je la suis.
En ce moment je n'ai qu'un seul projet de livre. Cela me gonfle ! parce que je n'ai pas de commande pour ce livre, je ne sais pas s'il est bon, ça m'angoisse, j'aimerais un sujet plus commercial, défini avec un éditeur...
Et quand je demande, "un autre livre please ?" la réponse que j'obtiens, c'est "termine celui-là".
Et c'est ce que je suis en train de faire du coup. Et je demande à être guidée pour écrire le meilleur livre possible.
En revanche, à d'autres époques de ma vie, j'ai eu 3 idées de livres et les 3 me tentaient. Il n'était pas question pour moi d'écrire les 3 à la fois. Alors je suis partie me balader et j'ai demandé qu'à la fin de la balade, j'ai les éléments en main pour décider quel livre je commencerais à écrire. Pendant la balade, je n'ai pensé qu'à un seul bouquin - je crois que c'était celui sur le travail à la maison. Ben j'ai écrit celui-là.
Puis ensuite quand il a été écrit puis lancé, je me suis remise à écrire les nouvelles, qui étaient dans ma liste.
Ainsi j'ai écrit deux des livres sur les trois : mais pas les deux à la fois (et le troisième, je ne sais plus ce que c'est).
Mon père m'a dit cette phrase Tu peux tout faire, mais pas tout à la fois. Je garde cette phrase précieusement.
Et aussi j'ai mis au point une discipline personnelle : pas plus d'un projet de coeur à la fois. Ou alors, un sur le devant de la scène et un "en toile de fond". Par exemple quand je terminais un jeu d'illustrations pour un livre, je ne concevais pas mon agenda... Jt je pouvais quand même commencer à prendre des notes dans un carnet dédié lorsque me venaient des idées pour l'agenda. Et quand j'ai eu terminé les dessins, je me suis mises à fond dans l'agenda.
Ainsi je suis à fond dans chaque chose (quand tout se passe bien) et la tristesse de terminer un projet de coeur, fait place à la joie de pouvoir commencer l'un de ceux qui attendaient patiemment. (ET parfois le projet qui attendait est caduque et zou on passe à autre chose ou à rien, petite pause de projet qui n'est pas très confortable mais permet d'y voir plus clair).
Il y a aussi la question de l'énergie, de la juste allocation de mon don, du plaisir, de là où je me sens bonne. Je lâche tout un tas d'engagements quand je me sens durablement agacée, ou pas justement employée - l'écremage se fait de lui-même, enfin, je dois apprendre à dire Non ou stop SANS froisser les personnes, et bon à la fois c'est leur problème un peu si elles se froissent... Je fais le plus doucement et le plus respectueusement possible. Quand j'y arrive.
Allé, je dois filer - l'un de mes projets de coeur m'attend, justement !
Ma chérie-chéri - as-tu des choses à ajouter, à nuancer ? Comment tu t'y prends toi, quand tu as trop d'idées ?
Coucou Christie! Moi perso, je hiérarchise. Je segmente. Je fractionne (ha, ça me fait penser aux tontons flingueurs :D): un projet à la fois dans chacun de mes domaines de passion: UN projet tricot, UN projet couture, UNE formation en aroma, UNE formation en histoire - en fait pour 2022 et pour la 1ere fois, j'ai défini strictement mes passions hors boulot: tricot/couture/aroma/histoire. Les deux 1eres, je les mène en autodidacte, l'aroma avec une formation par modules et l'histoire avec les cours du Collège de France. C'est du boulot d'organiser ses passions, mais ça enrichit tellement mon quotidien! Et c'est grâce à toi, et à tous tes conseils d'organisation :-)
Rédigé par : Mayou | mardi 08 février 2022 à 10:15
Je ne liste rien, ni ne hiérarchise parce que c'est le meilleur moyen pour que je ne m'y colle jamais. J'ai pourtant tenté quelques trucs, aussitôt adopté, aussitôt oublié. Bon, je me challenge quand même un peu et cette année c'est un dessin, une aquarelle ou un gribouillis par jour. Bon, plutôt tous les 2 jours, faut pas pousser.
Bises !
Rédigé par : Marie-Valérie | mardi 08 février 2022 à 14:18
ah la Mayou que ça a l'air clair dans ta tête ! que tu l'exposes bien !!
et oui le premier ennemi à combattre c'est soi et son envie de tout embrasser...
Marie-Valérie, bravo pour ton dessin presque tous les jours.
Rédigé par : Christie | mardi 08 février 2022 à 16:28
Oh merci!
Je la trouve très libérante la phrase de ton père. C'est plus léger de renoncer dans l'immédiat à faire certaines choses vu comme ça et même très motivant si on se dit que c'est précisément ce renoncement provisoire qui rend possible de tout faire.
Bon ben je vais demander alors (et ne plus avoir peur de vouloir "tout"!
Rédigé par : Irène | mardi 08 février 2022 à 16:59
en vrai je pense et tu l'écris aussi dans ton mail, qu'il faut choisir ! et c'est la partie difficile. Et la fatigue, et le désir de poser sa marque, et la demande de guidance, tout ça aide.
Rédigé par : Christie | mardi 08 février 2022 à 19:49