Si j'ai envie de savoir à quoi je ressemblais, enfant, je tourne la tête à droite et je regarde la photo d'école, moi à presque 6 ans, à l'entrée en CP, les cheveux châtain partagés en deux par une raie, retenus par deux barettes, comme je les coiffe encore parfois aujourd'hui. J'ai récupéré cette photo à la mort de ma grand-mère, elle était dans l'une des chambres de sa maison, j'adorais l'y voir et je suis heureuse de l'avoir à présent, dans son cadre vert, dans mon bureau.
Si tu veux savoir à quoi je ressemblais, enfant, tu peux aller dans une librairie - ah non, l'édition a changé depuis - tu peux aller sur internet et demander à ton moteur de recherche de trouver le livre Viou, d'Henri Troyat. Le dessin de l'enfant sur la couverture, est frappant de ressemblance avec la photo prise par le photographe de l'école primaire René Descartes. Même coiffure. Même traits fins. Même air grave !
C'est à cause de cette ressemblance je crois, que Maman a ramené à la maison le livre Viou et me l'a offert. La connaissant... elle a dû quand même auparavant vérifier que l'histoire était "de mon âge" - 8 ans au moment où elle me l'a offert. Elle l'était. Je lisais, que dis-je, je décorais encore des Comtesse de Ségur et des Club des Cinq, et cette diversion, ce nouveau style, cette édition (J'ai Lu) pas ouvertement pour les enfants (je pouvais lire le livre mais ce n'était pas un livre pour les enfants - et à 8 ans, ça m'a ravie, ça a commencé à me plaire de lire différents styles de livres et pas que des livres écrits pour mon âge).
Une petite fille de 8 ans (tiens tiens), Sylvie, dite Viou, s'installe chez ses grands-parents paternels au Puy car son père, médecin, est mort et la maman, Juliette, a besoin de temps pour se reconstruire et travailler. Entre son grand-père et sa grand-mère qui ne s'entendent pas, et la grande maison dans laquelle elle a passé des courts séjours mais qui est sa maison à présent, et le chagrin de la perte d'un père et d'un fils que chacun vit, forcément, à sa manière, Sylvie se construit peu à peu sa nouvelle vie... 39 ans après avoir lu le bouquin, je me rappelle encore les grandes lignes de l'histoire - c'est l'un des seuls livres dont je pourrais dire ça ! Ce dont je me rappelle encore mieux, c'est de la fin du livre... que je ne te raconterai pas car bon. Mon moi de 8 ans dit à mon moi de 47 ans de te dire, que Viou est un chef d'oeuvre et mérite d'être lu !
Et à la fin du livre, je suis en train de le lire dans mon lit, c'est le soir, et un évènement très triste surgit dans l'histoire et dans la vie de Sylvie, et je suis tellement triste, tellement triste, et les larmes montent, et je pleure pendant de longues minutes, et je m'endors en pleurant sur un évènement qui ne m'est pas arrivé à moi mais à un personnage auquel je m'identifie. Et c'est ma première fois, ce sont mes premières grosses larmes réelles, mon premier gros chagrin lié à une oeuvre de fiction et non pas "dans ma vraie vie à moi".
Et à travers mes larmes je pense, Waow, un livre peut faire cela. Un livre peut faire cela !
Wow, la ressemblance est frappante <3. Aaaaah, les livres doudous, ceux qui font ressentir tout plein d'émotions <3 <3
J'adore ton petit air mutin déjà très déterminée sur la photo.
Rédigé par : lou | mercredi 26 janvier 2022 à 16:09
J'ai lu du Henri Troyat il y a fort longtemps. Etait-ce "Viou" ou un autre ? Tu me donnes envie de replonger dans les livres de cet auteur en tout cas. Moi, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps en lisant "Sans famille" de Hector Malot. Et il y a eu bien d'autres fois où la fiction m'a fait cet effet (et où je me cachais pour pleurer).
Rédigé par : Emilie | lundi 31 janvier 2022 à 15:30
ah mais ouiiii, Sans Famille... oh la la le destin du pauvre petit Rémi ! quelle belle histoire !!
Rédigé par : Christie | lundi 31 janvier 2022 à 17:14