Je suis contente, enfin, demi-contente car mes obsessions du moment trouvé leur résolution et leur apaisement. Enfin, j'ai oeuvré pour qu'elles le soient.
J'en avais trois, j'ai tout coché : trouvé ma confiture de cassis / trouvé mon ail des ours dans les bois / trié les vêtements dans mon dressing / rassemblé par thème presque tous mes carnets et cahiers épars, dans des boîtes étiquetées.
Je suis contente d'avoir eu le courage d'aller au bout de ces obsessions, alors qu'elles ne semblaient pas raisonnables du tout. Je suis contente ce matin de lire ce texte sur mon blog chéri d'Austin Kléon. J'adore ressentir les résonances with this guy.
Et à la fois, bizarrement, une fois l'obsession apaisée, je me sens un peu vide. Une obsession, même bizarroïde, même à contretemps ce que je devrais / voudrais être en train de faire, une obsession c'est une direction à suivre.
Bon. Merci cassis + ail des ours + range ta chambre, d'être venus orienter mon début mars.
Prochain combo obsessionnel, je t'attends de pied ferme.
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La bonne nouvelle, c'est qu'au fur et à mesure que je me remets à écrire tous ces textes au sujet de l'écriture, ben, ce qui au départ était un peu poussif, une discipline, prend de la vitesse et de l'énergie et s'étoffe comme la queue bien fluffy d'un écureuil, et oui je recommence à m'obséder sur les thématiques de mon livre ce qui est une excellente nouvelle (pour moi du moins).
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Ce matin, j'ai été réveillée par le bruit d'Alma vidant le lave-vaisselle. Je me suis pressée hors du lit pour l'aider (elle n'aime pas ranger les couverts, elle n'aime pas le faire toute seule ce service, encore moins le matin avant de partir à l'école). Voilà, dès que ça a été fait, les couverts, trois petits mots d'amour à ma fille, je suis remontée me faire couler un bain pour y écrire mes pages du matin.
Oh la la que je suis contente d'avoir pris, il y a 10 ans, cette décision d'écrire chaque matin 3 pages ! Comme ça m'aide à démarrer la journée. Toute cette parole qui a soif de se dire, de se dérouler, de se dévider. Je pourrais les penser ces mots, d'ailleurs ce matin j'ai rêvassé entre deux phrases pendant 10 minutes. Mais les déposer là, pouvoir y revenir, savoir qu'ils sont quelque part. Ce qui est dehors n'est pas dedans. J'ai le sentiment que quelque chose m'écoute. J'ai la preuve matérielle que quelque chose s'élabore. Quoi ? La matière de ma vie, une manière de "processer" ce qui m'arrive et aussi d'imaginer toutes les réponses que je pourrais apporter aux évènements, et puis aussi râler pleurer bougonner radoter, et puis aussi me demander ce que je pourrais bien faire d'amusant aujourd'hui. Comment je m'habille.
Une tasse d'eau est posée à portée de main, sur le tabouret juste à côté de la baignoire. Hush lui a pris place sur ma chemise de nuit, que j'ai pris soin de poser sur le tapis de bain.
Je n'ai aucune idée de ce que j'écris au moment où je suis en train de l'écrire, j'ai l'impression le plus souvent que les pensées n'ont ni queue ni tête, ni aucun intêret, juste cela me soulage de les voir sortir de moi, ou se former au fur et à mesure que je les écris. Pourtant ce matin en prévision de ce texte que j'avais projeté d'écrire (je planifie des trucs, quand même), je suis allée feuilletter les pages des autres jours. Et bien ça avait un sens les phrases et même une certaine profondeur. Ce qui me donne à penser que l'exercice est une forme d'auto-hypnose, dans l'état de conscience modifié du petit matin, j'accède à des pensées dont je n'ai même pas idée.
Des pensées et des ressources.
En quoi les pages du matin m'aident à écrire ? Eh bien, comme je le disais hier, elles sont une répétition, un brouillon, une esquisse des textes ou bouts de textes que je pourrai écrire plus tard dans la journée. Elles m'encouragent à écrire, pour la simple et bonne raison que j'enregistre les moments qui me rendent heureuse et écrire me rend heureuse. Elles font émerger des sujets d'écriture, pas toujours de manière consciente - et je commence à élaborer sur ces sujets, à écrire ce que j'en pense, et ensuite j'ai envie de poursuivre et de donner une forme à ces pensées brutes. Et puis j'imagine qu'en évacuant une bonne partie du bordel qu'il y a dans ma tête, je suis plus disponible ensuite pour écrire quelque chose d'épuré. Ou pour me lancer. Lorsque Hush et moi nous baladons sous la pluie, je sors en bottes et j'aime bien avec mon pied, désobstruer les grilles d'égout de toutes les feuilles mortes et branchettes qui les obstruent, et ainsi les petits ruisseaux de pluie s'écoulent avec fluidité. Les pages du matin sans doute, c'est moi avec mon stylo et mon gros cahier, en train de bloublouter dans un fond de baignoire dans laquelle je rajoute tour à tour un peu d'eau chaude ou un peu d'eau froide, qui me désobstrue l'âme des conneries qui l'obstruent et empêchent la lumière de passer.
Et bien sûr, faire ce travail qui n'en est pas un, plutôt une hygiène de vie au pire neutre, au mieux très agréable et soulageante, mon point d'ancrage de chaque matin, le rituel immuable... qui, paradoxalement, me garantit que chaque journée sera différente de la précédente et de la suivante - ne serait-ce que parce que je vais me poser la question "comment cette journée va-t-elle être spéciale ?" et y répondre ; ou ne pas trouver de réponse immédiate, mais poser l'intention qu'elle le soit et ensuite, ben, j'ai confiance.
Bon. Je ne sais plus trop quoi écrire sur le sujet, j'ai l'impression que je me suis fait la demande de parler d'un ami très très proche - et je le vois de si près, que je ne sais pas bien quoi en dire alors qu'on se connait intimement ! C'est fou, tout ce que l'on sait et qui demeure caché, caché même lorsque je voudrais le dévoiler.
Bonne journée ma chérie-chéri !
Evacuer le bordel,
laisser passer la lumière.
J'aurais même envie de dire "faire rentrer la lumière", comme quand on tire un lourd rideau de velours pour faire rentrer la belle lumière du matin dans une chambre, au réveil, car, ces pages du matin, c'est bien une manière active, quoique plutôt douce, de faire entrer ce qu'on veut vraiment dans notre vie, après avoir mieux pris conscience de ce qui nous obstrue.
Je me pose (pour la 1000ème fois !!!) la question : comment font ceux qui n'ont pas ce outil ?!...
xoxo
AL
Rédigé par : Anne-Liesse | jeudi 18 mars 2021 à 12:05
J'admire ta constance ! Comme j'aimerais réussir à les faire, ces pages du matin... mais vraiment, je n'y arrive pas. Le matin, c'est trop dur de se lever plus tôt pour 20 mn d'écriture avant le boulot... et après... la journée file trop vite.
Mais à chaque fois que je te lis, je me dis qu'il faudrait que je me redonne une chance avec ces pages. On verra.
Je t'embrasse
Rédigé par : Cath l'ancienne / Cappuccinette | jeudi 18 mars 2021 à 12:14
Que ce texte me parle, comme souvent tes écrits, Christie ! Merci merci ! Je suis une inconstante des pages du matin mais j'y reviens quand même.
Rédigé par : Emilie | jeudi 18 mars 2021 à 15:25
J'ai écrit tous les matins ou presque pendant 4 ou 5 ans, sans jamais vraiment y trouver un réel plaisir parce que j'avais toujours l'impression de tourner en rond au fil des pages. Par contre, j'utilisais un superbe stylo plume offert pas mon mari, je pense que cet outil qui glissait tout seul et dont l'encre s'éclaircissait ligne après ligne avant de le remplir à nouveau maintenait mon intérêt pour la chose.
Au final, ce qui m'intriguait c'était l'aspect physique de mes pages : l'état de l'encre, les courbes, les pointes, les traits, les ratures... autant d'indices qui en disaient plus long sur mon état d'esprit que les mots eux-mêmes.
C'est sans doute pour cela qu'une fois remise à la peinture, l'écriture a cédé sans rechigner sa place.
Tendresse.
(PS : j'écris quand même mais j'écris utile ! Chaque semaine j'envoie une lettre à une personne âgée via le site "1 lettre 1 sourire")
Rédigé par : Marie-Valérie | jeudi 18 mars 2021 à 17:44
Oh Marie-Valérie que c'est beau ce que tu écris sur l'aspect de tes pages du matin... moi ce qui m'importe ce n'est pas tant elles, que la suite de mes journées qu'elles me permettent de vivre et qui je te l'assure est bien plus colorée et intéressante depuis que je les écris.
Catherine, ma constance en la matière ne me coûte rien ou très peu.. et j'ai un caractère de constance et de fidélité...
Rédigé par : Christie | vendredi 19 mars 2021 à 17:38
oh le commentaire d'Anne Liesse, je le vois si bien être tiré ce lourd rideau et la lumière ainsi s'infiltrer...
Quelle est cette confiture de cassis que tu as trouvée et qui ravit vos papilles ? Je cherche ici des pieds de cassis de Bourgogne pour ces fruits et leurs feuilles, pas encore trouvé (pour en installer sous le tilleul ou à Château).
Rédigé par : Emmanuelle | samedi 20 mars 2021 à 17:28
la confiture que je trouve vraiment bonne et pas chère, 1,29 euros, c'est celle de reflets de france, parfois diffusée dans les Carrefour. Et sinon dans ton coin il y a les préparations faites par une ferme à côté de Taizé. Leur jus de cassis, une merveille ! et ils en vendent aussi au Carrefour de Cluny. (Et tu connais bien sûr la moutarde aux noix d'Edmond Fallot ?)
Rédigé par : Christie | lundi 22 mars 2021 à 15:41