Je suis fière de toi, Maman.
(ça c'était ce matin, juste avant qu'on se sépare devant le métro).
Bonjour ma chérie-chéri !
Bon je n'ai pas pu t'écrire hier, trop overwhelmed que j'étais par tout le travail extérieur et intérieur qui m'incombe en ce moment.
Ce n'est pas tout d'avancer dans la vie, de grandir - il faut aussi assumer les coûts de cette croissance ; les coûts financiers, les coûts émotionnels, les coûts relationnels. Supporte sans râler the normal costs of doing business, écrivit un jour Danielle Laporte - je pensais qu'elle faisait allusion aux seuls coûts financiers, aux impôts, à la licence Microsoft, au forfait de téléphone portable, aux séances de supervision... et je m'aperçois qu'il y en a d'autres, des coûts. Que je chemine pour accepter sans lutter, plutôt en essayant de regarder l'occasion d'apprendre associé à ces coûts.
La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas toute seule. Je veux dire, physiquement à mon bureau je suis seule, mais au bout de 20 ans (20 ans !!) de travailler à mon compte, et à la maison, peu à peu m'entourent, me choisissent et je les choisis, des amis de travail, certains que je paie, certains qui me paient, et pour d'autres on est "simplement" là les uns pour les autres, sans échange d'argent. Admiration, respect, tendresse, soutien, rires. Amour de la nature, des couleurs, de ce qui avance à son rythme.
Et donc hier, j'ai eu comme chaque mercredi à 9 heures, une discussion avec l'une de ces personnes qui m'entoure. Julie. Julie m'entend assez anxieuse. Elle me pose la question :
- (Si tu prends un peu de hauteur par rapport à ton anxiété d'aujourd'hui) (ça elle ne l'a pas dit, c'est moi qui rajoute) Regarde où tu étais il y a 6 mois.
- Oh la la il y a 6 mois j'étais à Belle-île, c'étaient vraiment de top vacances, d'ailleurs je n'ai rien fait, pas de programme, pas de livre à écrire, rien, que profiter. (Je me mets à rire). Le contraire d'aujourd'hui où je travaille comme jamais !
- Bon, ok, c'est intéressant. Et si tu regardes où tu en étais il y a un an ?
Je réfléchis deux secondes, et là je me mets à trembler.
- Julie, tu sais quoi ? il y a un an, tu te souviens, je hurlais que j'étais seule professionnellement, je recherchais désespérément un groupe de supervision professionnelle, et je ne supportais plus d'avoir comme seuls clients des personnes que je ne rencontrais que deux jours, avec lesquels le lien tissé était ténu, je désirais de la fidélité et des liens au long cours. Bon ben. Tout cela, un an plus tard, ça y est, ça existe, je l'ai construit, je suis en train de le construire, ça y est, ça existe. Alors. De quoi je me plains ?
Et nous avons ri ensemble. Et ça faisait du bien.
Oui c'est bon de pouvoir partager mes maux de l'âme et mes progrès avec une amie qui me voit et surtout m'écoute la pauvre depuis... bien plus d'un an !
C'est bon de me voir progresser dans ses yeux, dans son coeur, dans sa mémoire, dans les questions qu'elle me pose. (Et de voir mes amies évoluer elles aussi sur leur chemin professionnel et personnel).
C'est bon de m'apercevoir que ce qui m'arrive (la fébrilité, l'anxiété, la peur de mal faire) est normal. Just the normal costs of doing business.
Je les accepte !
Bonne journée, ma chérie-chéri !
Bonjour Christie, j'aime bcp travailler seule. En te lisant je conscientise que qqchose manque et c'est justement cet élargissement que donne l'échange avec d'autres professionnels. Je reconnais que j'ai des difficultés à le mettre en place, tout en le souhaitant... se donner le temps que ça mûrisse? bises
Rédigé par : sylvie | lundi 18 janvier 2021 à 12:55
chère Sylvie, les choses importantes prennent souvent du temps... et c'est bon aussi !
Rédigé par : Christie | lundi 18 janvier 2021 à 14:19