
Dernier jour à Belle-île.
La brise soulève le paréo en batik bleu qui me sert de rideau. Le lit est grand ouvert, ces derniers jours je l'ai aéré et désablé avant de le remettre en ordre. Un gâteau cuit dans le four. Nous partons à la plage dans une heure, quand le quatre-quart aura cuit et un peu refroidi. Une plage à l'autre bout de l'île, du côté de Locmaria. Après la plage, nous irons rendre les vélos chez le loueur, à Sauzon. Puis j'irai dire au revoir à la plage de Donnant. Entre temps, je pourrais me laver les cheveux. Et ce serait bien aussi que je commence à emballer mes affaires et le début de l'épicerie que nous n'allons pas laisser dans la maison. Mon inquiètude sur Comment on va porter dans tout ça dans le bateau et jusqu'à la voiture, restée à Quiberon, au parking du Sémaphore ?
On verra bien.
Avant de partir à Belle-île, j'ai eu la chance (et oui, le travail pour moi devient une chance) d'animer deux jours de formation sur la gestion du temps.
Je n'avais pas envie de l'animer de la même façon qu'avant - que la dernière fois où je l'avais animée, cette formation, et qu'avant le confinement. J'ai du mal à théoriser comment mais je sens, je sais que ce moment suspendu a modifié profondément nos perceptions de plein de choses, et notamment du temps. Je voulais changer quelque chose mais je ne savais pas quoi ni comment... Exactement la même problématique que celle ouvrant et donnant le prétexte du livre Changer avec le Kaizen.... Mais pour opérer ce changement, je n'ai pas utilisé la méthode dont mon livre fait l'objet, j'ai plutôt utilisé ma méthode préférée (et beaucoup plus hasardeuse) (dont je parle aussi dans le livre mais sur 3 lignes) : la méthode de la sérendipité, j'attends que le changement me tombe tout cuit dans le bec. Hé ben croyez le ou pas, elle marche quand même assez souvent cette méthode.
Doooonc. 10 jours avant le début de la formation, j'ai été voir (pour le plaisir de la voir) mon amie Emmanuelle, dans sa jolie maison sur la colline, sous le tilleul, et j'étais dans la voiture, en train de repartir sous le soleil rasant de fin d'après-midi, quand elle me dit - Ah au fait, j'ai suivi une formation sur la gestion du temps, y'a peut-être 2-3 trucs qui pourraient t'intéresser. - Oh oui ! oh oui !!
Emmanuelle m'envoie ses notes. M'envoie le commentaire audio sur ses notes. Je me passionne pour des concepts et des manières de voir les choses que je n'avais jamais entrevues auparavant (ce sujet du temps est génial, fantastique, inépuisable). Et je crée un nouveau module, les 6 secrets pour être encore plus ami avec son temps. Mes participants l'ont adoré !
Parmi ces 6 secrets, celui que je retiens et qui m'aide pour ma vie d'aujourd'hui c'est celui des livrables et du petit plus.
L'idée, c'est d'organiser sa semaine (sa journée, son année, son mois) en termes de livrables que l'on doit délivrer à nos clients (=ceux pour qui on travaille) et à nos fournisseurs (=ceux qui nous aident à faire le travail). En s'incluant dans les clients et les fournisseurs (car pour faire le travail, j'ai besoin de régénérer mon énergie, sinon je fournis du travail de merde ou je suis en risque d'épuisement). Et donc la question que pose se secret, en fait il y en a deux, c'est :
- pour chaque fournisseur, ou client, quel est le minimum minimorum acceptable que je dois délivrer ? et avec cette question mes amis, je reviens dans la réalité. Je m'ôte une pression de malade, je limite le risque du perfectionnisme. Ouf !
- la 2ème question est tout aussi charmante et le charme opère différemment. Quel petit plus puis-je ajouter (si j'ai le temps, l'envie, la ressource) à chacun de ces livrables ? Et c'est là qu'opère ma singularité, ma créativité, ma joie.
Ces deux questions, depuis que je me les pose, m'aident à vivre le meilleur de mes journées. A donner le meilleur de moi-même. Aujourd'hui par exemple, le livrable c'est de faire les bagages, de rendre les vélos. Et le petit plus c'est ce quatre quart qui commence à embaumer dans la maison. C'est peut-être ce soir, la visite à ma crique adorée, au couchant. Ah ! que ça me rend heureuse de penser à cette visite à ma crique aux cailloux ! où peut-être, tout à l'heure, je ferai des ricochets....
Bonne journée, ma chérie-chéri !
Ce matin j'apprends l'existence et la mort du Jésuite écrivain Joseph Moingt, à 103 ans. Deux phrases me restent et je les garde pour moi et je vous les partage, tirées de l'entretien qu'il a eu avec le journaliste Jean-Pierre Denis, de la Vie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre qu'il a commencé d'écrire à 100 ans !!! Je ne pouvais m'empêcher de vivre, et comment vivre sans écrire ? et Où trouver l'élan et le goût de commencer chaque matin une nouvelle journée sans y être pressé par la hâte de reprendre le travail inachevé la veille ?
Les commentaires récents