Ce matin, je suis restée assise dix minutes sur un banc du petit parc moche, interdit aux chiens ; là où ma copine et moi on se retrouve vers 7 h 45, quand elle est là, quand je suis là, autour de nos chiens qui baguenaudent. D'elle, je connais son prénom, quelques détails de sa bio (mariée à un cameraman, deux fils jumeaux de l'âge de Chimène, son métier, coordinatrice auprès d'un grand tour operator, le nom de son chien : Dolly, un labrador noir sauvée d'un refuge). Et l'une de ses habitudes, promener son chien le matin avant de changer de chaussures, enfourcher son scooter et partir travailler.
Ce matin et hier matin je l'ai attendue dix minutes, pas vraiment dans le froid car je suis bien couverte, tranquillement. Je l'ai attendue au lieu de poursuivre ma marche, attendue au lieu de rentrer à la maison et retrouver Nicolas que j'allais pourtant ne pas voir de la journée et de la soirée... Je l'ai attendue alors que lorsque nous nous rencontrons, le moment dure de 5 à 7 minutes, c'est court !
Et j'aime son sourire quand elle me voit, son geste d'éteindre son casque qui diffuse les nouvelles de la radio. J'aime notre échange de nouvelles, le boulot, nos enfants, l'amour, l'état de nos âmes, les blagues douce-amères sur le monde qui surgissent de tout ça. J'aime le faible enjeu de cette relation simple - qui m'a tant soutenue dans la première partie de 2017, quand je me sentais perdue. Les amis de passage s'en foutent de notre statut professionnel - tout ce qui compte, c'est la vibration, la joie d'être ensemble. (Cette réflexion me rappelle l'histoire racontée par Emmanuel Levinas dans l'un de ses livres, qui raconte que lors de son passage dans un camp de prisonniers, le seul à ne pas faire de différence entre les prisonniers et les nazis, c'était... un chien, le chien Tobie. Le chien les accueillait chaque jour en remuant la queue, et paradoxalement, c'est ce chien, pendant ces années de captivité, qui a reconnu leur humanité à Emmanuel et ses camarades prisonniers.)
Je me lève. Mon amie ne viendra pas. Elle ne vient pas et en l'attendant, puis en reprenant ma marche en direction de la maison, je pense à elle. Ces pensées la convoquent en moi et la rendent présente, je la perçois physiquement - je guette sa haute silhouette propulsée vers l'avant, tirée par Dolly. J'entends sa voix tendre et harmonieuse, je goûte son sourire. Absente, elle est présente. Et mon âme, restaurée par cette attente et son évocation.
C'est beau, Christie, cette douce évocation.
Belle journée sous le soleil qui inonde la France. J'aime l'avoir commencée, sur mon ordi, en lisant tes mots....
Bisous,
AL
Rédigé par : Anne-Liesse | jeudi 21 février 2019 à 09:50
oh comme c'est gentil, Anne Liesse, ton passage, le soleil, le témoin de ton passage... gros baisers
C
Rédigé par : Christie | jeudi 21 février 2019 à 10:29
Comme ce message et doux et beau.
Peut être vous croiserez vous ce matin...Je pense à vous ;)
Jolie journée
Rédigé par : Cloudy | vendredi 22 février 2019 à 07:17
Non ce matin nous ne nous sommes pas croisées, je n'ai pas attendu, mais mon âme était restaurée par... par... ma soirée d'hier !
Rédigé par : Christie | vendredi 22 février 2019 à 09:06
Ca fait du bien à l'âme, de te lire... :)
Rédigé par : Anne-So | vendredi 22 février 2019 à 16:31
Merci dearest AnneSo. D’ecRire ça fait du bien aussi !
Rédigé par : Christie | samedi 23 février 2019 à 08:23