Poser mon cul dans un train. Littéralement, laisser tomber mes 63 kilos dans un étroit siège bleu. Je suis contente, je commence à apprivoiser cette taille 40, cette taille L, conséquence d'une compulsion alimentaire au printemps... A présent, je n'ai pas l'impression de tellement manger mais je ne maigris pas. Alors j'accepte de ne plus entrer dans mes jupes taille 36, ni dans mes jeans taille 38, de les donner, de les vendre, bref, que mon corps ait changé. Et je m'achète du 40 ou du L.
Le train file vers Marseille, je descendrai à Avignon dans deux heures, je roule à reculons, mes pieds à quelques centimètres de ceux de l'inconnue d'en face, mes fesses à quelques centimètres de celles de l'inconnue à côté de moi. Les nuages défilent, et les champs beige parsemés de bosquets roux, bordés de pylones gris et de maisons blanches, il y a même quelques vaches blanches. Dans mes oreilles, une musique de harpe. En même temps que j'écris, j'essaye de deviner la vie des gens autour de moi... Les deux filles en face de moi, la vingtaine tardive, les yeux clairs soulignés de mascara, qui parlent autour de leur ordinateur en croquant des Oréos, sont-elles en train de créer une boîte ?
J'écris depuis mon ordi tout neuf qui a déjà un pet au casque et dont l'écran s'est couvert de poussière. J'aimerais tellement être soigneuse !
Est-ce raisonnable de vouloir être quelqu'un d'autre que celle que je suis ?
Ce qui explique ma présence dans ce train : j'anime, demain et jeudi, une formation au écrits professionnels, à destination de chefs de service dans le domaine de la logistique. Pendant ces deux jours et demi, j'aimerais me laisser saisir par des visages et des corps... écouter, parler, nourrir, éclairer, rire, tenter de saisir quelque chose de chacun... J'aimerais apprivoiser une ville, un paysage... J'aimerais regarder ma vie avec 900 kilomètres de recul, ce qu'elle est aujourd'hui et ce que j'aimerais qu'elle soit....
Merci la solitude ! Merci la distance ! Merci le jeu entre ma vie de tous les jours, et là où je suis, là où je vais !
Bon après midi, mes chéries-chéris !
ils ont beaucoup de chance de suivre cette formation avec toi :-) et toi de la chance de pouvoir regarder ta vie avec un autre angle de vue... profitez bien tous de ce moment, chacun pour ce que vous y trouverez.
Ton texte me rappelle qu'à une époque dans le train j'écrivais. J'imaginais la vie des autres aussi. Depuis quand me suis-je abandonnée, pour travailler travailler travailler... ? Claque et prise de conscience. merci. Ton texte me rappelle l'essentiel
Rédigé par : Emmanuelle | mardi 06 novembre 2018 à 18:33
Oh Emmanuelle ! Je sens ton esprit bienveillant qui tel un ange m’accompAgne. J’Ai pensé à toi en arrivant dans ma chambre d’hoTel solitaire....et là je termine une profiterole mal décongelée... une expérience.....
Rédigé par : Christie | mardi 06 novembre 2018 à 21:09
Bonjour, ayant acheté votre livre Trouver son Ikigaï vendredi à Lyon, sans vous connaître...juste pour le titre (énigmatique) et son sous-titre qui me parlaient...je découvre ce blog et vos textes aujourd'hui.J'adore , le ton, les claques, le regard porté sur vous-même et nous autres, femmes d'aujourd'hui (mais pas que) qui prenons des trains, prenons du poids (ou pas) prenons la vie comme elle vient et parcequ'ele ne vient pas toujours comme on l'attend.Enchantée d'avoir fait votre connaissance !Merci à vous également pour m'avoir fait découvrir grâce aux pages que vous lui consacrez, la merveilleuse Martine Camilliéri .Belles rencontres.Merci la vie
Rédigé par : estelle | mardi 27 novembre 2018 à 11:08
Bonjour Estelle ! il est beau hein le sous titre !! Je suis très très heureuse des belles rencontres que ce livre a permises : vous ne pouvez pas savoir, chaque jour j'en reçois un écho. Une bénédiction !
Rédigé par : Christie | mercredi 28 novembre 2018 à 17:06