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pourquoi le prochain Bootcamp Permis d'écrire... mon 3ème why, les beaux cahiers !

Le prochain Bootcamp Permis d'écrire, pour trouver de l'élan et s'engager vis-à-vis de son écriture, a lieu les 19 et 20 janvier prochains, à Paris, au Tank. D'ici là, je me suis engagée à écrire chaque semaine l'un de mes WHYs : pourquoi cette édition du Bootcamp est importante pour moi. Bon, je n'y arrive pas chaque semaine, mais ce n'est pas une raison pour laisser tomber ! 

Une chose qui est merveilleuse avec l'écriture, c'est quand elle commence manuscrite... Et avant même d'écrire, la recherche du BON cahier. Je ne sais plus si je vous l'ai raconté, mais le jour où l'article d'Alix Girod de l'Ain sur mon livre Trouver son ikigai est sorti dans le ELLE, a été aussi le jour où mon étagère pleine de cahiers et carnets d'avance s'est effondrée. Je me suis fait la promesse ce jour-là d'arrêter d'acheter des cahiers. Mais ça a fait comme le jour sur la superbe plage de galets à Levkada, en Grèce, où j'ai promis de ne pas en ramener un seul. Certaines promesses, vaut mieux éviter de les faire. Bref le cahier idéal est toujours le prochain (ça m'a peut-être un peu calmée quand même cette histoire d'étagère effondrée), et heureusement, il n'y a pas que les cahiers dans la vie, il y a aussi les carnets. 

Mon cahier idéal : belle couverture pas trop épaisse mais pas fragile non plus. Papier assez lisse, qui ne boit pas l'encre et accepte aussi bien Bic que stylo plume et feutre fin. Ligné, quadrillé ou blanc, ça dépend (pour écrire les lignes sont pratiques, pour dessiner, blanc c'est bien - mais les lignes ou les carreaux ne me dérangent pas). Le prix compte aussi, pour des questions budgétaires et aussi parce que ça m'intimide parfois de commencer à écrire sur un cahier que j'ai payé plus de 12 euros. Et bon, ça doit être valorisant de prendre son cahier. 

Mes préférés aujourd'hui. Les cahiers et carnets Moleskine noirs à la couverture souple, non lignés. Les Clairefontaire A5, quadrillés, à la belle couverture. Les gros Hema pour les pages du matin, ils ont amélioré la qualité du papier et ça reste le meilleur rapport qualité prix. Les carnets Coton. Et plein d'autres marques dont je ne me souviens pas du nom, au gré de mes visites dans les papeteries, dans les librairies des musées.... 

La joie du Bootcamp, c'est aussi, pour chaque participante, de choisir son nouveau cahier - pour noter, élaborer, lister, coller les petits mots des copines, dessiner, commencer un texte... Un cahier qui glisse bien sous le stylo et qu'elle sera heureuse de relire, auquel elle sera heureuse de revenir. Hu hu, quelle joie d'écrire dans un cahier choisi par soi ! 

pourquoi Mon Cher ?

Quelqu'un sait-il pourquoi Jean Reboul, mon grand-père, a décidé, ou accepté, de se faire appeler Mon Cher par ses petits-enfants ? Peut-être avec un nom et un prénom aussi répandus, était-ce important pour lui d'avoir un nom de grand-père singulier. Singulier et ridicule. Enfin, le ridicule, lui s'en fichait. Il avait été beau avec ses yeux bleu gris et son teint bistre, ses cheveux bouclés, sa vigueur ; il était resté martial, et vigoureux. Mon Cher, jamais malade, toujours actif, le pire de la glande que je l'ai vu faire c'était de lire un livre ; mais généralement, je le voyais en train de tailler des cupressus dans son royaume de Belle Ile.

Ses premiers petits-enfants sont nés en 1971 et moi, je suis arrivée en 6ème position, en 1974. Je n'ai pas eu mon mot à dire, Mon Cher, je l'ai pris comme il était - son nom, je veux dire. Le seul moment où ça m'a posé un problème, c'était quand je leur écrivais, à lui et à Grand-Maman. Cher Mon Cher, ça sonnait bizarre. Et puis bien sûr, quand je devais l'expliquer, ce nom, à tous les autres dotés d'un simple Papy ou Bon Papa. 

Mon Cher le Terrible, Mon Cher le Démiurge, fondateur d'une famille que j'ai tentée de renier. Ça a raté et je m'en félicite. Je les en remercie lui et Grand-Maman - les morts, parfois, viennent vous chercher. Depuis quelques années, Mon Cher et Grand-Maman me tirent par la manche, alors voilà, j'ai décidé (accepté) de raconter leur histoire - plus exactement, puisque c'est ça que je sais faire, j'ai décidé de raconter leur histoire avec moi. 

du point A au point B

 

Une semaine, une semaine sans écrire ici !

A vrai dire, si je m'étais écoutée, avant de m'autoriser à écrire, j'aurais libellé et envoyé des factures, renvoyé des bons de commande, préparé et envoyé les documents à destination des participants de la semaine prochaine, je leur aurais écrit un mail de prise de contact, j'aurais fait quoi encore, les courses pour le dîner, et j'aurais mis en train les endives au jambon, et j'aurais pris rendez-vous pour les vaccins des enfants... Et là je dis STOP, toutes ces choses je vais les faire mais avant ça : ECRIRE, respirer, ECRIRE. 

Christie découvre la vie de ceux qui produisent pour les autres. De ceux qui produisent pour les autres, pour de l'argent.
Christie découvre ce que c'est de devoir prendre un soin jaloux de son énergie - bon, ça je l'ai appris depuis plus longtemps, je l'ai appris je me souviens le jour où Alexandre m'a regardée de bas en haut quand je suis arrivée à son bureau, - Ça vous va bien ces bottes, tiens, vous avez coupé vos cheveux, pourquoi ? Puis à la fin de notre séance de travail où il m'a engueulée tout du long alors qu'il n'avait pas fait le travail convenu, il a commencé à écrire son chèque pour régler mes honoraires, et quand il a fait la grimace, comme si mon travail était de la merde, je me suis levée, je lui ai laissé son chèque et je suis partie, ça va faire 11 ans cette histoire mais je m'en souviens comme si c'était hier, même si j'ai oublié le nom de famille du mec, que j'assimile à un porc. Des femmes aussi m'ont maltraitée dans ce métier que j'exerçais avant, dont ma dernière cliente que je remercie - elle m'a aidée à décider de l'arrêter vraiment, ce métier que j'avais adoré ET qui avait fait son temps.

Oh oui l'énergie qu'il faut pour travailler. Prendre un soin jaloux de mon énergie car sans elle je ne fais pas du bon travail - ma fatigue, mon irritabilité percent dans la voix et ping cela m'est renvoyé, comme en théâtre, comme en clown, par le public qui refuse de me suivre. Tour à tour la fille d'or et la fille de cendre, tout se joue dans ma qualité de présence, non pas tout mais tellement.... 

Le chemin du point A au point B, c'est celui que je propose aux participants de chaque formation. Chacun décide de la transformation qu'il désire opérer, nulle, gigantesque, ou entre les deux. Mais j'ai remarqué que cela marche surtout quand moi je suis prête à opérer aussi une transformation - à parcourir mon bout de chemin. Alors à chaque formation qui me challenge, je prends force notes pour me demander - que pourrais-je modifier ? Et j'essaie, et la fois d'après - les conditions, et les participants, sont différents - mais c'est magique, l'état de grâce le plus souvent qui nous saisit pendant la session qui vient après une session difficile. 

La fille d'or et la fille de cendre. Accepter de ne pas savoir comment ce sera, d'une fois sur l'autre. Et qu'une partie de ce résultat dépende de moi, et l'autre - de l'état des participants et de ce qu'ils savent, de l'alchimie entre eux, de la météo, du lieu où nous sommes accueillis, des horaires... Accepter et prendre soin de ma fatigue, aller avec la force que j'ai de mon point A à mon point B. 

Allé zou, les factures ! 

Bonne fin d'après-midi, mes chéries-chéris. 

donne du rhum à ta Christie (les rhums arrangés)

 

Mon Cher, le papa de Maman, a commencé sa carrière de militaire, au tout début de la guerre et après je ne sais pas très bien ce qu'il a foutu, en Martinique. Mes grands-parents en sont revenus avec une ou deux filles, un couple de très bons amis et le goût du rhum - qui se transmet depuis de génération en génération. La qualité du rhum, qui est aussi son problème, c'est qu'en le buvant je n'ai pas d'abord la sensation de m'enivrer : ça passe tout seul. Une ou deux cuites aussi mémorables qu'inattendues m'ont appris à me méfier de ce coquinou. Je fais gaffe, mais je l'aime toujours autant.

Un truc où je ne me restreins pas, c'est dans les gâteaux et les préparations genre pâte à crêpe ou à gauffres. Là c'est rhum obligatoire. Au début mes filles, qui viennent je ne sais d'où, râlaient. Et puis elles ont appris à accepter que le goût du rhum allait avec la tambouille à Maman. 

J'aime encore mieux le rhum depuis que je le transforme et que je fabrique et offre et utilise mes rhums arrangés. Les rhums arrangés, c'est un truc tout con : il suffit juste d'avoir une bouteille qui ferme devant vous, ou un grand bocal, et une bouteille de rhum vide à côté. Un entonnoir peut aider pour les personnes méticuleuses, mais moi qui en ai un je l'utilise rarement. Le rhum arrangé que je préfère, celui que j'utilise pour les gâteaux, c'est le rhum au gingembre. Basically, je fais macérer de vieilles gousses de vanille et des morceaux de gingembre pendant 6 mois dans une bouteille de rhum, et ça le parfume. 

Voilà la recette. 

 Mes autres rhums arrangés chouchous, c'est
- banane + vanille (je coupe la banane en filets, remplis la bouteille aux deux tiers avec les fruits et les vieilles gousses, et ensuite ajoute le rhum blanc. Le sucre de canne, vaut mieux attendre 6 mois avant de goûter et d'en ajouter, le temps que le fruit aie donné son sucre)
- fruits de la passion + vanille
- ananas + vanille (celui là donne on peut le boire au bout d'une semaine !!)
- et le dernier qui macère mais que je n'ai pas encore goûté, c'est framboise + basilic

Ces bouteilles, je les étiquette, je les offre, je les garde ! et quand le rhum est bu, je rajoute du rhume blanc sur les fruits ou les épices et c'est reparti pour un tour ! 

 

les tigres

Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes !

Tandis que je me fais courant d'air à cette table de travail, le bureau bleu-vert sur lequel j'écris et élabore depuis près de 10 ans, s'accumulent dans mon gros carnet que je trimballe partout avec moi, des myriades d'annotations et de questions. 

Tu m'as marché sur la langue. 
La liste de mes transgressions. 
Comment je souhaite mes voeux cette année ? 
Sur quel sujet je l'écrit mon prochain recueil de nouvelles ? 
Où est passé le cahier contenant la cinquantaine de pages de notes manuscrites que j'avais prises lors du premier Bootcamp permis d'écrire ? 

J'ai l'impression de toujours revenir aux mêmes questions, de faire et de refaire 36 fois la même chose, par manque de mémoire, par manque d'ordre - mais alors, ça sert à quoi d'écrire tout le temps, si l'écriture ne me protège pas de l'oubli et de l'éternel recommencement ? (Allé, soyons sympa, sans doute ce serait piiiiiiire si je n'écrivais pas tout cela). 

Je dois filer pour le moment, je reviens tout à l'heure avec la recette du rhum arrangé, hé hé. Quitte à oublier... 

Gros baisers mes chéries-chéris. 

entre deux départs

Arriver, me réaclimater, pour sitôt repartir. 

Salon-de-Provence, Malakoff, Lyon, en passant par Paris, et Avignon. Les voyages en train. Les premières poignées de main, les au revoir. On se reverra, on ne se reverra pas. Découvrir un territoire, réfléchir à ma manière de voyager et de préparer mes voyages. Manquer à mes enfants, les retrouver, assez vite les exaspérer. Commencer, terminer un polar dans le train. Faire tourner des machines, vérifier le degré d'humidité de la terre des plantes, offrir mes modestes présents - des mini-financiers trouvés à la gare d'Avignon, des améthystes achetées à Salon.

Qu'est-ce qui a changé pendant que je n'étais pas là, pendant que j'étais ailleurs ? 

Je n'ai pas 45 ans pour me poser la question, ni même deux jours, puisque ce soir nous partons et lundi, j'enchaine sur une nouvelle semaine où je forme presque tout le temps. Ce rythme. Cette chance de travailler davantage. Cette chance d'un rythme qui se module. Cette chance et cette fatigue. 

Bonne soirée mes chéries-chéris. 

 

le gâteau aux pommes de Grand-Mam

 

On a ramené tellement de pommes de notre dernier séjour en Bourgogne, que j'ai été obligée d'en stocker dans mon bureau. Et au bout de quelques jours eh bien, mon bureau s'est mis à sentir comme le grenier de Mon Cher et Grand-Maman à Belle île. Je fabrique des tartes, des compotes, on en met aussi avec les rôtis et les courges au four, mais mon plat préféré avec les pommes, c'est le gâteau de Grand-Mam.  

C'est une histoire de famille – les vacances que nous passions, mon frère, mes cousins et moi, chez mes grands-parents maternels à Belle Ile. Dans l’immense jardin, le domaine de Mon Cher et le nôtre, poussait un grand figuier que nous adorions escalader, en haut duquel on voyait tout le jardin. Il y avait aussi trois ou quatre pommiers très prolifiques. A la fin de l’été, mes grands-parents ramassaient avec nous les milliers de pommes tombées à terre. Avec une partie de ces pommes, mon grand-père préparait une gelée que nous les enfants, trouvions dégueu. Les fruits restants étaient stockés dans le grenier, posés bien à plat sur de grandes feuilles de papier journal. Nous les retrouvions aux vacances de Pâques quand on rouvrait la maison. La moitié avait pourri, mais il en restait suffisamment pour toute une saison de gâteaux aux pommes. 

Ce gâteau, Grand-Maman prétendait qu'il n’avait jamais le même goût d'une fois sur l'autre. Va me chercher des pommes au grenier, ordonnait-elle, et on s’exécutait avec plaisir, d'abord à cause de l'agréable odeur du grenier, et aussi à la perspective du bon gâteau qui allait suivre. 

C'est une histoire d’abondance. Pour préparer ce gâteau, il importe de ne pas lésiner sur la quantité de pommes que l’on va mettre dans le moule (préalablement et copieusement beurré). Si vous les achetez dans le commerce, les sacs de deux kilos de reinettes vendus pour moins de 2 euros en supermarché font très bien l’affaire. L’idée, c'est de remplir les 2/3 de votre moule de petits morceaux de pommes que vous aurez éventuellement citronnés pour ne pas qu’ils noircissent. Le moule peut être un moule à cake ou un moule rond à manqué, comme prenait Grand-Mam’, en verre ou en métal.

C'est l’épluchage des pommes et leur coupage qui prend le plus de temps dans la fabrication de ce gâteau. Mais c'est aussi la partie que j'aime bien, j'ai toujours aimé peler des fruits.  

Les 2/3 du moule rempli de pommes, ça paraît beaucoup mais vous allez voir, quand votre gâteau sera cuit vous et que vous le goûterez, vous vous demanderez où elles sont passées !

Les pommes les plus petites de votre lot, celles qui seront trop longues à éplucher et à couper pour peu de matière récupérées, pourront faire le bonheur des ânes du quartier si vous en connaissez…

Une fois votre moule beurré et vos pommes épluchées – coupées, vous pouvez mettre le four à chauffer à 200 degrés. Puis vous sortez un grand saladier et y mettez 5 cuillers à soupe de farine,  4 cuillers à soupe de sucre, puis deux gros œufs ou trois s’ils sont petits, puis trois cuillers d’huile. A chaque ajout, vous mélangez bien, de préférence au fouet. Si vous en avez un qui traine dans le frigo, vous pouvez ajouter un yaourt nature ou un petit suisse, ça donne du moelleux. Puis quand vous avez obtenu une pâte homogène, vous ajoutez une rasade de rhum si vous aimez le rhum ! Moi je prends du rhum arrangé aux épices -  du rhum brun tout simple convient aussi, ou pas de rhum du tout si vous n'aimez pas le goût.

Enfin, vous ajoutez le lait à votre pâte, petit à petit. Je dirais, ½ litre au moins, l’idée est d’obtenir une pâte un peu plus épaisse qu’une pâte à crêpes. Vous mélangez, vous mélangez, puis une fois que la pâte est à peu près homogène, vous la versez dans le moule par dessus les pommes et hop, vous enfournez.

 Ensuite vous réglez votre minuteur sur 25 minutes. La cuisson prend 45 minutes à peu près, mais au bout de 25 minutes vous allez ajouter une petite croûte qui fera tout le chic du gâteau, comme disait Grand-Maman : vous mélangez 75 grammes de beurre fondu, 100 g de sucre, un jaune d’œuf et hop ! vous étalez ce mélange sur le gâteau sorti du four (il est à moitié cuit), et vous laissez recuire et « crouter » pendant à peu près ½ heure encore : mioum ! Pour vérifier la cuisson, plantez une pointe de couteau dans le gâteau… elle doit ressortir sèche !

Dans l’idéal, attendez le lendemain pour le manger. C'est le plus difficile. Mais il est vraiment meilleur le lendemain alors essayer d’en garder un peu (ou préparez-en deux en doublant les proportions).

Mon amie Rosa, que j'ai apprivoisé avec ce gâteau, en coupait de toutes, toutes petites parts, pour ne pas tout le dévorer d’un coup et avoir le plaisir de se resservir plusieurs fois.

Et si cette recette vous a plu, faites la passer ! 

 

décevoir

 

J'entends Chimène qui approche de la maison avec ses copines. Ils ont trois heures de trou dans leur journée de cours, ils viennent déjeuner. Je suis heureuse pour elle de cette bande de copains, heureuse d'être là même en haut dans mon poulailler (le bureau) pour un peu les entendre, préparer un gâteau, leur envoyer des ondes d'amour.

Que peut faire d'autre une maman d'adolescente de 16 ans qui va bien ? 

Je reçois des messages chaleureux et profonds, venant de vous ou à la suite de ma newsletter. Ils me font tous super plaisir, j'aime les recevoir... Et très souvent, je ne sais pas quoi répondre. Alors je dis Merci, alors je dis un mot, mais en regard de ce que j'écris ici, et de la profondeur de votre message, c'est un peu pâle.

Le jour où j'ai commencé à écrire sur ce blog, ça va faire 15 ans (24 février 2004), j'ai commencé à moins apprécier la prose 1 to 1. Les liens épistolaires. Il me semble d'ailleurs que j'ai commencé ce blog pour sortir d'une relation épistolaire qui était allée trop loin. J'avais besoin d'extimité, d'une écriture profonde et qui soit regardable par tous, tous ceux que ça intéresse, connus et inconnus. Mais voilà, aujourd'hui, le blog a trop bien rempli sa fonction et dans la relation épistolaire, la relation écrite d'un à un, je me sens condamnée à décevoir. 

Celles qui recevez de pauvres petits mots de moi, je vous demande pardon de ne pas parvenir à mieux faire. Cela ne me satisfait pas et, croyez-le, aujourd'hui je ne suis pas capable de mieux. De 8 ans à 29 ans, j'ai été la championne de la relation épistolaire. J'écris encore une lettre par semaine environ - mais vous savez, je n'arrive plus à atteindre les profondeurs, l'élan de mes lettres de jeunesse, c'était toute ma vie d'écrire à mes amis, à mes amoureux, à ma grand-mère... En fait la première personne que je déçois avec ce déficit d'intimité one to one, c'est moi-même. Et mon appel, aujourd'hui, depuis 15 ans, c'est d'écrire plus large. 

Bonne journée, mes chéries-chéris. Comment survivez-vous au gris-mouillé de novembre ? 

le deuxième WHY du Bootcamp Permis d'écrire / la force du groupe

(Me revoilou à Malakoff après deux jours d'animation bien costaudes à Nîmes ! J'ai appris plein de trucs au contact d'une bande de 8 logisticiens, et je suis heureuse d'être rentrée à la maison... 

A l'occasion du prochain Bootcamp Permis d'écrire, les 19 et 20 janvier prochains, je me suis engagée à écrire chaque semaine un WHY, un pourquoi, une raison particulière à ce Bootcamp-là !)

Celles parmi vous qui me lisez depuis longtemps, savez que pendant des années j'ai accompagné, en one to one, de manière individuelle, des porteurs de projets d'un livre dans l'écriture et jusqu'à la publication de ce livre. De ces 15 années (2001-2016) de Plume de vie sont sortis une cinquantaine de livres... et un grand désir du groupe. Lorsque nous travaillons de un à un, le contenu du travail est très personnalisé ; il repose en grande partie sur la relation que nous entretenons, mon client et moi. Les apports sont les siens, les miens, les outils et les livres que nous connaissons, les recherches auxquelles nous pensons lui et moi, et basta.

En 2012, j'ai commencé à animer les premiers ateliers Batterie Nouvelle, autour de la créativité. J'ai été émerveillée de tous les liens qui se sont créés entre les participantes (il y a eu quelques participants mais ça a surtout été des femmes, à 85%). Le soutien et la chaleur qu'elles échangent. Les idées. Le mirroring, c'est-à-dire le fait de se regarder mutuellement, de voir le potentiel et de dire "je te vois, je vois ce dont tu es capable même si toi à certains moments tu ne le vois plus, ou pas encore." L'aide, les idées, parce que une étape qui semble insurmontable pour l'une, a été franchie par une autre qui lui explique comment - et avec d'autres mots, une autre attitude que les miens. 

Bref - depuis que je me suis engagée dans le travail collectif, ce n'est pas que j'ai travaillé moins mais il me semble que l'énergie est mieux employée. Toutes, on ressort le plus souvent des sessions à plusieurs avec une grosse pêche - alors que les rendez-vous de travail one to one sont plus tranquilles et intérieurs. Et je dois vous dire aussi que ça me rassure de savoir que la qualité du moment et des apports ne va pas reposer sur moi seule, qu'il y aura des apports de chacune, de chacun - dont certains seront très pertinents pour quelqu'un d'autre du groupe. Ce que disent ou font les collègues est parfois plus facilement reçu que ce que dit "la dame". 

Six ans après le premier Bootcamp Batterie Nouvelle, je suis de plus en plus attachée au travail de groupe et très curieuse de l'alchimie qui va se créer. Je me demande quelles rencontres avoir lieu.... A tel point que pour le moment, j'ai arrêté le travail en individuel, je préfère travailler avec des groupes, ou écrire et réfléchir toute seule ! 

Voilà pour mon deuxième why ! J'ai mérité un thé non ? 

ce voyage en train

Poser mon cul dans un train. Littéralement, laisser tomber mes 63 kilos dans un étroit siège bleu. Je suis contente, je commence à apprivoiser cette taille 40, cette taille L, conséquence d'une compulsion alimentaire au printemps... A présent, je n'ai pas l'impression de tellement manger mais je ne maigris pas. Alors j'accepte de ne plus entrer dans mes jupes taille 36, ni dans mes jeans taille 38, de les donner, de les vendre, bref, que mon corps ait changé. Et je m'achète du 40 ou du L. 

Le train file vers Marseille, je descendrai à Avignon dans deux heures, je roule à reculons, mes pieds à quelques centimètres de ceux de l'inconnue d'en face, mes fesses à quelques centimètres de celles de l'inconnue à côté de moi. Les nuages défilent, et les champs beige parsemés de bosquets roux, bordés de pylones gris et de maisons blanches, il y a même quelques vaches blanches. Dans mes oreilles, une musique de harpe. En même temps que j'écris, j'essaye de deviner la vie des gens autour de moi... Les deux filles en face de moi, la vingtaine tardive, les yeux clairs soulignés de mascara, qui parlent autour de leur ordinateur en croquant des Oréos, sont-elles en train de créer une boîte ? 

J'écris depuis mon ordi tout neuf qui a déjà un pet au casque et dont l'écran s'est couvert de poussière. J'aimerais tellement être soigneuse ! 

Est-ce raisonnable de vouloir être quelqu'un d'autre que celle que je suis ? 

Ce qui explique ma présence dans ce train : j'anime, demain et jeudi, une formation au écrits professionnels, à destination de chefs de service dans le domaine de la logistique. Pendant ces deux jours et demi, j'aimerais me laisser saisir par des visages et des corps...  écouter, parler, nourrir, éclairer, rire, tenter de saisir quelque chose de chacun... J'aimerais apprivoiser une ville, un paysage... J'aimerais regarder ma vie avec 900 kilomètres de recul, ce qu'elle est aujourd'hui et ce que j'aimerais qu'elle soit.... 

Merci la solitude ! Merci la distance ! Merci le jeu entre ma vie de tous les jours, et là où je suis, là où je vais ! 

Bon après midi, mes chéries-chéris !