Le soir tombe, il fait encore chaud, je viens d’arroser « nos 4 jardins » - la maison est posée au milieu de la parcelle, ce qui nous donne deux petits jardins, un devant un derrière, au rez-de-chaussée, et puis à l’étage de nos chambres à Alma et à nous il y a deux balconous, un pour chaque chambre sur lequel nous avons mis "quelques" pots. Sur mon balconou j'ai fièrement récolté 5 pêches plates et un gros bouquet de lavandes !
Le jardin de derrière et mon balconou sont les plus beaux car ce sont les plus investis ; et quand j’arrose le jardin de devant, munie de la lance du jet d’eau, ce jardin où en ce moment des coquelicots sont en train de sécher au milieu d’autres herbes folles - c’est apparemment le sort des coquelicots au bout d’un mois de grâce - je me mets à penser à mon grand-père, Mon Cher, quand il arrosait son jardin de Bordustard.
Chaque soir d’été, lorsqu’il n’avait pas plu, Mon Cher ouvrait le robinet près de la cuisine et déroulait progressivement le long tuyau vert pour arroser toutes les bordures de la maison. Autour de la maison blanche aux volets bleu marine qui aujourd’hui ne nous appartient plus, poussaient des soucis, des ixias, des eschescholtzie... et sur la maison, autour des volets, grimpaient un rosier rose pâle et une superbe bignone.
Son moment pour arroser c'était juste avant le dîner. Nous les enfants sortions de la douche, nous étions tout frais tous propres dans nos pyjamas de coton blanc et sortions précautionneusement dans le jardin pour prendre l'air du soir sans nous ressalir. Mon Cher, d'ordinaire plutôt grande gueule, était tout tranquille. J'aimais me tenir près de lui, en silence - c'était le contrat tacite, se taire - et le regarder arroser patiemment, et longuement, chaque plate bande.
Pendant ce temps-là, Grand-Maman finissait la vinaigrette de la salade, mes cousins terminaient de mettre le couvert - Mon Cher et moi attrapions les derniers rayons du soleil, tranquillisés par l'eau, la beauté des fleurs, méditant sur la journée qui venait de s'écouler. Le charme était rompu quand Grand-Maman appelait A table, alors Mon Cher me demandait d'aller fermer le robinet et de l'aider à enrouler le tuyau sur son axe en fer orange, fixé sur le mur à côté de la cuisine.
C'était avec lui l'un de mes moments préférés. Les deux autres, je vous les raconterai un peu plus tard dans l'été.
merci pour ce joli texte qui m'a rappelé mon cher grand-père
Rédigé par : stéphanie | mercredi 11 juillet 2018 à 08:48
je vois et je sens, tu fais revivre la petite fille en moi aussi. Grâce à la puissance de cette évocation. Merci
Rédigé par : Emmanuelle | mercredi 11 juillet 2018 à 20:35
ah !! c'est génial !
Merci Stéphanie et Emmanuelle, ça me donne des ailes pour continuer...
Baisers,
Christie
Rédigé par : Christie | jeudi 12 juillet 2018 à 17:42
Quel joli souvenir si bien narré qui moi aussi m'en a rappelé de semblables chez ma grand-mère Mamie Jeannette…
Merci Christie !
Rédigé par : Smallhead | lundi 13 août 2018 à 09:34
merci Small head ! merci merci hu hu
Rédigé par : Christie | mercredi 22 août 2018 à 16:12