(Dans 3 semaines, j'anime pour vous le Bootcamp Permis d'écrire : un week-end d'énergie et d'audace pour faire sauter les verrous de son écriture.
Si c'est ce dont vous ou l'un de vos amis avez besoin : regardez par là !
Plusieurs participants m'ont dit que le Bootcamp avait chargé leur vie d'enthousiasme et de joie pendant plusieurs mois.)
Ce lieu où je vais écrire le mardi soir, je l'adore.
D'abord parce que j'aime les rituels, avec unité de temps et de lieu et de personnages - et j'ai besoin d'activités qui me décollent de ma famille (pour elle et pour moi).
Ensuite parce que j'ai apprivoisé et me suis laissée apprivoiser par les autres qui viennent écrire, et notre "prof".
Ensuite parce que j'ai des histoires à raconter et que j'espère bien que je vais en raconter un certain nombre ici, un certain nombre à l'atelier.
Ensuite parce que les propositions d'Emmanuel nous font progresser.
Hier soir le travail était très dur, nous devions écrire une scène de retrouvailles en prenant la voix, le langage de chaque personnage - Car si vous ne faites pas cet effort, d'écrire avec la langue de chacun, nous a-t-il prévenu, votre texte va être uniforme, sans relief (je ne sais plus quel mot il a employé) et on n'entendra que la voix de l'auteur.
J'étais en train d'aller aux toilettes quand il a dit ça, donc je ne l'ai entendu qu'à moitié mais je me suis aperçue que cette phrase c'était un Eurêka. Avec elle j'allais pouvoir faire des bons de géant dans mon écriture, car c'était cela qui m'étouffait depuis toujours quand j'écrivais, cette sensation d'être face à un doudou géant.
Donc je vais m'appliquer à repérer la langue de mes personnages et à écrire avec elle.
L'autre chose qui est inconfortable, et utile aussi je crois, et inconfortable, c'est que (Emmanuel est psychanalyste) semaine après semaine, dans les histoires que nous racontons, pas toutes mais la plupart, nous sommes confrontés à nos démons. La difficulté à aimer. La solitude. La colère face à son enfance, à ses parents. L'insatisfaction. Les efforts inutiles. La supplique. La misère sexuelle. Le grand cas que nous avons fait d'êtres humains qui se fichaient de nous. (Evidemment tout ce qui marche bien ne trouve pas matière à être écrit dans cet atelier "littéraire". Je me demande si... vous m'y reconnaîtriez... Ce qui me donne à penser sur la vérité, l'honnêteté de mon écriture...)
La consolation, hier, c'est que nous sommes plusieurs à être sortis assez déprimés de l'atelier. Nous avions tous produit des textes intéressants, plus ou moins aboutis, mais tous nous nous sommes heurtés à ce qui revient en permanence dans nos histoires. Voilà ce que je ruminais hier soir, sur mon vélo rose, sur le chemin qui monte en pente douce de la rue Tiphaine à la rue de chez moi. Et même si ce n'est pas la même chose pour nous 6, c'est bon de le partager.
Bonjour Christie,
J'aime beaucoup l'expression "doudou géant" car je me suis reconnue dans mes pratiques de jeune auteur il y 15, 20 ans. J'écrivais pour me sentir bien, pour me faire plaisir (cela dit, cela n'a rien de critiquable, au contraire), mais quand on aspire à écrire pour autrui ou même pour soi, il faut effectivement sortir du cocon de son doudou. Avoir un regard plus détaché, plus "professionnel" sur son travail. Et c'est vrai, on progresse! Un jour, un ami m'a dit :"On dirait que tu écris pour toi." ; cela m'a fait comme un piqûre. C'était avant d'être publiée. Mais c'est déjà vrai pour vous, sinon vous n'auriez pas eu de publications. Peut-être moins facile à mettre en oeuvre dans un atelier d'écriture.
Rédigé par : Nathalie | vendredi 16 mars 2018 à 11:39
surtout, je n'aurais pas eu de lecteurs !
Oui, j'ai l'impression que l'écriture sera toujours mon doudou géant
et j'ai prévu de faire plus attention à la façon dont tout le monde s'exprime autour de moi ! L'attention, quelle clé !
Rédigé par : christie | vendredi 16 mars 2018 à 16:32