Pourquoi, pourquoi elles ne viennent pas dans notre jardin ces crétines de mésanges, je leur ai mis de l'eau, des boules de graisse, leur mélange de graines comme elles aiment, avec du tournesol dedans, et qui c'est qui vient ? les pigeons, obstinés, sales et idiots.
Pourquoi, pourquoi je devrais tuer les mignonnes petites souris qui habitent dans notre cave, avoir une souris apprivoisée j'en rêverais, même toute une famille de souris comme dans le livre japonais, les souris qui habitent au creux d'un grand arbre à feuilles rondes. Les voir mortes ou craindre de les voir mortes dans l'appentis, c'est trop pour moi, et à la fois, les entendre grignoter par petits morceaux la maison qu'on s'échine tous les mois à rembourser... Dieu merci, elles ne mordent pas aux appâts, à croire qu'elles n'aiment plus le comté. De plus, je suis très gênée, à chaque fois qu'Alma perd une dent, vis-à-vis de LA petite souris. C'est délicat de vouloir tuer les souris et la remercier pour le gentil cadeau sous l'oreiller...
Pourquoi, pourquoi mon fox terrier numéro 3 (oui, oui, le célèbre Hush, qui lorsqu'on le prend en photo présente son meilleur profil) saute-t-il sur le facteur, aboie-t-il aux aurores, voit-il croître son nombre d'ennemis chiens dans le quartier, court-il après les scooters, grimpe-t-il sur le canapé, les fauteuils, nos lits, pue-t-il de la gueule ?
Pourquoi pourquoi les chevaux me trimballent-ils comme un sac à patate, la seule chose que je leur ai fait c'est essayer de grimper sur leur dos, parfois tenté d'imprimer une vague direction, ils reconnaissent en moi la cheffaillonne véléitaire, toujours la bombe me tombe sur les yeux, mes baskets se coincent dans les étriers, le cheval essaie de mordre la cuisse de son collègue de devant, ou bien il le voit détaler et s'emballe au grand galop, je pousse de grands Au Secours, la monitrice d'un simple Ho calme son canasson puis nous positionne lui et moi juste derrière elle dans la file, de retour au paddock nous nous séparons en pensant chacun Bon débarras.
Pourquoi pourquoi ai-je décidé d'appeler Petits chéris les vers de terre spécial compost que je nourris chaque jour avec les épluchures de carottes, les coquilles d'oeuf, le carton brun, la cendre du poêle, ils prolifèrent dans leur bac gris installé dans un coin ombragé du jardin. Je suis fière de ce tas à l'odeur de sous-bois qui, peu à peu, sous l'action du temps et de l'ingestion digestion de la grande famille de mes petits chéris, se transforme en bel humus brun. Je suis la seule à les nourrir, à gratouiller le compost, la seule à piocher la bonne terre au fond du bac pour fertiliser nos rosiers, nos poiriers, les plantations du potager.
Pourquoi, pourquoi ne veux-tu pas que nous creusions un petit bassin dans le jardin de devant ? Modifier l'écosystème, déposer des nénuphars, implanter des tétards et pourquoi pas une paire de poissons rouges qui deviendront des carpes japonaises, espérer que nous rejoignent des libellules, Tu parles, c'est plutôt des moustiques qui vont nous rejoindre !
Pourquoi, pourquoi je ne peux pas faire rentrer l'élevage d'escargot dans la maison, là c'est Alma de 10 ans qui parle, et pourquoi on n'aurait pas un deuxième chien, et un lapin, et un furet, et un chat, moi je veux un chat renchérit Chimène, la première chose que je ferai quand je quitterai la maison c'est prendre un chat, et moi deux chiens, et un lapin, et un raton laveur, renchérit sa petite soeur.
Pourquoi, pourquoi on n'installerait pas une ruche, oui je sais le jardin est petit, et je n'aime pas le miel, et je suis la seule dans la famille à n'avoir pas peur des abeilles, mais quelle beauté, et quel mystère, ces abeilles qui transforment nos fleurs en rayons d'or imputrescibles !
Pourquoi, pourquoi on n'irait pas en Grèce rencontrer les chèvres perchées dans des arbres, les chats affalés dans des flaques de soleil, les ânes qui portent des olives dans des paniers gris, et pourquoi je t'éclabousse en permanence avec mon désir désordonné, tout me résiste tout me résiste et quand ça ne me résiste plus je peine à l'aimer encore.
Pourquoi pourquoi avons-nous laissé notre chien Churchill dans la voiture pendant la traversé Ajaccio-Marseille, en rejoignant la voiture au matin nous l'avons trouvé mort sur la place du passager, pendant des jours et des jours je me suis réveillée au milieu de ce cauchemar, j'ai tellement pleuré que ma grand-mère m'a dit Quand ce sera moi tu ne pleureras pas autant, et en effet quand elle morte trois semaines plus tard j'ai eu moins de chagrin.
Pourquoi pourquoi ai-je rompu ma promesse de ne plus jamais prendre la responsabilité d'un animal, dans notre lit nous avons dressé la liste des pours et des contres, alors les contres un chien salit la maison et la voiture, un chiot bousille le canapé la moquette les tapis quelques paires de chaussures, plus il y un gros travail de dressage à faire, qu'est-ce qu'on fait de lui quand on part à l'étranger, sans parler des trois balades par jour. Et dans la case des pours ? Il y a la joie. Je me suis levée et ai été téléphoner à l'éleveuse pour lui demander de nous réserver un chiot.
Oh merci pour la finale elle me touche.
Je me souviens de tes récits avec Churchill, mais je n'avais jamais su pourquoi il était mort.
Merci pour la finale (bis)
beaucoup de bonheur à nous
Rédigé par : MA | jeudi 01 février 2018 à 21:21
Emma, ça m'a pris longtemps à réussir à le dire de manière explicite. Et aujourd'hui encore la culpabilité n'a pas disparu... Gros baisers du samedi <3
Rédigé par : Christie | samedi 03 février 2018 à 13:14
Je vote pour la ruche! (J’ai fait l’expérience du bassin, les moustiques ne sont hélas pas une légende).
Rédigé par : floverslebleu | dimanche 04 février 2018 à 14:43
Ce que je dis c'est que cet autoportrait est magnifiquement écrit !
Rédigé par : Christine | lundi 05 février 2018 à 13:20
Oh merci Christine, c'est adorable !
Rédigé par : Christie | mardi 06 février 2018 à 16:27
Il me touche beaucoup ce texte... Les animaux, tes filles qui font des inventaires à la Prévert, les aléas...
Merci de nous confier ce qui s'est passé pour Churchill, ça a dû être terrible pour toi en effet... Je me rappelle t'avoir vue à Paris peu de temps quelques mois après (on avait vu une expo ? Ca me paraît être une éternité...).
Je t'embrasse fort.
Rédigé par : Anne-So | mercredi 07 février 2018 à 12:16
Quel beau texte... et que d'émotions partagées. Bouleversée par ce que tu nous confies pour Churchill, comme je comprends tes pleurs, j'en ai les larmes aux yeux rien qu'à te lire.
Je t'embrasse fort.
Rédigé par : Cath l'ancienne / Cappuccinette | jeudi 08 février 2018 à 11:58