Le dégoût de ma voix, dégoût de l'odeur poisseuse du doudou avant que ma mère ne me l'arrache pour le laver, dégoût de l'amant dans lequel j'ai trop longtemps baigné avant que nous nous arrachions l'un à l'autre.
Le dégoût de mes mots - Maman raconte nous une histoire ! - Je n'ai plus d'histoire en moi. - Une histoire de quand tu avais 11 ans. - J'ai perdu mes souvenirs. - Alors moi je te raconte ! - Oh oui, toi, raconte !
Et la parole de l'autre libérée par mon silence, coule, douche-caresse.
Merci les histoires racontées par Chimene, celles des Dieux dont on parle moins, et par Alma, celles de mon enfance que ma mère lui a racontées !
Merci les personnages incarnés par Meg Wolitzer, Les intéressants (un chef d'œuvre, courrez l'acheter).
Merci mon creux qui se laisse emplir par ces merveilles.
Et j'écris quand même pour raconter cela...
(Le paradoxe c'est qu'alors même que je suis dégoûtée de m'entendre parler, je n'ai jamais eu autant d'idées pour écrire - en fait. On va bien voir ce que j'en fais, et comment elles vont naître ou pas, ces histoires qui poussent au portillon de mes doigts.)
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