Je me rêve Baignée d'une pluie d'or fin Nageant dans les yeux d'or d'un amour adorant Baignée dans la lumière du couchant
Le fleuve jaune La barque oblongue Les nasses en osier débordent de poissons d'argent
Je me rêve La peau brune et tavelée de soleil et de vent Les mollets forts et arrondis d'avoir tant pédalé La plante de mes pieds renforcée d'avoir tant parcouru le continent des îles Et mes yeux dessillés tant il y a à embrasser
Et mon coeur agrandi à en exploser de joie.
Folie des commencements, et des recommencements.
(Ce qui commence aujourd'hui : le challenge abondance et pauvreté. Ce qui se termine aujourd'hui : la relecture des épreuves de mon livre Aujourd'hui, je choisis la joie. Je me réjouis d'avancer. Je me réjouis d'accueillir des nouveaux flux dans ma vie.)
Ce qui me provoque les insomnies, c'est quand dans ma tête je tourne et retourne ces reproches que je me fais "pff, t'as mal bossé" (bossé dans mon travail professionnel ou dans mon travail humain ; là ce que je me dis, en anglais car ça passe mieux, c'est "you've been a bloody jerk").
Ce qui me permet de me rendormir, ou de mieux dormir la nuit suivante, c'est d'avoir corrigé le tir.
Fait tout mon possible pour mettre le travail sur des rails - pour accueillir, inspirer, animer, vendre, concevoir, servir, dire avec justesse et persistance, écouter, enthousiasmer, vendre.
Prié pour cet autre que j'ai tant de mal à bien aimer ; prié pour moi qui suis souvent si mal aimante. Et envoyé un petit mot, une pensée, une invitation à ce prochain "difficile".
Le résultat ensuite, ce n'est pas à moi qu'il appartient.
Une fois l'action rectifiée, une fois mon coeur purifié par mon mix de rituels, j'avance plus sereinement. Et je refais mes nuits complètes.
(L'église catholique n'aime pas ça, le petit candomblé que je me bricole, la religion "sur mesure" que nous sommes nombreux à élaborer ; mais il me semble à moi que notre rapport au divin est intime et que chacun a ce droit, de créer sa propre relation à la transcendance et ne pas tout confier à un ordre religieux). (Donc mon mix de rituels vous le connaissez, ce sont les pages et la marche et le vélo et le yoga oui, la messe et la confession et aussi voir mon psy et me relier à mes mentors et dessiner et écrire écrire écrire).
Donne, donne toujours, sans te soucier du résultat, dit avant de mourir Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dont c'est la fête jeudi 1er octobre.
Adolescente, terrassée par des crises d'angoisse, je demandais à mon père s'il avait déjà éprouvé lui aussi cet écrasement intérieur. Oui bien sûr, me sourit-il, et tu sais, on peut en guérir.
Je l'ai crû bien sûr, sans voir comment ça allait pouvoir advenir, une moi sans angoisse.
17 ans plus tard, une psy m'a dit la même chose, que l'angoisse n'était pas constitutive de moi, qu'elle ne faisait que passer (34 ans étant, on se l'accorde, un passage assez long).
Je l'ai crue, bien sûr. Je crois toujours ceux que je me choisis pour mentors.
Et puis il y a cinq ans, j'ai rencontré les pages du matin qui sont la base de la méthode libérant la créativité inventée par Julia Cameron. Munie d'un espace pour se dire et d'une routine où elle est sûre de pouvoir s'exprimer, si besoin, l'angoisse a baissé d'un cran.
Il y a trois ans, j'ai rencontré la méditation pleine conscience avec Thich Nath Hahn, dont le principe est que chaque moment, pris séparément, est supportable sinon heureux ; c'est le regret du passé ou l'inquiétude du futur qui pose problème. S'absorber dans la tâche présente, et choisir ses pensées, sont des moyens d'être pleinement dans le présent.
Chaque fois que je lis un livre de Thich Nath Hahn, ou que j'écoute sa voix, puis quand je pratique par moi-même en marchant ou quand je décide d'être présente à ceux que j'aime, je suis pleinement apaisée, je me sens juste et surtout, surtout, j'éprouve que l'angoisse s'est retirée de moi.
Il y a une appli que j'adore, qui est Udemy et qui diffuse notamment (en anglais) des cours de Seth Godin pour les entrepreneurs et de Thich Nath Hahn pour la réconciliation entre le corps et l'âme : Body and mind are just one. Ces deux cours proposent des minutes et des minutes de réflexion, d'enseignement, de méditation guidée que j'écoute quand je cuisine... Et un calme intérieur, une présence plus dense qui ont été les cadeaux de cet été.
(J'ai écrit cet article hier matin pour ma newsletter professionnelle, le toute belle Batterie, Plume & Compagnie. Pi j'ai eu envie de le poster ici aussi. Si vous avez envie de recevoir dans votre boîte aux mails ce convecteur d'enthousiasme et de joie, vous pouvez par exemple vous abonner ici :
Elle aime ça, qu'on la touche, elle est preneuse du moindre contact respectueux, délicat, parfois ça froisse ceux qu'elle aime
Il y a cet homme assis à côté d'elle dans la rame du métro cet homme dont les cuisses débordent contre les siennes à elle, cet homme dont la tête penche de ci, de là car il s'est endormi, bercé par je ne sais quelle fatigue. Son corps clapote au rythme du roulis elle éprouve l'agréable moelleux de cette personne inconnue, la chaleur de ce corps abandonné contre le sien et sans s'expliquer pourquoi elle se sent très heureuse.
Ce sourire que j'adresse aux personnes croisées dans la rue. L'absence de réponse, mon regard de plus en plus suppliant.
Et puis à l'entrée d'une boutique de fripes. Une femme se tient dans l'encadrement de la porte, bouche le passage, je lui souris en me faufilant. Elle me sourit en retour - enfin !
Mon sourire avait besoin d'un contexte avant d'être accueilli. "Nous partageons la même humanité sous le ciel gris-mouillé", aujourd'hui, ça ne suffisait pas.
La courtoisie du sourire qui s'excuse de passer quand même, la courtoisie du sourire qui pardonne de boucher le passage, c'était mon sésame du jour.
Petit message à celles et ceux qui n'aiment pas louper les coches :
- lundi 28 commence le challenge Abondance et pauvreté. Vous pouvez vous inscrire jusqu'à mercredi 30. Si vous voulez vous inscrire aux 6 challenges à venir, dont celui-là, c'est possible aussi et ça coûte 35 euros.
- samedi 3 octobre commence mon séminaire chouchou, la Rolls de profondeur et d'engagement vers la créativité de chacun, soutenu par les autres. J'ai nommé le Club des Créateurs Anonymes !
Nous avons marché quelques jours à 6 sur les chemins du centre de la Corse, 6 qui nous connaissions bien, nous 4 et un papa et sa petite fille.
Les filles passaient une bonne partie de la journée à râler tandis que nous marchions bravement entre les pierres plates et les racines (elles râlaient mais marchaient bravement aussi) ; sitôt arrivés au refuge, nous les adultes comations jusqu'au diner sur nos lits superposés tandis que les filles jouaient aux cartes hop hop hop.
Partager une chambre à deux familles ça a quelque chose de charmant ; le hic c'est que les notions d'ordre différent d'une famille à l'autre et d'un mode de vie à l'autre. Si je m'étale quand je vis sédentaire, le nomadisme et la vie dans un petit espace réveillent la maniaque qui a besoin d'un territoire à elle.
La petite fille ignore cela et vit sa vie de petite fille. Le premier soir je pousse un hurlement en découvrant ses chaussures posées sur mon lit. Puis un grognement quand je vois les bâtons tombés au sol, qui gênent le passage.
Devant ma mauvaise humeur, le papa et sa petite fille partent prendre leur douche.
J'ai un peu honte de moi.
Et là, au milieu de la chambre qui n'est pas grande, j'avise un slip, un slip de la journée qui vient des affaires du papa. On n'a vraiment pas la même notion de l'ordre.
Avant que j'aie le temps d'émettre un commentaire désobligeant, Nicolas se penche, ramasse le slip, le plie et le pose sur le lit de notre ami.
Je sens l'amour. La délicatesse. La hiérarchie entre ce qui compte vraiment et mon parisianisme. J'ai honte encore, et je me sens relevée par son geste d'amour.
(La piqure insupportable de la honte, je la cultive, elle m'aide à me rappeler la primauté de l'être humain sur mon petit confort, Tu ne vas quand même pas t'énerver pour ça ! je me rappelle quand au yoga ma voisine de tapis empiète sur mon espace avec son coussin et sa courroie.)
Après un mois d'état de grâce, un mois de mercis, le challenge gratitude prend fin mercredi. Mon père, qui m'a connue plutôt ingrate, rarement contente, ombrageuse dans mes 20 premières années, n'en est pas revenu du nombre de fois où je l'ai appelé pour le remercier d'un truc. Un truc bien précis hein, comme ses questions amour et challenging juste avant la soutenance pour un nouveau contrat... Mais quand même, m'a-t-il dit, plus ce serait trop.
N'empêche, au cours de ce mois d'août et de septembre, le challenge et la gratitude ont illuminé ma rentrée. Tous les petits mots que j'ai reçus. La beauté que j'ai vue dans ma vie. Et les mercis, de partout et notamment de mes trois aimés qui n'étaient pas toujours les rois du merci.. Et qui le sont devenus à force de je ne sais quoi... Et ben je vais vous dire, ça fait du bien.
Comme souvent, j'ai encore 4-5 idées en plus de propositions qui ne tiendront pas dans le mois mais comme plus ce serait trop on fait la pause de mercredi à lundi, où c'est la reprise du nouveau challenge Abondance et pauvreté.
Je suis curieuse de savoir ce qu'il nous réserve, sui-là.
Bon lundi mes chéries-chéris ! Et merci à vous qui me faites confiance en venant ici jour après jour.
By the way... on a toujours mon son de cloche ici (bon ok c'est le principe d'un blog mais), celles qui ont vécu le challenge aussi, ça vous a fait quoi ?
Les morceaux de ville explorés maintes et maintes fois - en se promenant avec le chien, en allant chez la nounou, puis à l'école, chercher le pain, faire un tour quand on est en colère. Nos yeux reconnaissent chaque arbre, chaque porte, l'éclat exact des réverbères à la nuit tombée ; nos oreilles ne s'étonnent plus aux klaxons des bus ou des camions, elles savent qu'à 8 heure chaque matin de semaine la sonnerie du collège voisin va retentir et se réjouissent du rappel de la cloche de l'église. Nos pas savent par coeur où il faut s'arrêter avant de traverser telle rue, telle autre (chaque rue se traverse d'une manière particulière). Nos pieds connaissent les raignures de chaque trottoir, l'endroit où il devient pavé, l'endroit où une racine a poussé le bitume.
Ce quartier, c'est chez nous, c'est nous - jusqu'au jour où on déménage et alors, à peine les cartons posés dans un autre lieu, c'est l'exil. On a émigré, on n'appartient plus. Et parfois quand on revient en pélérinage, souvent au début puis de moins en moins, des souvenirs viennent nous picoter le coeur, C'était moi cela, je vivais ici, je faisais partie de cette vie-là qui aujourd'hui se déroule sans moi.
Le dégoût de ma voix, dégoût de l'odeur poisseuse du doudou avant que ma mère ne me l'arrache pour le laver, dégoût de l'amant dans lequel j'ai trop longtemps baigné avant que nous nous arrachions l'un à l'autre.
Le dégoût de mes mots - Maman raconte nous une histoire ! - Je n'ai plus d'histoire en moi. - Une histoire de quand tu avais 11 ans. - J'ai perdu mes souvenirs. - Alors moi je te raconte ! - Oh oui, toi, raconte !
Et la parole de l'autre libérée par mon silence, coule, douche-caresse.
Merci les histoires racontées par Chimene, celles des Dieux dont on parle moins, et par Alma, celles de mon enfance que ma mère lui a racontées !
Merci les personnages incarnés par Meg Wolitzer, Les intéressants (un chef d'œuvre, courrez l'acheter).
Merci mon creux qui se laisse emplir par ces merveilles.
Et j'écris quand même pour raconter cela...
(Le paradoxe c'est qu'alors même que je suis dégoûtée de m'entendre parler, je n'ai jamais eu autant d'idées pour écrire - en fait. On va bien voir ce que j'en fais, et comment elles vont naître ou pas, ces histoires qui poussent au portillon de mes doigts.)
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