La force des références communes l'ennui des vieux je me souviens de ma grand-mère qui me disait d'un air las y'a plus personne mais je suis là, moi ! je m'exclamais non je veux dire plus personne de ma génération, je n'ai plus une soeur plus une cousine plus une amie, ils sont tous morts (et c'est vrai elle a mis longtemps à partir, les autres, fatigués, malades, l'avaient précédée au ciel depuis des années quand son corps finalement a lâché).
Ma cousine et moi on s'a encore et on parle, on parle, quand on entre en dialogue c'est un délice je me sens côte à côte avec son âme je l'entends parler dans ses mails, je la vois écrire, jardiner, réfléchir alors qu'elle habite au Japon, je suis réchauffée par le brillant de ses yeux verts. Et nous nous référons à nos références communes, des évènements de notre enfance que tous nos cousins sans doute ont ressenti, mais dont nous nous parlions déjà enfants, amusées, choquées ou traumatisées, et qui nous marquent toujours aujourd'hui, influencent nos décisions, futiles ou cruciales.
Mais ce qui est marrant c'est qu'un évènement auquel nous réagissions, enfants, de la même manière... Adultes, les conséquences de cet évènements sur nos choix n'est plus du tout le même. Nos grand-parents nous donnaient pour le gouter du chocolat et des gâteaux premier prix (et dégueux) ; eux se gardaient le chocolat fin et les petites galettes mioum. Rapha et moi étions scandalisées.
Aujourd'hui, elle donne à ses enfants les mêmes gâteaux que pour elle. Moi, je continue à préférer manger d'autres gâteaux que ceux des enfants ; ceux que je leur donne ne sont pas moins bons, mais cela me plait de marquer une différence.
Oui, je me réjouis de pouvoir évoquer avec elle nos chemins qui ont divergé, à partir de nos étonnements, émerveillements, traumatismes communs. Je me réjouis aussi de me laisser influencer par elle, par sa sagesse et son immense délicatesse.
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