maviesansmoi

l'épine

"Tu me regretteras toute ta vie" lui avait lancé le garçon qu'elle n'avait pas choisi en tournant les talons.

Dix-huit ans ont passé après cette imprécation de fée Carabosse, elle a fini par se marier avec un homme qu'elle aime, ensemble ils ont eu trois belles petits filles ; pourtant, à ses moments de doute, et c'est une femme qui doute beaucoup, elle repense à ce jeune homme, à présent ce doit être un homme fait comme elle est une femme faite (mais est-on jamais "un homme fait" "une femme faite"? quelle expression idiote, qui veut pourtant dire quelque chose, qu'ils ont fait chacun des choix strucurants et qui les engagent) ; un homme fait donc, peut-être qu'il perd ses cheveux, qu'un coussin confortable est venu entourer sa ceinture abdominale ; mais dans son coeur il est resté le jeune homme de 23 ans qu'elle a aimé et perdu. 

Comment se libérer de la malédiction du beau Carabosse ? 

Un jour de balade dans les bois avec son amie d'enfance, elle lui confie cette histoire ; l'autre l'écoute attentivement, puis quand le récit est terminé elle s'écrie Nan mais ça va pas le mec, le pouvoir que tu lui laisses ! Allé ouste, sa prédiction tu la lui RENDS. 

Histoire à suivre, mes amis. Et lorsque l'on décide de sortir de soi une épine, quand on ose partager un fait douloureux avec une personne de confiance, le pus a une chance de se résorber et la plaie, de guérir. 

Je dédie ce billet à mon amie des bois, dont c'est l'anniversaire aujourd'hui ; et à mon amie des champs, en train d'accoucher d'une belle petite fille. 

la force des références communes

La force des références communes l'ennui des vieux je me souviens de ma grand-mère qui me disait d'un air las y'a plus personne mais je suis là, moi ! je m'exclamais non je veux dire plus personne de ma génération, je n'ai plus une soeur plus une cousine plus une amie, ils sont tous morts (et c'est vrai elle a mis longtemps à partir, les autres, fatigués, malades, l'avaient précédée au ciel depuis des années quand son corps finalement a lâché). 

Ma cousine et moi on s'a encore et on parle, on parle, quand on entre en dialogue c'est un délice je me sens côte à côte avec son âme je l'entends parler dans ses mails, je la vois écrire, jardiner, réfléchir alors qu'elle habite au Japon, je suis réchauffée par le brillant de ses yeux verts. Et nous nous référons à nos références communes, des évènements de notre enfance que tous nos cousins sans doute ont ressenti, mais dont nous nous parlions déjà enfants, amusées, choquées ou traumatisées, et qui nous marquent toujours aujourd'hui, influencent nos décisions, futiles ou cruciales. 

Mais ce qui est marrant c'est qu'un évènement auquel nous réagissions, enfants, de la même manière... Adultes, les conséquences de cet évènements sur nos choix n'est plus du tout le même. Nos grand-parents nous donnaient pour le gouter du chocolat et des gâteaux premier prix (et dégueux) ; eux se gardaient le chocolat fin et les petites galettes mioum. Rapha et moi étions scandalisées.

Aujourd'hui, elle donne à ses enfants les mêmes gâteaux que pour elle. Moi, je continue à préférer manger d'autres gâteaux que ceux des enfants ; ceux que je leur donne ne sont pas moins bons, mais cela me plait de marquer une différence. 

Oui, je me réjouis de pouvoir évoquer avec elle nos chemins qui ont divergé, à partir de nos étonnements, émerveillements, traumatismes communs. Je me réjouis aussi de me laisser influencer par elle, par sa sagesse et son immense délicatesse. 

Gabriel

 

"Je prie une heure par jour - sauf quand j'ai beaucoup de travail, dans ce cas-là, deux heures sont nécessaires." Saint Vincent de Paul

Hier j'avais prévu un artist date, parce que ces mini-aventures que j'essaie de rendre hebdomadaires font partie de mon hygiène de vie. J'ai commencé l'écriture d'un nouveau livre et ai d'autant plus besoin de me nourrir de nouvelles expériences (une de mes peurs avec ce livre qui vient, est qu'il soit une copie de son grand frère ; rien de pire qu'un travail qui tourne en rond sur lui-même). 

En fin d'après-midi, me voilà sur mon vélo, en route pour un dépôt vente du centre de Paris que m'avait recommandé une journaliste de Elle. En chemin, je résiste à m'arrêter devant une boulangerie (je la connais déjà) et deux très belles boutiques (je n'arriverai jamais au Dépôt vente). Arrivée à la petite rue qui correspond à l'adresse, je gare mon vélo tandis que mon oeil est attiré, en face, par la devanture d'un salon de coiffure en bois clair. La promesse est affichée à côté de la porte "Avec nos coupes Un homme brun vêtu de noir m'apostrophe depuis l'encadrement de la porte, et avec un léger accent il m'apostrophe "Vous venez vous faire coiffer les cheveux ?" "Non non, je viens regarder le dépôt vente à côté..."  

Le dépôt-vente était fermé (pas pour toujours, j'espère) ; j'avais décidé de m'offrir une petite coupe pour la rentrée et je me suis dit, "Pourquoi pas là ? le salon est beau et j'y suis... et ça me changera de me faire coiffer les cheveux par un homme."

L'homme brun m'a réaccueillie avec un sourire et m'a tendu la main, "Gabriel". Il m'a fait assoir devant le miroir, s'est installé derrière moi et a commencé à peser mes cheveux. "Un peu longs... non ?" Il m'a tendu une blouse, m'a aidée à l'enfiler, puis m'a invitée à m'installer à un siège de shampoing. Une fois mes cheveux mouillés, il les a massés vigoureusement avec une noix de shampoing ; au bout de quelques minutes, son massage devient caresse du bout des doigts. 

Comment réagir à quelque chose de très agréable qui n'a pas été invité ? Devrais-je lui dire "Arrêtez s'il vous plait" ? Je décide de profiter du cadeau de ces doigts précis sur mon crâne et ma nuque, ferme les yeux sous la caresse. 

Lorsque je reprends ma place sur le fauteuil pour coiffer, sa présence juste derrière moi me fait un peu drôle. On ne bavarde pas et je préfère, toute parole affaiblirait ce trouble qui m'agace et me comble. 

La coupe est terminée, un carré à peine dégradé. Il l'affine après le brushing, a l'air content du résultat - moi aussi. Des courtes mèches sont tombées dans le décolleté de ma robe ; il m'a aidée à les épousseter très délicatement, là je me suis tournée d'un quart de tour en pensant "Il est temps que j'y aille." 

Et Chimène a besoin d'une coupe de rentrée, elle aussi. 

merci la fatigue

Merci la fatigue qui met à terre mes barrières ; qui me force à avouer "ce que je veux le plus au monde, aujourd'hui, c'est vivre de mon travail" ; qui crie à travers moi "j'ai besoin d'aide !". 

Merci la fatigue qui m'ôte la force et me montre combien d'habitude je mens, combien je fais la fière, celle qui n'a besoin de personne. La fatigue m'explique combien j'ai tort de faire la pose. 

Merci la fragilité qui fait venir les larmes au moment le moins attendu, larmes fulgurances de moi vers l'autre. 

Fatigue, et larmes, et fragilité, me relient à mes frères de peine. 

qu'est-ce qui nous rend libre ?

formulé de manière moins glamour : qu'est-ce qui nous permet de sortir de la vasouille ? 

Je sais je sais j'ai écrit un texte il y a deux jours déjà sur ce sujet. La rentrée doit être pour moi propice à la vasouille. C'est LE moment de l'année où j'en ai le plus marre de travailler de la maison (à quoi bon rentrer si personne ne t'attend, à part ton banquier, que toi tu n'as pas spécialement envie de voir ?) A quoi bon être bronzé si y'a pas de collègues pour s'exclamer WAHOUH ! 

Oh mes chouchoutes je sais que vous m'attendiez, et puis il y avait le démarrage du challenge gratitude qui était un moteur pour rentrer et auquel, oui, vous pouvez toujours vous inscrire (jusqu'à vendredi, après les bases sont posées et c'est moins bien). 

Bref une chose qui m'aiderait à sortir de la vasouille, ce serait d'aller enfin la passer cette journée ou même un aprèm au coworking près de chez moi. Oui mes chouchoutes ça fait des années que je vous en parle, mais I'll be ready when I'll be ready comme dit ma mentore chérie (non, pas Julia, faut que vous trouviez) (enfin bon Julia aurait pu dire cela aussi). Je vais demander à une copine si elle veut bien venir avec moi pour la première fois... (Oui les premières fois font peur, on a le droit de demander à être soutenu !)

Une autre chose qui m'aide, bien sûr, c'est d'écrire. Là j'ai besoin de trouver du courage pour entrer dans mes obligations administratives, avancées qui m'enlèveront elles aussi un poids libératoire de la poitrine... Ben écrire icitte avant, et me promettre une petite récolte d'herbes du jardin après, ce sont des aides appréciables. 

Trouver un lieu dédié au travail.

Me mettre à écrire (vouer sa vie à l'écriture, est-ce une vie ? il y a des jours où je préfèrerais que ma vocation soit plus utile, plus passionnante, plus lucrative, plus extérieure. Et puis en fait, quand même, ça me passionne cette exploration intérieure, par la seule grâce des expériences et de l'intériorité et des mots).

L'action simple et gratifiante (même si difficile).

Et les coups d'éclat. Face aux rendez-vous sympas qui s'annulent (pas celui chez le banquier, rassurez-vous), je me suis dégoté une présentation stimulante demain matin devant 20 personnes. Hop hop, le DéBoTTé c'est ma spécialité. 

 

 

Mes chéries-chéris, je vole vers mes papiers, puis vers mes herbes folles, puis vers Power Point, et vous souhaite une journée rayonnante. 

lire sous les draps

Cela fait 16 ans que je partage mon lit avec un homme. Auparavant je dormais seule et pouvais allumer quand bon me chantait la lampe de chevet, pour lire, principalement. 

L'arrivée de Nicolas dans mes nuits m'a obligée à adapter cette manière de faire. La lumière, même tamisée, d'une lampe de chevet le réveille ou l'empêche carrément de dormir (moi ce sont les bruits qui me tiennent éveillée). Et comme quand je lis, je lis, j'ai posté sur mon chevet une lampe de poche de spéléo, ultra légère et ciblée, que je porte sur mon front chaque nuit où j'ai envie de lire. 

Cet été, j'ai eu la chance de trouver des romans épatants qui me plaisaient (Le Choeur des femmes... Le livre des secrets... Le héros discret... La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil... et à présent, Les intéressants) et j'ai lu presque chaque nuit. 

Sous les draps, à côté de mon Nicolas endormi, j'ai enduré les courbatures, les retournements à droite et à gauche, les petits yeux qui piquent, les projets du matin foutus en l'air, pour lire, lire, bouffer des histoires comme à la grande époque de mes 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 ans. Après ça s'est calmé, sauf certaines années dont je ne sais plus le millésime, juste les titres, Les vestiges du jour, L'oeuvre au noir, en 2007 peut-être ? 

Lire sous les draps, à la lampe de poche, sans limite d'heure... Toute mon enfance réinventée. 

un mois pour dire merci - le challenge gratitude commence ce matin !

 

Remercier pour toutes les bonnes choses de la vie - celles qui ont l'air heureuses au premier coup d'oeil et celles qui demandent à être apprivoisées.

Remercier pour ce que l'on n'a pas encore, comme si on l'avait déjà reçu.

Remercier pour se sentir plus heureux, plus vivant.

Remercier pour dire Encore ! 

... Tel est le projet de ce mois de MERCIS, avec le challenge gratitude qui commence ce matin. 

Vous trouverez tous les détails ici, et pouvez vous inscrire jusqu'à vendredi. Il suffit pour cela de m'en faire la demande par mail à maviesansmoi@gmail.com, et de régler 7 euros à l'ordre de Plume de vie, ma société. 

Vous pouvez aussi vous inscrire aux 7 challenges restant, et là cela coûte 40 euros. 

Gros baisers et merci pour votre visite, qui tire mon écriture et lui donne de l'élan. A Malakoff il pleut comme vache qui pisse sur mon jardin tout vert et touffu. Je me sens comme à l'intérieur d'une maison en bois au milieu de la jungle.

Happy birthday to my blog qui a aujourd'hui 11 ans 1/2, le grand chouchou. 

par où commencer ?

Nous voilà de retour.

La maison encore silencieuse. Chacun dans sa pièce-cocon. La retraite des vacances s'étire encore pour quelques heures. Peut-être que j'ai le droit de glander encore un peu, de ne pas plonger tout de suite dans le courrier à ouvrir et les plantes à tailler, et les machines à remplir des habits de l'été. 

Dormir. 
Ecrire. 
Boire un thé. 

Gratouiller mon chien qui me suit dans chacune des pièces. (L'écriture, le thé, mon chien - ils m'auront bien accompagnée dans cette vie !)

Ensuite, je prie pour que les priorités réclament leur place d'elles-mêmes. 

(Un petit tour sur le blog, tous vos messages en réponse à mes textes sans photo... MERCI pour vos présences parlantes ou silencieuses, merci pour votre fidélité malgré l'été, malgré le "pas d'images". Je vais me rattraper dans les jours qui viennent ! Gros baisers, et bonne rentrée à ceux qui rentrent mes chéries-chéris.) 

entrer, sortir des pages du matin

Chaque matin, et parfois au milieu de la nuit, je me rends sur la page. Le cahier des pages du matin et un stylo qui glisse sont à portée de main, préparés de la veille.

Toujours une image, un mot commande le démarrage, qui me vient des rêves ou d'un épisode de la veille. Ainsi va la première ligne. Mais passé le premier paragraphe.. Il m'arrive de peiner à poursuivre. J'ai l'impression de répéter sans arrêt les mêmes mots. De me dépêtrer dans les mêmes images. D'effleurer la surface, de ne parler que des choses insignifiantes par peur d'aborder ce qui compte pour moi - mes blessures. Mes zigs et mes zags. Les aspirations que je me cache à moi-même tellement j'ai peur qu'elles bouleversent ma vie.

Comme un enfant qui rechigne à entrer dans le bain, je rechigne à entrer dans le vif du sujet.

Et au bout de 2 pages 1/2, quand j'ai entrevu la situation problématique ou le petit bout du désir arrivé à ma conscience (exactement comme le pêcheur a fini par attraper le poisson du fond de la rivière)... Les trois pages sont atteintes.

Je n'en écris pas plus de trois car sinon toute la vie se passerait à écrire les pages du matin. Mais après avoir peiné à entrer dans l'eau des pages, j'en ressors à regret.

Mode d'emploi pour retrouver ses affaires avec Saint Antoine de Padoue

Dès l'arrivée à Belle-ile dans la petite maison prêtée par mon oncle, j'ai ôté pour dormir la bague en diamant que je tiens de ma grand-mère. Je la porte souvent, pas en remplacement mais à la place de ma propre bague de fiancée que j'ai perdue une nuit en la laissant sur ou autour de ma table de nuit... Après quelques mois sans m'inquiéter, je ne l'ai plus jamais retrouvée.

Le lendemain, je cherche la bague sur la tablette derrière le lit... Pas de bague. Je vide les trousses et pochettes où j'ai pu la laisser... Pas de bague.

Je cherche partout sous le lit, autour du lit, j'alerte Maman, les filles. Je suis très mortifiée à la perspective d'une deuxième bague en diamant perdue par moi sur une table de nuit.

Et comme ma grand-mère, celle de la bague, me l'a enseigné dans mon enfance, me mets à prier Saint Antoine de Padoue.

Mode d'emploi pour retrouver ses affaires avec Saint Antoine de Padoue

1. Vous perdez une affaire qui vous tient à coeur, comme une jolie bague ou les clés de la bagnole.

2. Priez Saint Antoine de Padoue pour lui demander son aide dans la recherche et le retrouvage de la chose. Faites-le avec intensité et concentration (que vous y croyiez ou pas). J'insiste : peu importe votre foi, en revanche mettez tout votre coeur dans la prière. Elle est traditionnellement formulée comme ceci : "Saint Antoine de Padoue, vous qui faites trouver tout, aidez-moi à retrouver ma bague."

3. Quand vous avez mis tout votre coeur dans la prière, mettez toute votre intelligence et votre énergie dans la recherche de l'objet. Dans quels endroits possibles avez-vous pu ranger la bague ? Où a-t-elle pu tomber ? Ne négligez aucune piste, fouillez, soulevez, investiguez dans les lieux improbables que sont les poches de tablier, les hauts d'étagères, les fonds de sacs.

Prévenez vos enfants, votre amoureux, votre mère, la maréchaussée, afin qu'ils cherchent avec vous.

4. Continuez à prier Saint Antoine. Et prier ne suffit pas.. A chaque passage devant une église, entrez et donnez une pièce au tronc de Saint Antoine. Toutes les églises ou presque ont une statue de Saint Antoine pourvu d'un tronc et parfois d'ex-votos, tellement le culte de ce saint est répandu. Donnez à Saint Antoine comme si vous aviez déjà retrouvé votre bague.

5. Continuez à chercher. Vous allez finir par retrouver votre bague.

C'est ce qui m'est arrivé au bout de 10 jours, de retour à Paris. En défaisant-refaisant mes bagages, j'ai complètement vidé un sac... La bague était au fond d'une poche dans laquelle j'avais déjà cherché, mais pas à fond.

Ouf.

Merci Saint Antoine.

Je suis tout à fait sérieuse dans mon culte et ma dévotion à Saint Antoine. Tout le monde se moque autour de moi, mais dès qu'ils perdent un truc je demande (après les avoir laissé chercher quelques minutes) "t'as prié Saint Antoine ?" Ils me regardent comme si j'étais simplette mais comme ils n'ont pas de meilleure idée, on prie...Et on se met à réfléchir et à chercher.. Et le plus souvent, l'objet est retrouvé dans les 5 minutes.

Drôle de phénomène.

Ouf.

Merci Saint Antoine.