Où ranger les graines de capucines que l'on trouve en soulevant les feuilles ?
Elles pourraient aussi bien rester dans les poches de nos manteaux. Ainsi, en passant devant un arbre esseulé ou un bout d'herbe en friche, on peut décider de balancer un de ces gros capres. Dans quelques semaines, si d'aventure on repasse par là, on aura peut-être la chance de voir des corolles oranges ou jaunes ou rouges se déployer le long d'un tronc.
On peut aussi garder les graines les plus dodues pour les rouler entre ses doigts dans les moments de désarroi.
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Les bourrasques de vent ont élagué les arbres, distribuant généreusement branches et pommes de pin. La glaneuse remplit son cabas bleu des cadeaux des arbres et du vent. Elle les ramasse pour allumer le poële.
Le vent, la glaneuse, le feu, distribuent et font usage de ce qui sans eux se désecherait sur place.
La glaneuse, nettoie avant le balais de l'éboueur.
L'impatience à partir, le soir. Rejoindre la promesse - les batons, mes graines.
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J'ai envie de tout emporter. Je me retiens - faut qu'il en reste pour les autres !
Mais qui, qui sinon moi, va ramasser ces graines ? Qui voit que faire avec les bouts de bois ?
Alors je me penche et je cueille. J'en laisse quelques unes, quelques uns pour les petits oiseaux.
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La honte empourpre mes joues quand un autre humain passe et me surprend à cueillir. Suis-je en train de voler quelque chose ? Suis-je une mendiante ?
Je ne vole rien. Je suis riche de cette abondance. Et mes joues empourprées, personne ne les remarque. Il fait nuit. Un crapaud croasse.
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Le chien s'impatiente quand je m'arrête près d'un buisson de capucines. Tu me lèses de promenade, jape-t-il. Mais non idiot, l'amour d'aller cueillir nous rallonge la balade.
Il tente aussi, deci delà, d'attraper un bout de bois qui dépase du sac.
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Mon cabas bleu rapidement se gonfle de ses batons, des courts, des longs, des maigres, des dodus. Des que le vent et la pluie ont dépouillé de leur écorce. Ceux qui sont verts de mousse, je les laisse à regret - ils enfumeraient toute la maison.
Je rentre à la maison avec une légère douleur aux muscle de l'avant bras - ça tire. Je déverse mon chargement de bois directement dans le grand bac de bois, juste à côté du poële - une caisse elle aussi trouvée en pleine rue, marquée FRAGILE dessus un jour où je me sentais fragile, et que j'ai portée à bout de bras jusqu'à la maison.
Le temps de sécher quelques heures dans la proximité du gros poele brûlant, et mes bâtons iront allumer un grand feu de chaleur et de joie.
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Les graines, on peut aussi les stocker dans une boite obscure et les mettre dans de toutes petites enveloppes pour les offrir aux amies - un désir de capucines est si vite arrivé !
vos mots me projette vers le flm d'Agnès Varda "les glaneurs et la glaneuse"
pleins de poesie et proche de la terre, et de l'absurdité du monde
Rédigé par : Pierre.levêque | vendredi 24 octobre 2014 à 17:51
beaucoup de poésie dans les images et les mots...j'aime,
merci et bon w end de vent joufflu
Rédigé par : sylvie kapal | vendredi 24 octobre 2014 à 18:32
Les glaneuses, c'est un film que j'ai très envie de voir !!
Bon week end à vous aussi chère Sylvie.
Rédigé par : Christie | vendredi 24 octobre 2014 à 19:04
Moi, moi, grâce à toi, je ramasse aussi ces graines... Et mes joues rosissent aussi un peu j'avoue...
Une fois, j'ai osé en demander quelques unes à une vieille dame de mon village, un peu gênée par mon culot : je suis repartie les mains chargées de boutures, quel cadeau ! J'étais heureuse, simplement ! Je m'en souviendrais longtemps..
Et je chéris mes petites pousses nées de ces graines que tu m'as postées.
Je t'embrasse bien fort Christie.
Rédigé par : cenina | samedi 25 octobre 2014 à 15:08
Et moi grâce à ton recadrage Celine je vais organiser une dingue fête d'anniversaire !
Rédigé par : Christie | samedi 25 octobre 2014 à 15:41
j'aime bien venir me chauffer à votre blog comme auprès d'un bon feu, lorsque je reviens de courir doucement ...tiens! je viens partager une tranche de brioche maison avec vous! belle fin de journéé!
Rédigé par : sylvie kapal | mercredi 29 octobre 2014 à 16:27