J'aime cette image du singe qui ne voit rien, n'entend rien, ne dit rien. Comme les voisins d'Auschwitz qui ne pouvaient concevoir ce qui se passait à 20 kilomètres de chez eux.
Mon prof de philo en Terminale, citait Sartre "Les salauds ce sont ceux qui savent et ne font rien."
Autant ne pas savoir ?
S'humaniser pourtant, c'est mettre de la conscience sur nos zones d'ombre, se rendre compte des jeux que nous jouons, des scénarios dans lesquels nous entrons, c'est accepter de parler avec le clochard en bas de chez nous pour comprendre sa vie, c'est peut-être aussi chercher à connaître mieux la vision du monde et la réalité de la personne que nous avons choisi d'aimer.
Mais, hou la la, que la réalité est parfois crue et douloureuse à regarder en face.
(Et que dire de ce qui chez moi est difficilement regardable même d'un point de vue amoureux... Rester rester dans le flou et l'impensé. Non. Avoir ce courage au contraire de regarder et de me laisser regarder.)
Julia Cameron dit qu'écrire ses pages du matin, c'est comme prendre le café avec son ombre. Inconfortable et salutaire.
Bonjour Christie! Cette idée de prendre le café avec son ombre me fait penser au très bon roman graphique 'Oui mais il ne bat que pour vous' d'Isabelle Pralong qui est basé sur le poème éponyme de Heiner Müller mais qui surtout pose tout son côté imaginaire sur le principe (bouddhiste?) qui dit que, pour se réaliser, il faut attraper son « singe intérieur » et pouvoir s’asseoir et boire le thé avec lui.
Rédigé par : Laurence_J | mardi 02 octobre 2012 à 08:11
Porter des oeillères est confortable, c'est sûr. Une expression en dit-elle pas "Heureux les Simples D'esprit, le royaume des Cieux leur Appartient" ?
On trouve un dilemme du genre de celui décrit dans ce texte agréable, entre "réalité crue" et "confort de l'impensé", dans le très bon film culte de science-fiction "Matrix" : Le personnage principal a le choix entre deux pilules, une qui le replongera dans la matrice, sorte de rêve aux apparences parfaites de réalité, et l'autre qui le mettra face à la vérité et ses horreurs. Comme il est le héros il choisit bien sûr d'être courageux et d'affronter la vérité, mais, plus loin dans l'intrigue, un autre personnage, un traître, choisit consciemment pour récompense de sa traîtrise de s'illusionner et de mener une vie de roi, mais fausse.
Pour ma part je préfère ne pas être une autruche et affronter la réalité en connaissance de cause...
Bonne soirée.
Rédigé par : Le Marginal Magnifique | mardi 02 octobre 2012 à 18:43
Comme j'aime cette expression, alors, je bois tous les matins le café avec mon ombre. J'aime aussi à penser que je balaie mon temple intérieur. En tous cas je pensais à toi, l'autre matin, car depuis que je les fais, ces pages du matin, (bientôt 2 ans) je n'ai plus besoin de prévoir de la lecture à chacun de mes trajets, ou pour meubler des temps d'attente. J'arrive à rester en tête à tête avec moi-même très facilement, alors qu'avant, je ne pouvais pas attendre une minute sans avoir à m'occuper l'esprit, ne fut-ce que par la lecture des horaires de tram.
Rédigé par : Catherine | mardi 02 octobre 2012 à 20:18