Quand les jours se font tièdes (passer la journée dans une robe de flanelle, la sueur qui peu à peu creuse son chemin dans mes sillons),
entasser dans des gros sacs mes pelisses et mes collants, mes gros pulls et les pantalons de velours
filer chez ma grand-mère finalement revenue de l'hopital frêle corps menu qui tient à peine assis sur son canapé vert
l'embrasser en faisant attention et charier mes trois sacs au grenier
je procède à l'échange
inégal, un sac d'affaires d'été contre trois sacs d'affaires d'hiver (Alma au passage récupère un jouet à musique de quand elle était petite, "Comment t'as osé le mettre là MAMAN ?")
les étoffes débordent ne me font pas envie leur légèreté pourtant, peut-être qu'une fois défroissées... on verra bien.
Je me souviens petite le rituel de la cantine bleue. Maman un soir décidait que c'était l'été et prenait toutes nos affaires d'hiver qu'elle pliait une à une dans la malle de fer bleue
finis les sous-pulls en nylon, les collants bleu marine à bouloches
fini le duffle coat couleur caramel, remisée ma jolie robe verte de rentrée ou ma rose à col claudine
une fois que tout était bien plié nous attrapions chacune une poignée de la malle elle penchait de mon côté et nous descendions dans la cave gris foncé éclairée seulement d'une ampoule nue à la minuterie trop brève et par le soupirail donnant sur notre jardin (quand l'un de nous était à la cave avec mon petit frère on jouait à s'appeler)
vite vite nous déposions notre lourd fardeau à la place de la malle d'été que nous remontions avec nous (je détestais rester dans cette cave)
sitôt remontés je me jetais sur les fermoirs de la cantine ils me résistaient toujours seule Maman savait l'ouvrir
et je retrouvais
joliment pliés
comme achetés la veille et pourtant polis savamment par les années
la grande jupe beige à pois blancs
le caracot turquoise avec la broderie autour du décolleté
le t-shirt rose avec un grand dessin de vélo, qui sur la plage me faisait la plus merveilleuse des robes.
Ah! Chez moi aussi, c'était une cantine bleue!
(Ici, il pleut, il pleut sans discontinuer, printemps mouillé qui ne donne pas envie de robes d'été. Il me tarde que le soleil revienne...)
Rédigé par : Lola | vendredi 20 mai 2011 à 19:22
Ah j'ai bien aimé ce texte (là aussi !), il m'a rappelé Proust (ce n'est pas pour flatter, c'est juste une association spontanée..)
C'est étrange, mon excellente mémoire a oublié le transfert de mes vêtements d'enfants mais pas du tout celui de ceux de mes enfants, tranches de vie et joie de retrouver des vêtements portés.
Les miens sont tous dans une grande armoire, j'ai dû détester les déménager aussi souvent, je ne fais plus voyager que les chaussures les plus usuelles du premier au rez-de-chaussée et c'est déjà un voyage!
Rédigé par : l(ady) Bernadette | vendredi 20 mai 2011 à 19:27
Dommage que ce texte ne fait pas sentir les sentiments, les peurs, la détestation,; par exemple : "je detestais rester dans la cave", ce commentaire devrait être inutile, cela ne permet pas au lecteur de s'identifier aux personnages
Rédigé par : Emmanuel | vendredi 20 mai 2011 à 19:31
Il me paraît intéressant de noter ici le grand écart des commentaires, entre l(ady) Bernadette et Emmanuel... Je me situe personnellement du côté de damoiselle Bernadette, rigolo, même association (faudra qu'on cause ;-)
Et puis, moi, j'adore les petites parenthèses de Christie. Et ce jeu d'identification à un personnage (oui, monsieur), une atmosphère, une petite madeleine. Miam.
Rédigé par : Miss Miette | vendredi 20 mai 2011 à 19:43
Je les sens, moi, les sentiments...
Grosses bises Ma Christie, une bonne idée cette cantine, ta maman devrait me donner quelques cours d'organisation ;)
Rédigé par : small head | samedi 21 mai 2011 à 09:21
J'adÔre ! Merci :)
Rédigé par : Mî | samedi 21 mai 2011 à 10:53
La malle, me rappelle mes vacances a l ile de ré et les camps de louvettes.
Rédigé par : Valentine | samedi 21 mai 2011 à 22:15
J'aime beaucoup tes textes,Christie. ils sont inspirants et me font redémarrer quand je suis sèche, comme maintenant. Si j'ai le courage après être restée 12h penchée sur mon ordinateur pour mes clients, j'écrirais bien quelque chose à propos de ce sujet inspirant et mélancolique. je suis fatiguée mais ça me donne envie de vite finir mon interminable travail pour écrire un peu pour MOI!
Rédigé par : caroleperle | dimanche 22 mai 2011 à 17:50
Ca y est! Ouai!
Rédigé par : caroleperle | lundi 23 mai 2011 à 07:29
; ) chouette chouette madame Carole !
Rédigé par : Christie | lundi 23 mai 2011 à 09:11