Je viens de faire mes adieux à "la p'tite dame en bas de chez moi", Le truc, boutique d'objets de seconde main où depuis cinq ans j'achète une fringue sur deux,
celle chez qui je fais un tour quand j'ai un coup de blues,
avant ou après un rendez-vous client pour puiser des forces,
celle à qui je dois mes salomé de grandes filles et ma robe en laine fétiche et ma jupe à la bordure de dentelle mauve et mon jean à poches sur le devant et mon corsaire adorable et deux futs Joseph le tshirt gris que je porte en ce moment et de beaux colliers et mon poncho rouge et pas mal d'autres fringues audacieuses que j'ai moins mises mais que j'aime quand même.
"Quand les gens n'achètent pas rue du commerce, ils n'achètent pas chez moi non plus", m'avait-elle dit tristement, un mois avant de m'annoncer sa décision de mettre la clé sous la porte.
Quoi avec tout ce que j'ai acheté ça n'a pas suffi ? Avec toute la pub que je vous ai faite ? Avec les amies que je vous ai amené ?
Parlons en des amies. Je ne vais pas en dire du mal car ce sont mes préférées que j'ai emmenés dans "ma" boutiques. Mais leur air déçu, un peu blasé, ou alors leurs questions, face à ces trésors, m'ont déçue. Normal en fait, elles ne pouvaient pas comme moi venir chaque semaine se rendre compte des nouveautés, elles n'avaient pas besoin comme moi du but de ballade à deux pas de la maison et du brin de jasette avec Corinne.
Voilà, j'ai essayé et ça n'a pas suffi. Le Truc ferme dans 15 jours et le plombier d'à côté annexera la boutique. Des tuyaux à la place des sacs et des colliers ; des inconnus à la place d'une fée. Une fée géniale dans le choix des objets et leur mise en scène, qui a commis l'erreur de vouloir reposer sur ses seules propres forces.
Où mes pas me mèneront-ils à présent ?
(En attendant Le Truc est encore ouvert et en plus c'est les soldes, -50 % sur les fringues et - 30 % sur les sacs, les bijoux, les ceintures... 5 rue Léon Lhermitte à Paris, dans le 15ème, juste en face d'une des sorties du Square Saint Lambert. Le seul truc c'est que le twinset Sandro à 22 € c'est moi qui l'ai acheté).
roh dommage pour cette dame
je peste contre les grandes chaines qui bouffent tout
j ai 2 boutiques tout près de chez moi multi marques dont une chez qui je vais depuis peut etre 20 ans elle a connu mes enfants et maintenant je lui parle de Louise
j aime ce lien tissé avec Odile chez qui je viens chercher un conseil
Christie en Sandro Mazette
Rédigé par : mariejo | jeudi 15 juillet 2010 à 20:55
C'est toujours triste une petite boutique qui ferme. On se dit qu'on n'y est pas allé suffisamment puis, on l'oublie... Ici, les tuyaux auront quand même du mal à effacer dentelles et bijoux.
Rédigé par : garance | vendredi 16 juillet 2010 à 08:39
je me dis que le quartier ne la méritait plus, qu'elle a raison d'aller se lancer ailleurs... et j'ai confiance aussi dans ma capacité à trouver de nouveaux lieux où m'approvisionner (comme toi Marijo je suis lasse des grandes chaines, je ne trouve rien !)
en fait j'ai pris goût aux marques quand j'ai commencé à bosser, une de mes collègues m'a montré mon premier magasin de dépôt vente, j'ai trouvé un pantalon Joseph à 200 ou 300 F et après j'ai eu du mal à retourner chez Zara.. je suis restée abonnée aux dépôts vente et à leurs objets "uniques" à prix Zara
Rédigé par : Christie | vendredi 16 juillet 2010 à 08:50
Auriez-vous l'œil humaniste comme un regard émotionnel sur le monde,
consciente de la valeur des attachements et du prix des déliements
inéluctables ?
Qu'est-ce que le commerce (de détail) ?
C'est une question qu'on ne se pose jamais, ou rarement.
Walter Benjamin a décrit le Paris de Baudelaire, ce Paris
dont nous avons tous la nostalgie sans même l'avoir connu
ou si peu.
Au cœur de ce Paris là, les Passages dont les derniers presque
en l'état sont visibles près de la place Royale si bellement
ornée par Daniel Buren.
Quand les commerçants de détails voient leurs modèles économiques
changer c'est que des évolutions profondes dans la société sont
à l'œuvre.
Quand les boutiques ferment plutôt qu'on n'en ouvre, outre la
nostalgie qui nous prend d'un lieu qui disparait où nous avions
nos habitudes, c'est aussi que l'époque change et on ne sait pas
quelle est la nature de ce changement.
Même positives les disparitions, mieux l'obsolescence, des modèles
économiques nous serrent un peu le cœur comme une sorte de "mort"
qui a lieu dans le voisinage.
Notre temps est bien un temps de transition et nous assistons ébahis,
mi-inquiets mi-excités, à ces bouleversements qui changent nos alentours.
Dans ces cas là, lorsque çà m'arrive, je lis un livre de Pierre Gascar.
En ce moment, c'est "La graine".
(Dans un de ces passages près de la place Royale, il y a un commerce dédié
aux boites à musique, un choix unique !)
Rédigé par : Egide | vendredi 16 juillet 2010 à 09:46
eh bien
moi qui vis là j'en saisis le prix du commerce de détail
dans ma rue ou dans mon ancienne ville je souffre de ces vitrines aveugles, fermées un jour et jamais rouvertes
et je savoure la discute avec les commerçants de ma rue
et j'essaie de leur rester fidèle... de les soutenir.. car je n'aime pas faire mes courses dans les trop grands hypers ni n'aime l'idée de ces acheteurs omnipotents, qui réduisent à merci des centaines ou des milliers d'industriels
non je n'aime pas ça
et j'aime la vie de quartier, soutenue en bonne partie par ces commerçants
j'aime aussi la presse indépendante
mais toute seule je n'y suffirai pas !
Rédigé par : Christie | vendredi 16 juillet 2010 à 09:56
P'tite loute
que c'est dur ce que tu traverses...
je les ai toujours géré "un pas après l'autre", en m'appuyant sur la seule chose qui me restait, mes qualités christiesques.
Quelle est ta force cachée à toi, tes ressources insoupçonnées qui vont se réveiller ?
Rédigé par : Christie | vendredi 16 juillet 2010 à 11:15
C'est important en effet d'aller chercher le soutien dont on a besoin (et d'ailleurs c'est le sujet de mon billet, ma cliente ferme boutique aussi parce qu'elle s'est isolée...)
tu as raison de ne pas renoncer à ta psy
mais ton mari, quelle est l'origine de ses résistances ?
j'imaginerais un tiers de confiance pour vous deux, qui pourrait en parler plus sereinement avec lui que toi ? et vous aider à vous comprendre sur ce terrain..
Rédigé par : Christie | vendredi 16 juillet 2010 à 11:28
Anne-So beaucoup de chamboulement décidément ces derniers temps
Ne lache pas tes séances de psy qui t aident C est un espace de paroles
c est in-dis-pen-sa-ble quand il y a du trop plein
cela aide à prendre du recul Pour ma part j ai fait cette démarche depuis le début de cette année C était vital pour ma santé mental et je n ai pas laché malgré les réticences du mari
Aujourd hui c est accepté ici
Ne t isole pas comme tu l exprimes très justement
je t embrasse très fort J aimerais t aider plus concrètement
Christie a raison Parler Echanger avec des amis proches de vous deux
Cela vous aidera
Rédigé par : mariejo | vendredi 16 juillet 2010 à 21:04
Cà alors, je passe au coin de la rue du Truc en vélo presque tous les jours, sans doute trop tôt pour que ce soit ouvert mais quand même. Cela tourne si vite dans le 15ème...
Rédigé par : Moineau16 | vendredi 23 juillet 2010 à 16:49