Je passe trop de temps dans la cuisine.
Maman détestait cuisiner, elle se sentait seule quand il lui fallait passer plus de 5 minutes debout devant un plan de travail. Moi, à l'inverse extrême, pendant mon temps libre et même pendant le temps de travail, vous avez une chance sur deux de me trouver en train de couper, touiller, et ouvrir le four bien sûr pour surveiller comment la quiche ou le cake évoluent. Ou alors, j'ai le nez dans l'un de mes 14 livres de cuisine en train de chercher une idée ou une précision (en ce moment, c'est celui de mon amie Victoire, admirable par ses explications précises sur le pourquoi du comment de chaque ingrédient (elle est biochimiste) et tendres (elle est maman de 4 bientôt 5), invitant en diable et ne coûtant QUE 9,90 euros).
J'aimerais jouer davantage avec mes filles. Mais elles ont appris à inventer des jeux sans moi, et les rares fois où on se lance dans un jeu de société (qui en général ne sont pas ma tasse de thé, moi aussi j'ai toujours préféré les jeux d'imagination qu'on invente soi-même, du style je transforme ma chambre en salle de classe ou en penthouse de Barbie ; ou encore, mon lit devient un camping car et on part en vacances), le jeu se termine par l'une des filles en pleurs car elle perd, et moi en cris car je n'ai qu'une envie, retourner couper mes légumes.
Drôle de mère, je fais.
J'aime quand Chimène vient faire ses devoirs sur la petite table rectangulaire, grosse planche de teck sur pieds en fer forgés, la seule qu'on a pu caser dans la cuisine. Je pousse un saladier, passe un coup d'éponge et écoute ma grande me lire les mots du jour, la leçon à apprendre, la poésie. En général, Alma joue pas loin, hier elle faisait rouler un train avec ses Petshops dessus.
Eplucher des carottes pleines de sable en faisant réciter la table de 4, sur fond de la petite voix d'Alma chat : mon idéal de mère.
[D'autres moments chouettes c'est souvent sur le Périph, quand on rentre chez nous vers le soir, que ça roule un peu, pas trop. On guette les lapins autour de la Porte Maillot, et les filles ont souvent envie de raconter, comment ça se passe à l'école, leur semaine de ski, elles m'interrogent aussi sur mes souvenirs de petite fille, qui reviennent, qui reviennent..
Ce quart d'heure de tendresse ne m'a pas empêchée de les priver de dessert quand elles se sont battues, en sortant de la voiture.]
[Un article d'Agnès Giard qui fait froid dans le dos. Le précédent n'était pas mal non plus.
J'aime ce blog qui me force à regarder en face l'ombre de mon sexe.]
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