Régulièrement, lorsque je tends ma carte de visite personnelle, celle où j'ai mis l'adresse de mon blog, ou bien lorsque je donne mon adresse mail "qui marche", c'est à dire celle liée au nom maviesansmoi, je dois affronter de la part de mon interlocuteur, surtout si c'est un homme, des yeux au ciel, voire un commentaire "c'est absurde, ce nom !"
Pas envie d'expliquer à ceux-là que l'effacement et l'absence au monde étaient des thèmes qui me hantaient plus fort que tout lorsque j'ai créé ce blog, dans un moment d'égarement, il y a bientôt 6 ans ; pas envie d'expliquer à ceux qui m'enjoignent de changer de nom, "Tu as changé, maintenant", que l'effacement était toujours au coeur de ma vie.
L'effacement - mes yeux qui se ferment au restaurant alors que l'ami en face de qui je suis assise me parle de ses derniers emballements. Ma voix qui reste sans voix devant un client au parti pris dangeureux pour le livre. La réclusion dans cet appart depuis 9 ans. L'incapacité à être "en charge" alors que j'ai vendu, signé, promis. Les enfants qui ne voient de moi, que mon dos. Et puis, ce métier que j'exerce ! où j'ai pourtant l'impression de prendre beaucoup de place. Mais mon nom derrière celui de l'autre, toujours.
C'est risqué de mettre une problèmatique aussi intime comme thème central de l'une de mes identités publiques : mais n'est-ce pas la promesse de ce blog ? Le dévoilement de l'effacement...
En 2010, cependant, je me demande d'accéder à la présence.
Moi je trouve que tu es déjà dans une présence.. Présence à toi même dans l'attention que tu portes à ce que tu ressens, à la manière que tu as de vivre la vie... ta présence à l'autre aussi dans toutes tes attentions de tous les jours pour ta famille, pour nous aussi...
Présente aussi dans un autre versant pour nous ici et ce même lorsque tu es absente, les mots restent......
Bon week end!!
Rédigé par : catherine | samedi 16 janvier 2010 à 15:57
Ma petite Catherine qui deviens grande.. je te fais un gros baiser. Comment vas-tu ?
Rédigé par : Christie | samedi 16 janvier 2010 à 16:08
Très fatiguée en ce moment... J'hiberne! :)
Vivement le printemps!
Rédigé par : catherine | samedi 16 janvier 2010 à 16:52
"Les enfants qui ne voient de moi, que mon dos."
C'est ce qui me soucie beaucoup en ce moment.
Moi, j'aime ce nom, ce titre, cet espace créé par vous. Maviesansmoi, c'est une promesse, le creux pour qu'advienne "ma vie". C'est une interrogation, aussi. Que serait-elle, ma vie sans moi?
(C'est une interprétation personnelle, hein, ne le prenez pas pour de la présomption: je ne tente pas de vous expliquer).
Rédigé par : Lola | samedi 16 janvier 2010 à 19:28
Je trouve ce nom de blog absolument très poétique mais je me souviens qu'un de mes premiers commentaires ici était justement une interrogation sur ce titre qui m'évoquait un film tellement poignant sur la future absence de la narratrice...
j'aime ce nom comme par exemple "De battre mon coeur s'est arrêté" ce sont des titres qui me stoppent d'émerveillement. Ce sentiment ne t'as pas encore quitté, peut-être qu'il est une part indéfectible de toi, cette distance avec le réel, cette "vie rêvée des anges" pour reprendre un titre qui m'a aussi beaucoup touché.
Mais un écrivain est hors du réel pour une grande part, non? c'est une sorte de vérité à laquelle tu te confrontes tous les jours, et qui te blesse un peu, mais c'est aussi ta particularité .. Ne ressemble à personne! Et ce blog ne ressemble à aucun autre! Courage petit tigre!
Rédigé par : planeth | samedi 16 janvier 2010 à 20:24
Hiberner aussi, c'est une manière d'effacement..
Rédigé par : Christie | samedi 16 janvier 2010 à 23:27
Je suis arrivée précisèment sur ton blog en cherchant des informations sur le film "ma vie sans moi", j'aimais le film, le titre. A l'époque j'ai compris ce titre par rapport au fait que tu étais enceinte ; quelles traces on va laisser quand on ne sera plus là, qu'est ce qu'on va léguer à ses enfants ?
Rédigé par : florence G. | dimanche 17 janvier 2010 à 10:12
Tu es tellement présente, et en même temps tu nous laisse prendre notre place dans ton blog, que le nom ne m'a jamais étonnée... au contraire, il m'a toujours fait penser à une sorte de promesse, un chemin, pour que ma vie soit de moins en moins sans moi... (et je peux te dire que grâce à toi, à ta présence, aux échanges ici, aux lectures que toi ou tes lectrices conseillent, j'en ai fait du chemin depuis que je viens!)... c'est peut-être surtout féminin comme problématique?
Anne-So, "sagittaire-buffle", c'est aussi assez peu réservé! J'aime ce que tu dis "je ne peux m'empêcher d'être dans l'élan".
Je ne trouve pas ça horrible du tout de la part d'une future mère d'avoir peur de la place que prendra le bébé... je dirais même, au contraire, que je trouve ça assez sain... ne te force pas à être fusionnelle si tu ne le sens pas, ton bébé profitera mieux de toi si tu es comme tu es... bon courage pour cette période de lâcher-prise, prends soin de toi!
Rédigé par : Titoune | dimanche 17 janvier 2010 à 19:19
ton nom c'est ta marque
c'est quand on ne veut pas traiter un sujet important
qu'on bidouille sa marque
c'est comme les entreprises qui changent leur logo
(dernier exemple Peugeot) c'est une façon d'esquiver et de ne rien changer du tout
tu n'a aucun motif pour changer de marque, tout ce que tu dis n'a aucun rapport avec ta marque, tu imagines les gens qui tendaient la carte de visite "Google", "Bibendum", "Goldman Sachs" "Toy's R' Us"...
Rédigé par : jp | dimanche 17 janvier 2010 à 19:35
je te sens de + en + loin de l'effacement et si tu changais une toute petite lettre "mavieetmoi" ?
bisous
@Anneso : je repense à nos anciens echanges tu avais deja cette peur la et finalement tu vois tu repars vers une nouvelle aventure maternelle (alors que moi je ne pourrais pas), ne culpabilise pas, tu SAIS faire....
Rédigé par : caro(roca) | dimanche 17 janvier 2010 à 19:43
Mais n'êtes vous pas entre biffures et biffages, dans la vérité du métier que vous exercez, la censure ?
Non pas celle qu'on nommait autrefois, Anastasie, la rétentionnaire des réalités qu'il ne vaut mieux pas diffuser.
Vous êtes celle du geste juste. Plutôt ordonnatrice des paroles pour des idées qu'on vous a demandées d'éclore, jardinière des feuilles, ces pages grisées dont il faut élaguer les lourdeurs ou faire exsuder des interlignes par des lectures patientes et des réécritures le sens encore à l'état d'intuition dont on ne voit que les traces dans ces mots sans l'ordre précis qui les justifieraient.
Vous enlevez pour faire ce que l'on vous demande : que ne demeure que l'expression essentielle. Plus que d'obscurcir, plus que de gommer vous êtes le recours d'une pensée, proprement au service de la pensée d'autrui.
Quoi de plus aristocratique que le service d'une cause, la plus haute, faire que se perpétue un discours en le fixant dans la forme qui sied à son entendement.
Ainsi, est-il non seulement juste mais nécessaire que vous vous effaciez. Pourtant, c'est aussi bien ce qu'il faut faire pour soi-même, je veux dire très exactement : céder réellement à son désir profond d'exprimer, en écrivant sa propre pensée, même la plus intime et celle-la que seul le texte littéraire permet d'exprimer.
Et bien, il faut, plus que jamais, vous effacer. Avec bien plus d'humilité, pourtant déjà importante que vous avez afin d'exercer pour autrui. Votre moi, ce self qui voudrait tant qu'on se mette à son service, il doit pâlir encore et s'estomper le temps que dure l'acte de penser. Car on écrit vraiment bien que ce que l'on pense vraiment au tréfonds de son être.
C'est là, aussi, la mesure du service auquel vous consentez pour que d'autres fassent œuvre écrite.
Ainsi, laissez-vous blêmir jusqu'à la couleur de l'aube, transparente, éthérée, débarrassée de ces flux amères de la conscience afin que toute votre intelligence ne soit pour que vous écriviez que de vous, par vous.
Seule à soi. Ainsi que l'avait affirmé Virginia Woolf.
Rédigé par : Egide | dimanche 17 janvier 2010 à 22:12
... flux amers ...
Rédigé par : Egide | dimanche 17 janvier 2010 à 22:14
Il est très beau ce nom, pourquoi en changer ?
(et ceux qui ne comprennent pas, tant pis pour eux).
Rédigé par : gilda | dimanche 17 janvier 2010 à 22:28
Un texte particulièrement poignant, et qui me touche au coeur. Merci Christie.
Rédigé par : Richard | dimanche 17 janvier 2010 à 23:49
Le dévoilement de l'effacement...oui, avec une grande honnêteté, une vraie cohérence, une forte attention aux autres, une belle profondeur. Alors même si ça en déconcerte quelques uns...
[accéder à la présence...présence à soi, aux autres, au monde, tout un programme...je le creuse celui-là aussi!]
Rédigé par : Snödroppe/Sophie | lundi 18 janvier 2010 à 08:36
Je vois que je ne suis pas la seule à le vivre, cet effacement.. de fait, Sophie, les personnes qui haussent les épaules ne lisent pas ce blog.
Quant à changer le nom, non, toujours pas. La preuve, une preuve, c'est le gâteau au chocolat qui a cramé pendant que j'étais en train d'écrire ici..
Oh la la c'est horrible, je découvre plein de vos messages dans la catégorie spam. Fait n'importe quoi typepad, en ce moment !
Rédigé par : Christie | lundi 18 janvier 2010 à 09:14
Depuis que je te lis, ta présence est si forte pour moi, c'est fou ce qu'elle m'a fait évoluer. Tes valeurs, tes conseils, tes lectures, ta voix...Tout ça, c'est peut-être pas ta vie, mais c'est toi !
Rédigé par : swahili | lundi 18 janvier 2010 à 11:13
De nouveau un post qui me touche particulièrement : là au ventre, ça serre… . Tellement que j’ai commencé par « m’en aller » (tout en étant physiquement présente devant mon ordi), pour m’enfouir très très loin en moi-même. Oui, je m’efface aussi ainsi. Je réapparais néanmoins pour laisser un petit mot. 2010 sera peut-être pour moi l’année du dévoilement via les commentaires … .
Moi j’ai l’impression que tu as déjà « accédé à la présence ». Présence à toi-même (il en faut pour écrire ainsi sur toi). Présence à ton entourage. Présence pour nous (quelquesjourssansChristie ce serait triste...). Mais si j’ai bien suivi, tu remarques souvent ce qui manque. Alors en 2010 je te souhaite de combler tes principaux manques (tu peux aussi en laisser pour 2011 des manques, pour continuer à avoir enVie…).
Rédigé par : Lou | lundi 18 janvier 2010 à 11:58
Pitié, Christie, ne réagis pas à ces yeux levés qui ne veulent pas comprendre. J'adore le nom de ton blog, nom dans lequel je reconnais ma vie à moi où j'ai bien souvent l'impression de ne plus m'appartenir.
@Anne-So : moi aussi, quand j'étais enceinte, j'éprouvais cette peur. Et ma psy m'a dit :" Les enfants prennent la place qu'on leur donne. Si vous leur donnez tout, ils prennent tout". J'avais donc raison d'avoir peur. Depuis que ma petite est née (elle a deux ans), je lui dis souvent, sans crainte d'être trop dure : "Tu n'es pas toute seule dans cette maison, à chacun sa place, à chacun son temps". Je pense qu'elle a compris qu'elle avait une maman qui veut continuer d'exister par elle-même (malgré la chaîne de l'amour maternel). Je dis pas que c'est facile...
Rédigé par : Natalie | lundi 18 janvier 2010 à 12:27
Aaaaah mais tu es revenue !! Tu sais, je crois que le manque est ce qui va structurer toute ma vie.
La présence. J'ai eu des réponses, depuis ce texte. D'abord ce gâteau au chocolat qui brûle. Puis hier, un comédien dans la rue qui fait la manche avec panache, pour pouvoir monter des projets. Son visage mobile - cette fameuse présence des acteurs. Je ne pouvais lui donner les 5 € qu'il me demandait, "un ticket restaurant, alors ?" "ben non, je ne suis pas salariée..." quelques pas plus tard, je tombe sur un talon de tickets restau. Je me baisse, le ramasse : 10 ou 15 tickets ! vite je les lui ai apportés. Mon second écot à la présence. J'adore quand la vie donne quand on demande. Allé, je vais jouer avec Alma !
Rédigé par : Christie | lundi 18 janvier 2010 à 12:56
C'est drôle ce que tu écris.
J'ai et ai toujours eu ce problème de vivre une "absente présence", de me sentir toujours légèrement en décalage par rapport à ma réalité.
Paradoxe... je suis également très expansive - armure, que tu es rassurante ! -, souvent rigolote, bavarde, entreprenante, pleine d'idées, et je montre une façade très convaincante. En entretien d'embauche par exemple, j'ai toujours fait bon effet, et je sais que je peux avoir l'air très "efficace" et fiable.
Et derrière, pfffft, comme toi, l'envie se délite, le courage se ramollit, j'ai du mal à faire face à ce que j'ai promis ou me suis fixé, mon "moi" si sûr et si rieur s'efface petit à petit et va se réfugier bien loin dans son cocon, pour ne laisser que la coquille en pignon sur la rue.
J'ai maintenant 43 ans, 4 enfants superbes, et pourtant l'impression de n'avoir encore jamais rien accompli vraiment, de ne pas avoir mis réellement mon empreinte autour de moi, d'être encore pleine de toutes ces promesses qui ne se réalisent jamais.
C'est vrai, ça me parle vraiment ce billet, et profond.
Rédigé par : Tinuviel | lundi 18 janvier 2010 à 14:47
Hou la la Anne-So, va falloir te calmer sur les coliques en effet ! J'ai toujours trouvé ça compliqué, de porter la responsabilité d'une vie.
Tinuviel, 4 enfants.. je t'envie ! et c'est vrai que ce ne sont pas les enfants qui donnent le sentiment d'avoir accompli quelque chose.
Rédigé par : Christie | lundi 18 janvier 2010 à 20:44
S'effacer derrière les enfants, le travail, la vie... oui, oui je vois bien. En même temps Christie tu es si présente dans ton effacement et cette présence renforce bon nombre de personnes, et ça c'est TA force magique !
J'ai beaucoup aimé le mot de Natalie "les enfants prennent la place qu'on leur donne"... ça marche aussi avec tout le reste, enfin je crois !
Rédigé par : philo | mardi 19 janvier 2010 à 11:16
Dis, tu ne t'effaces pas trop : on te retrouve bientôt ?...
Rédigé par : Anne-Liesse | mardi 19 janvier 2010 à 14:34
Philo ce n'est pas de cet effacement dont je parle.. Plutôt l'absence au monde qui fait que ma vie se déroule.. sans moi (sans que j'en sois actrice).. parfois.
Rédigé par : Christie | mardi 19 janvier 2010 à 16:43