Il s'est passé autre chose
Une tristesse m'est tombée dessus quand j'ai rencontré l'écrivain Christophe Claro.
Je n'ai jamais lu de livre de lui mais nous étions devenu amis sur Facebook, il s'exprimait beaucoup et j'avais envie de savoir ce qu'il avait à dire. Je n'ai pas été déçue, cet homme écrivait une ligne par minute, des phrases très mystérieuses et belles et poétiques, j'ai été perfusée pendant tout un mois aux mots d'un inconnu qui n'écrivait même pas pour moi, cela arrive. Et puis un jour plus rien, il avait arrêté d'écrire.
Un samedi mes pas m'avaient menée dans une librairie du 11ème, un endroit où je ne mets jamais les pieds et je suis passée par là et au nom de la librairie Pensées classées je suis entrée et j'ai sympathisé avec le libraire qui m'a dit "dans une semaine je reçois Christophe Claro" "Oooh c'est mon ami sur Facebook !" Alors venez !
Entre temps Claro avait arrêté d'écrire là où j'étais et j'ai éprouvé la morsure du manque de ses mots même pas pour moi et j'étais de nouveau dans le coin ce jeudi où avait lieu la rencontre, dans le coin alors il fallait que j'y aille pour comprendre ce qui s'était passé.
Rien m'a-t-il répondu. C'est l'été et j'ai besoin d'une pause. Je reviens en septembre.
Ah. Rien. Ce rien m'est tombé dessus comme une masse. Me dire ça à moi qui me mets la rate au court bouillon pour être ici tous les jours et pour ne pas défaillir, moi qui me l'exige et me l'extirpe et donne joyeusement ce que j'ai en abondance et m'attache à ce rendez-vous quotidien.
Alors il y a un homme capable de donner, non pas tous les jours mais toutes les minutes, et de se reprendre plouf, sans prévenir, sans d'autre explication que "c'est l'été" ?
Mes jambes, coupées. Et pourtant, il ne m'est rien. Dans une certaine mesure vous ne m'êtes rien non non plus, et je ne vous suis rien et je me suis sentie comme le petit prince avec sa rose quand il a appris qu'il y en avait des millions alors qu'il pensait la sienne unique.
.... Ce n'est pas vrai : nous nous sommes quelque chose, quoi, je ne sais pas le définir, nous nous accompagnons tous les jours depuis 5 ans. Tant de bébés sont nés depuis que j'ai créé ce blog qui sont à présent des petits enfants, Adèle Alma Diane Aurore Hugues Madeleine Nathan Martin Capucine Louise Blaise Blanche Apoline Jeanne Petronille Maxence Ulysse Ismaël Théodore Héloïse Anatole Maxime Marc Aimée la plupart marchent parlent crapahutent vont à l'école ! Comme tu l'écris Marijo, certains habitués sont partis, d'autres sont restés et ses taisent ou continuent à participer de loin en loin, de près en près, au gré des évènements de leur vie. Mais moi, moi, probablement ai-je eu besoin de me reprendre quelques jours pour apprivoiser un peu de cette tristesse qui m'est tombée dessus un jeudi soir de juin.
[Tristesse levée, vous allez vous moquer de moi, lorsque j'ai appris hier que Frédéric Mitterand, qui lui non plus ne m'est rien, a été nommé ministre de la Culture. Il ne m'est rien et depuis son livre la mauvaise vie.. je l'aime et l'estime dans mon coeur de lectrice. Savoir que lui, dans sa singularité et sa difficulté à être, est devenu ministre, après avoir animé une émission si belle sur France Culture puis la Villa Médicis.. Je me dis que tout est possible !
Je n'aurais jamais pensé que Nicolas Sarkozy réveille l'espoir dans mon coeur !]
Le H1n1 arrive dans les écoles du 15ème arrondissement à Paris. Ne pas céder à l'inquiètude, ne pas gronder les gens quand ils toussent dans le métro.. Et je suis contente que ce soit bientôt les vacances.
Finalement, juin n'a pas dissipé les doutes. Mais de plus en plus, ma vie vécue comme la quête d'un conte. Je poursuis les fils d'un nombre croissant de pelotes qui vont me mener à l'intérieur de je ne sais quels labyrinthes...
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