au moment de travailler ce recueil si simple à commencer (dans la conjonction des évènements qui m'y ont amenée) et si compliqué à terminer, j'ai choisi de me plonger dans le dernier recueil de l'une des nouvellistes les plus douées de notre époque : Alice Munro.
J'avais beaucoup aimé le premier recueil que j'avais lu... Celui-là, je l'adore. Alice Munro a le génie de dépeindre des femmes de notre époque à des épiphanies de leur vie. Elle décrit comme personne les mouvements du coeur, les revirements, les moments où ses héroïnes se sentent comme des rien du tout. Bref, l'identification marche à fond.. entre les héroïnes et moi. Parce que pour ce qui est de m'identifier à l'auteur c'est raté,. Je vois mon texte si peu précis à côté du sien ; et je me demande, "à quoi bon ?"
Et ce qui est rassurant c'est de savoir que les auteurs les plus géniaux, ont commis des oeuvres de jeunesses ; et ont nourri des complexes à l'égard de leurs prédécesseurs (Virginia Woolf se désespérait en lisant la Recherche, "jamais je n'arriverai à sa cheville" ; quant à Proust lui-même, sa lancinante question "vais-je y arriver" est l'un des fils rouges de sa recherche...). Complexes qui les ont torturé mais pas empêché ; ou pas complètement.
Ce qui me rassure aussi, c'est que mon texte n'est pas terminé. J'ai la possibilité d'y ajouter un peu du génie qui lui manque - même si je n'arrive encore à la cheville de personne.
Alice Munro ne s'est pas remise sur mon chemin pour rien. Du haut de son génie et de son expérience, du haut de sa compéhension des femmes qui essaient, je choisis de penser qu'elle m'encourage.
Je n'ai pas dit mon dernier mot.
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