... par le plomb des nuages
les egregors des âmes prématurément vieillies
le beige sali de la moquette
les ombres dans l'apartement
les pages et les pages qui sont de moi et pas de moi, au lieu de travailler à ce qui me tient à coeur
(ô la difficulté de se coltiner à sa propre montagne).
La nostalgie de novembre n'aura pas cours en moi cette année, qu'on se le dise !
La preuve pour fêter ça voilà trois bonnes nouvelles :
1. Jean-Pascal, mon prof de la Voie des contes donne une matinée gratuite de présentation tous les mois, la prochaine c'est le samedi 22 novembre, suffit de s'inscrire, moi j'y serai ;
2. Chine Lanzmann reprend ses networkings lunches, le prochain c'est le mardi 25 novembre, suffit de s'inscrire (paf 20 €), j'y serai aussi..
3. Marie et moi organisons une party pour fêter dignement la sortie de notre livre, le vendredi 21 novembre, si vous voulez venir envoyez-moi un mail !
Bah oui tout ça c'est à Paris... Faut bien que ça aie des avantages d'habiter Paris ! Et vous c'est quoi vos bonnes nouvelles ?
Joyeux après-midi mes tesoritos.
Et moi cette année chaque semaine je décide d'apprendre un très joli poême ou un texte fabuleux. Le relire chaque soir le respirer le réciter à Chimène et à Nicolas s'ils veulent bien. Le premier sera Jamais d'autre que toi, de Robert Desnos. Et vous vous apprendriez quoi ?
La moquette ça me fait rire je viens de décaper le tapis blanc qui ne l'était plus! C'est plus joli maintenant!
Bouh tout est à Paris! Vous voulez pas faire un train de France passer dans les villes où nous, nous sommes?!
Bon après midi!
Rédigé par : lapetitecatherine | jeudi 06 novembre 2008 à 15:34
La mer
C'est tout ce que nous aurions voulu faire et n'avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole et n'a pas trouvé les mots qu'il fallait,
Tout ce qui nous a quittés sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser par le fer sans jamais l'atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues parce qu'il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes par goût fondamental de l'éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.
(Jacques Supervielle)
Rédigé par : Lola | jeudi 06 novembre 2008 à 15:52
Le temps que je trouve mon poème et poste mon message, la mer est apparue sur mon écran...
Rédigé par : Lola | jeudi 06 novembre 2008 à 15:54
Merci Lola !
C'est mon prochain de la semaine prochaine...
Dans Magnus il y a deux très beaux poêmes de Supervielle... dont un qui s'appele Soleil..
Rédigé par : Christie | jeudi 06 novembre 2008 à 16:05
Voici un texte qui m'avait beaucoup touché il y a qq années et qui me revient régulièrement depuis
"Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym le propre la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop n que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non qui dit je vous attends
Les vieux ne rêvent plus leurs livres s'ensommeillent leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non et puis qui les attend
Les vieux ne meurent pas ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là le meilleur ou le pire le doux ou le sévère
Cela n'importe pas celui des deux gui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non qui leur dit je t'attends
Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend"
Jacques Brel, Seghers, coll. "Poésie et Chansons".
Rédigé par : lapetitecatherine | jeudi 06 novembre 2008 à 16:10
Encore frissonnant
Sous la peau des ténèbres
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qui me reste
De mes jours à venir.
Me voici tout entier,
Je vais vers la fenêtre.
Lumière de ce jour,
Je viens du fond des temps,
Respecte avec douceur
Mes minutes obscures,
Épargne encore un peu
Ce que j’ai de nocturne,
D’étoilé en dedans
Et de prêt à mourir
Sous le soleil montant
Qui ne sait que grandir.
Rédigé par : pat et supervielle aussi | jeudi 06 novembre 2008 à 16:12
j'adore le petit air d'Alma sur la photo ! pour le texte l'amoureuse de Paul Eluard qui me tient chaude depuis le collège. Je me suis d'ailleurs longtemps dis que je tomberai amoureuse du garçon qui me réciterait ce poème... bon finalement il chante De Palmas c'est bien aussi !
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
Rédigé par : alice | jeudi 06 novembre 2008 à 16:13
.... ton amoureux pourrait l'apprendre pour toi.. ou toi apprendre son poême préféré.. tiens ça me donne des idées, je vais enquêter du côté de mon amoureux..
Rédigé par : Christie | jeudi 06 novembre 2008 à 16:15
Pour moi ce serait Paul Eluard...
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Rédigé par : sylia | jeudi 06 novembre 2008 à 16:26
Oh cette indulgence.. qu'elle m'irait bien à moi aussi !
Rédigé par : Christie | jeudi 06 novembre 2008 à 16:29
Ce poème de Reiner Kunze
S’en tenir
à la terre
Ne pas jeter d’ombre
sur d’autres
Être dans l’ombre des autres
une clarté.
Et un autre
Meurs avant moi, juste un peu
avant
Afin que ce ne soit pas toi
qui aies à revenir seule
sur le chemin de la maison.
Et aussi
Avoir un coin de pays
et le monde
et jamais plus au mensonge ne devoir
baiser la bague.
Rédigé par : Marie-Pierre | jeudi 06 novembre 2008 à 17:45
Ooooh je me le garde celui sur la mort...
Rédigé par : Christie | jeudi 06 novembre 2008 à 17:48
J'apprendrais "Tu crois au marc de café" de Verlaine, je pense...
Mes bonnes nouvelles, je cherche... mais un peu un coup de mou ces jours, et du coup je regarde tout avec un oeil fatigué... impression que peu de choses sympa se passent, pourtant une fois que je fais la liste il y en a plein! Heureusement que je passe du temps avec du monde, quand je suis seule je bosse pas et je me fâche contre moi-même parce que je bosse pas...
Allez! au moins une bonne nouvelle que je veux partager avec tout le monde ce soir: le petit bonhomme que je garde maîtrise le quatre pattes depuis hier! Trop fier la baby sitter (même si j'y suis pour rien!)
Rédigé par : Titoune | jeudi 06 novembre 2008 à 21:02
Bonjour,
Dis, ça m'intéresse d'aller à la matinée sur les contes, mais je n'en ai pas trouvé mention sur le site. Peux-tu me transmettre plus d'infos ?
Quant aux textes, j'ai une envie de Prévert en ce moment...plus qu'à foncer ;-)
Rédigé par : Lise | vendredi 07 novembre 2008 à 07:19
Bonjour Christie, je relirais et réciterais encore un passage du "Petit Prince", celui de la conversation entre le Petit Prince et le Renard, qui résonne encore et toujours en moi:
Le renard se tut et regard longtemps le petit prince :
-S'il te plaìt... apprivoise-moi, dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps.
J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaìtre.
-On ne connaìt que les choses que l'on apprivoise, dit le renard.
Les hommes n'ont plus le temps de rien connaìtre.
Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands.
Mais comme il n'existe point de marchands d'amis,
les hommes n'ont plus d'amis.
Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
-Que faut-il faire? Dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard.
Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe.
Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien.
Le langage est source de malentendus.
Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard.
Si tu viens, pas exemple, à quatre heures de l'après-midi, dés trois heures je
commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux.
A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur!
Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur...
Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un rite? Dit le petit prince.
-C'est quelque chose de trop oublié, dit le renard.
C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures.
Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village.
Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne.
Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous,
et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ fut proche :
-Ah! Dit le renard... Je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! Dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Rédigé par : Anita | vendredi 07 novembre 2008 à 09:35
Pablo Neruda, à vie et quelques Khoans aussi...
No te quiero sino porque te quiero
y de quererte a no quererte llego
y de esperarte cuando no te espero
pasa mi corazón del frío al fuego.
Te quiero sólo porque a ti te quiero,
te odio sin fin, y odiándote te ruego,
y la medida de mi amor viajero
es no verte y amarte como un ciego.
Tal vez consumirá la luz de Enero,
su rayo cruel, mi corazón entero,
robándome la llave del sosiego.
En esta historia sólo yo me muero
y moriré de amor porque te quiero,
porque te quiero, amor, a sangre y fuego.
Rédigé par : louchouk | vendredi 07 novembre 2008 à 10:08
Ah ouiiii apprendre des textes en espagnol ! en plus j'adore Neruda
et en anglais aussi tant que j'y suis..
pour la voie des contes voilà les coordonnées de Jean-Pascal Debailleul: 25 rue Titon 75011 Paris - Tel: 01 40 09 21 11
Rédigé par : Christie | vendredi 07 novembre 2008 à 11:55
A ta liste de lectures, tu devrais ajouter Claude Roy.
En voici un, que l'on me récita un jour, de l'autre bout du monde, par la grâce des lignes téléphoniques.
L'Ecoute-Silence
Pour Suzanne Flon
Ecouter ce que dit le vent quand il ne dit plus rien
mais reprend souffle et se souvient
d'avoir été si haletant après sa course
sa course de vent qui court après le vent
Que dit le vent quand il se tait ?
Que dit le silence du vent ?
Ecouter ce que dit la pluie
quand un instant elle fait halte
et cesse l'espace de trois mesures
de tambouriner ses doigts d'eau
sur le toit et sur les carreaux
Que dit la pluie quand elle se tait ?
Que dit le silence de la pluie ?
Ecouter ce que dit la mésange nonnette
quand elle suspend ses roulades
et que son chant dans le matin clair
reste en filigrane dans l'air
Que dit l'oiseau quand il se tait ?
Que dit le silence de la mésange ?
Le silence dit que le silence
écoute couler la source du chant
Paris, 13 octobre 1983
A la lisière du temps
Rédigé par : Anne | vendredi 07 novembre 2008 à 13:40
La saltimbanque ! La saltimbanque
A pris l'express à neuf heures trente
A pris l'express de Paris-Nantes
Prends garde garde ô saltimbanque
Que le train partant ne te manque
(…)
Abstenez-vous, gens de Saumur,
de monter dans cette voiture.
(Les Pénitents en maillots roses)
Rédigé par : anna piot | dimanche 09 novembre 2008 à 20:09