au moment de travailler ce recueil si simple à commencer (dans la conjonction des évènements qui m'y ont amenée) et si compliqué à terminer, j'ai choisi de me plonger dans le dernier recueil de l'une des nouvellistes les plus douées de notre époque : Alice Munro.
J'avais beaucoup aimé le premier recueil que j'avais lu... Celui-là, je l'adore. Alice Munro a le génie de dépeindre des femmes de notre époque à des épiphanies de leur vie. Elle décrit comme personne les mouvements du coeur, les revirements, les moments où ses héroïnes se sentent comme des rien du tout. Bref, l'identification marche à fond.. entre les héroïnes et moi. Parce que pour ce qui est de m'identifier à l'auteur c'est raté,. Je vois mon texte si peu précis à côté du sien ; et je me demande, "à quoi bon ?"
Et ce qui est rassurant c'est de savoir que les auteurs les plus géniaux, ont commis des oeuvres de jeunesses ; et ont nourri des complexes à l'égard de leurs prédécesseurs (Virginia Woolf se désespérait en lisant la Recherche, "jamais je n'arriverai à sa cheville" ; quant à Proust lui-même, sa lancinante question "vais-je y arriver" est l'un des fils rouges de sa recherche...). Complexes qui les ont torturé mais pas empêché ; ou pas complètement.
Ce qui me rassure aussi, c'est que mon texte n'est pas terminé. J'ai la possibilité d'y ajouter un peu du génie qui lui manque - même si je n'arrive encore à la cheville de personne.
Alice Munro ne s'est pas remise sur mon chemin pour rien. Du haut de son génie et de son expérience, du haut de sa compéhension des femmes qui essaient, je choisis de penser qu'elle m'encourage.
Je n'ai pas dit mon dernier mot.
J'espère bien que tu n'as pas dit ton dernier mot !
Qu'elle est difficile à passer, cette étape du "A quoi bon ?"
Je n'ose plus rentrer dans une librairie, la somme des ouvrages déjà existants m'accable, et j'imagine tous ces auteurs me couver d'un regard emprunt de pitié, qui dirait "a quoi bon ? Commment ose-tu ?"
Mais quand j'écris... je pense à un peintre. Est-ce qu'il juge du résultat final dès les premières touches de peinture posées ?
C'est comme ça que j'y arrive en ce moment (pour combien de temps ?), en m'accordant cette liberté que nous avons de retravailler, de reprendre les mots, les idées, les phrases, pour les façonner à notre image.
Laisse donc là, sur le bord de la route, la cheville des autres. Continue !
Rédigé par : MarieMay | mercredi 12 novembre 2008 à 12:34
Oui continue... Si tu ne doutais pas un minimum de la valeur de ce que tu écris, c'est justement ce qui signifierait que tes nouvelles à toi ne sont pas à la hauteur..Tu le dis toi-même, tous les "grands" ont douté.
Tes textes, non encore remaniés, que j'ai pu lire ici, ont de la valeur. Tu as de la valeur.
bises.
Rédigé par : Cenina | mercredi 12 novembre 2008 à 12:55
Bonjour Christie,
je me permets une reflexion extremement naive et simpliste, mais avant d'arriver (ou de ne pas arriver) a la cheville de quelqu'un, il est bon d'avoir...une cheville...
Et vous l'avez.
Je vous envoie un bol de sourires !
Rédigé par : mycraftyways | mercredi 12 novembre 2008 à 13:51
oh ! bein te revoilà en bas de la montagne on dirait.
moi je pense souvent à Alexandre Dumas, la veille du jour où il a donné vie aux Trois Mousquetaires... ou au Comte de Monte Cristo. Quand ces chefs d'oeuvres n'existaient pas encore... qu'y avait-il d'autre en lui, que l'envie et le doute ?
allez, forza christie !
Rédigé par : leyla | mercredi 12 novembre 2008 à 14:00
Courage Christie!
Douter, remettre sur le métier... et avancer!
Rédigé par : Chrichrine (Titoune) | mercredi 12 novembre 2008 à 14:37
la question que je me pose c'est, que faire de ces doutes ? est qu'ils constituent un mal nécessaire ou est ce que ce sont des indicateurs qu'il faut encore chercher ? et chercher ça veut dire changer radicalement ou améliorer encore un peu ?
Rédigé par : alice | mercredi 12 novembre 2008 à 15:54
Oui, que faire de ces doutes ?...
Rédigé par : Christie | mercredi 12 novembre 2008 à 19:06
un joli gâteau
Rédigé par : marie | mercredi 12 novembre 2008 à 20:04
bonjour,
si tu aimes Alice Munro, je te conseille une autre femme écrivain canadienne merveilleuse: Carol Shields. Ses livres ou elle parle du quotidien, de toutes ces choses impossible à décrire mais que l'on vit tous tous les jours ont changé ma vie. En particulier "Bonté", son dernier livre avant qu'elle ne s'éteigne.
Rédigé par : sophie | jeudi 13 novembre 2008 à 03:23