J'ai rempli la voiture, je file récupérer les filles, on s'embarque toutes les trois direction l'A 13, le gros sac indien bourré de gâteaux, de biberons et de barbies à côté de moi sur la place du mort, la bouteille d'eau dans la portière, me faut de l'eau et de l'air, ma journée à courir de peur d'oublier quelque chose, et maintenant je prends la route, j'ai si peur que la maison ne tourne pas sans moi, mais c'est folie de s'embarquer seule à la nuit tombante, pas seule du tout d'ailleurs, les monstres réclament, une autre musique, un autre gâteau, les nuages roses dansent au dessus des bois (mon client vient d'arriver je reviens vers midi..)
Mantes la Jolie, les cheminées des usines se reflètent dans la Seine, et en face, les carrières de pierre
Je ne sais pas comment je fais pour passer les gâteaux, préparer les biberons, ramasser les tétines, tout en conduisant, parfois les filles s'endorment, au bout d'un moment Alma crie tellement que je m'arrête, retrouve l'objet incriminé, donne le biberon, on va s'acheter un paquet de chips, une salade, un yop, on change la cacouche, et zou, petite couverture sur mes loutes, je chante pour rester éveillée, grandes goulées d'air par une fente dans la fenêtre, tiens il faut faire de l'essence, je n'arrive jamais à ouvrir le bitonio, toujours je demande au mec de la voiture d'à côté, petit coup de fil à Nico pour faire le point, parfois même je me suis perdue, sur ce trajet que je fais depuis ma naissance ou presque..
Les enbranchement sont traitreux, Caen, Villedieu les poils (non les poêles) (cette fois c'est ma connection internet qui a buggé tout l'aprem), Truc sur Odon, j'en loupe une une fois sur deux (trop occupée à fabriquer un biberon ou à hurler Arrête de hurler !), ou je me plante de nom à la con, enfin la direction Saint Malo, enfin la route vers Dinard, rapide et dangereuse vers la mer, les radars, l'usine marémotrice, la jolie plage du prieuré, le clocher, le supermarché, le casino, le cinéma, la rue vers chez moi, tiens ce chantier a avancé, ma maison
Extirper mon corps courbattu de l'habitacle. Chercher les clés. Ouvrir la porte. A tatons, repérer le bouton pour remettre l'électricité. Ouf, tout s'allume. Sortir les sacs. En vitesse, monter dans les chambres, pousser à fond les radiateurs, préparer les lits des filles. Porter mes deux petits paquets qui ouvrent leur yeux On est à la maison...
Chimène demande une histoire, quand je la lui refuse elle se rendort tout de suite. Alma c'est plus long, elle finira la nuit sur mon ventre
Nous voilà arrivées.
c'est bon de te retrouver après ces petites absences, trop courtes pour s'habituer aux journées sans maviesansmoi et suffisement longues pour ressentir le manque.
Les trajets en voiture de nuit sont parmi mes meilleurs souvenirs d'enfance, la grosse couette rouge, les tours pour être à coté de la fenêtre, la cassette de france galle...
Rédigé par : alice | lundi 30 octobre 2006 à 10:06
tres touchant, ton blog, christie... Je trouve que tu nous fais part de petites inquiétudes tres intimes... j'ai du mal à m'exposer autant sur mon blog !!
Rédigé par : aymeric 2 | lundi 30 octobre 2006 à 11:57
traiteux quel joli mot
Rédigé par : sophie | lundi 30 octobre 2006 à 14:05
ah ben ça tout est traitreux chez moi, aujourd'hui !
Rédigé par : Christie | lundi 30 octobre 2006 à 16:21
oui oui c'est fou comme ce billet me parle , le barrage et ce f... radar qui m'a couté , un soir que je rentrais dans ma capitale ... bretonne ! et "les alizés " le cinéma de la grande plage, oui , et rouler de nuit comme j'aime , seule quand il ne peut venir, être "chargée de famille " comme j'aime , mére oui à plein temps integralement visceralement!
bonnes vacances dinardaises alors !
Rédigé par : eivlys | lundi 30 octobre 2006 à 20:27
ben, je suis revenue ! mais c'était génial !!
Rédigé par : Christie | lundi 30 octobre 2006 à 20:41
merci pour cette bolée d'air iodé...
Rédigé par : Elise | lundi 30 octobre 2006 à 21:11
J'avais l'impression d'être dans la voiture en lisant ton texte...
Mince, suis au boulot:-(
Rédigé par : Nathalie | mardi 31 octobre 2006 à 10:41
Christie,
lorsque l'on conduit, on évite de faire plusieurs choses à la fois... qq secondes d'inattention peuvent mener à la catastrophe. Bien sûr, nous avons tous vécu ce genre de situation mais sincèrement lorsque j'ai lu votre texte j'ai vraiment pris conscience des imprudences que nous commettons...
Rédigé par : martine krakowiak | mardi 31 octobre 2006 à 15:38
La route de ma maison. La route de mes vacances, le plus souvent. :)
N'oublie pas de "lacher" les loutes au Mont Saint Michel, au passage. C'est un site magnifique (mais la, il fait un peu trop frais et trop de vent, deja).
Rédigé par : Tippie | mardi 31 octobre 2006 à 20:40
ah ben ça, je rêve de les emmener, les filles... next time ! (c'est fou ce qu'on glande, pour le moment..)
Rédigé par : Christie | mardi 31 octobre 2006 à 20:45